Un ouvrage plein d’enseignements

Peinture du 19e siècle à 1945), portant la trace indélébile des épreuves du passé.

Voici un livre plein de verve et d’enseignements, écrit par un homme de goût, mémorialiste mordant, qui sait conter l’essentiel propre à éclairer la psychologie des êtres ou à fournir la leçon des événements

En 200 pages, Afif Bennani évoque un grand nombre de peintres  d’hier et d’aujourd’hui sur lesquels il fait passer l’éclair de son génie synthétique. Il  guide aussi son lecteur dans les différents courants d’expression artistique : impressionnisme, expressionnisme, fauvisme, cubisme, futurisme, abstraction, dadaïsme, surréalisme. Il a placé certains peintres au-dessus de la mêlée, inclassables tant leurs œuvres firent école : Vincent Van Gogh,  Paul Gauguin, Toulouse Lautrec entre autres artistes entre 1880 et 1901.

Mais ce livre est la réflexion d’un érudit, d’un homme  attentif, avide d’apprendre, qui fait le point de ses connaissances. Le message que l’écrivain et l’artiste veulent faire «passer» à ceux qui s’intéressent de près ou de loin à la peinture», et ce que  chaque artiste cité possède éminemment : la sincérité artistique.

«A la dignité de notre attitude se mesure notre sincérité», écrivait Joseph Billet en 1917.

Pour l’artiste, être sincère c’est remplir toutes les conditions de sa technique. Etre soi-même sans fond et sans rôle d’emprunt. La sincérité d’un artiste, c’est son style, qui différencie les écoles et les chapelles.

A notre époque, qui présente une crise de civilisation, l’Art pour Afif Bennani reflète ses doutes avec ses répercussions sensibles qui sont l’angoisse, le désespoir, la négation.

En publiant  ce livre : «Fannou Tachkil Mina El 9arne 19 ila 1945», il forme l’espoir qu’en ne perdant pas de vue ces maîtres déférents, qu’en étant sincères, les artistes sauront créer un engouement pour la beauté, donner une flamme d’espoir à ceux qui dérivent, rendre l’avenir moins décadent, moins négatif.

Mais avec sa grande lucidité,  Bennani  comprend que la vie a un sens. Il collabore à une entreprise fantastique, qui est l’être, et que l’artiste a un rôle de pointe à jouer, lui plus qu’aucun autre. Afif Bennani a une raison pour lui de vivre et de partager, d’enseigner et de conduire.

Et puis ce livre a une autre dimension pour ce «Prince des Kasbah», peintre  de l’espace et de l’ombre, du monde d’un univers magique dont il connait  seul le secret. Sincère, il a refusé de s’aligner aux tendances inertes et sans significations. Il reste hanté et obsédé par les questions du présent qui sont toutes des questions de la jonction du passé et de l’avenir.

En choisissant la langue arabe pour s’exprimer sur ce sujet crucial du travail et de la sincérité, Afif Bennani  fait œuvre de militant de la pensée marocaine qui s’élève ici à l’universel. Il sait que le Maroc n’est pas une tour d’ivoire  et le monde l’interpelle. Il choisit la langue qui pourra transmettre son histoire et sa tradition pour la satisfaction de tous. C’est ce qu’a fait magistralement Afif Bennani.  Simple et précis, son ouvrage  «Fannou  tachkil  Minna  el 9arne 19 ila 1945» est à  conseiller à ceux qui s’intéressent au présent et au devenir de la peinture.

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