Un héritage ancestral de grande richesse

La calligraphie coréenne

Par Driss Lyakoubi

Le visiteur de la Corée du Sud ne peut rester insensible à sa richesse culturelle et artistique. En effet, le pays du matin calme, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques avec le Maroc, recèle un trésor immatériel inépuisable.

A titre illustratif, la calligraphie coréenne, au-delà de sa dimension esthétique, elle constitue un marqueur identitaire. Importée par la Chine au IIe siècle, ce n’est qu’à partir du VIIe siècle que cet art de l’écriture évolue au rang d’art. La calligraphie coréenne a réussi à imposer son style, par la beauté des lignes et des formes et l’énergie qui se dégage des coups de pinceau et les nuances subtiles d’encre.

Procédant à une petite démonstration en faveur de journalistes et de correspondants de différents pays, Kim Ki-Dong, président de l’association nationale de la calligraphie coréenne a montré l’étalage de l’étendue de son inépuisable talent. Utilisant ce que l’on appelle les quatre trésors du lettré : le bâton d’encre, la pierre plate, le papier coréen et le pinceau,  sa démonstration débuta par l’apprentissage de la façon de tenir du pinceau, les traits incitatifs, la force de coup de pinceau, le chemin des traits. Le travail a été couronné par l’écriture de petits textes, fondamentalement poétiques.

Dans une déclaration au « Matin », le célèbre calligraphe coréen a révélé que dès le XVe siècle, à l’invention du « hangeul » par le Roi Sejong, la calligraphie s’adapte au nouveau mode d’écriture coréenne, qui jusque-là se faisait en hanja, les caractères chinois. Elle évolua progressivement à travers le hangeul, créant ainsi la calligraphie purement coréenne que l’on connaît aujourd’hui. « Notre objectif, précise-t-il, est de perpétuer cette tradition scripturale à travers l’organisation d’ateliers et de rencontres en faveur des générations montantes. » Un pari apparemment réussi, puisque le nombre des passionnés et apprenants de la calligraphie ne cesse de prendre de l’ampleur. A souligner, à cet égard, que Maître Kim Ki-Dong a écrit 26 livres consacrés à la calligraphie coréenne.

A travers les œuvres artistiques réalisées par ce grand maître de l’art de l’écriture coréenne, on constate que la maîtrise d’une technique de calligraphie demande un entraînement long et constant. Si cette pratique paraît simple à première vue, elle demande de la rigueur et une grande maîtrise de soi. La calligraphie requiert un savoir-faire, allant de la manière de tenir le pinceau au mouvement du corps lors de l’écriture. Le pinceau doit toujours être tenu à la perpendiculaire du papier, et le poignet n’effectue aucun mouvement, c’est le bras et l’épaule qui font le travail. Chaque espace est équilibré et les traits sont peints dans une grande simplicité. A travers l’encre et le pinceau, on apprécie l’harmonie du vide et du plein. N’a-t-on pas dit que « Ce qui fait la beauté d’un mot, c’est son sens et sa calligraphie ».

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