Un «Pacte mondial d’avenir»

Clôture de la Conférence de Marrakech sur la migration

Après Marrakech, les regards des participants à la conférence intergouvernementale pour l’adoption du Pacte mondial sur les migrations sont désormais tournés vers l’avenir. Activistes des droits de l’Homme, délégués des Etats membres… devront se pencher sur l’implémentation du Pacte, condition ultime pour sa réussite, ont déclaré Nasser Bourita, président de la Conférence, et Louise Arbour, représentante du SG de l’ONU sur la migration, dans leurs allocutions de clôture, mardi dernier. Dans cette optique, le président de la conférence, en tant que ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Maroc, a annoncé que le Maroc était prêt à mettre en œuvre les mesures dudit Pacte.

Mardi soir, la conférence intergouvernementale de l’ONU, qui a vu l’adoption formelle du «Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières» s’est clôturée, dans la ville ocre, mettant ainsi fin à la Semaine de la migration ayant débuté le 5 décembre, avec au compteur une centaine d’évènements autour de la question.

Revenant sur le bilan des deux jours de travaux, Nasser Bourita a estimé qu’à travers cette conférence, « les Etats ont démontré que la migration rassemble plus qu’elle ne divise ». En adoptant le Pacte sur la migration, a-t-il déclaré, un pas décisif a été franchi vers l’amélioration des conditions de 250 millions de migrants dans le monde.

«Nous avons concilié les intérêts des Etats avec les droits humains des migrants. Le Pacte de Marrakech est un aiguilleur pour les Etats, une plateforme pour la coopération internationale des Etats. Il est l’exemple d’une approche inclusive où chacun joue sa partition», a-t-il souligné. Si le Pacte vise à faire de la migration un choix et non une nécessité, selon le président de la conférence, il n’est pas encore temps de célébrer sa réussite, puisqu’«il demeure pour l’heure une promesse que le monde jugera», faisant référence au discours royal prononcé à l’occasion de la conférence.

Le Pacte devra ainsi relever 3 défis pour les prochaines années, selon Bourita, notamment celui de l’universalité en se donnant les moyens pour convaincre ceux qui y sont opposés. Il devra également affronter le challenge de la mise en œuvre, qui dépendra de l’appropriation par les Etats des dispositions du Pacte. En tant que nouveau cadre en matière de migration, il devra tout autant permettre une meilleure connaissance de la question migratoire, pour opposer des faits aux supputations et stéréotypes sur la migration.

«Si dans 5 ans, le débat sur la migration n’est pas pris en otage dans des logiques politiciennes, par rapport à des échéances électorales, je pense que la conférence de Marrakech et le Pacte auront apporté une contribution utile», a souligné Bourita.

Mise en œuvre du Pacte: le Maroc se dit prêt

En tant que pays hôte de la Conférence intergouvernementale sur la migration, le Maroc est prêt à mettre en œuvre les dispositions du Pacte, a déclaré Nasser Bourita.

«Le Maroc est fier d’avoir accueilli ce pacte, parce qu’il s’y retrouve pleinement. Ce texte converge avec la vision portée par le Roi Mohammed VI», a-t-il déclaré.

Selon le ministre, le Maroc a déjà pris dans ce sens de nombreuses mesures concrètes, notamment la création de l’observatoire africain pour les migrations.

En outre, le ministère délégué des MRE et des affaires de la migration a élaboré une feuille de route des actions à mener par le Royaume, en droite ligne avec les 23 objectifs du Pacte. «Nous sommes confiants quant à la mise en œuvre du pacte, surtout qu’il est en phase avec la politique nationale du Maroc sur la question», a t’il déclaré, tout en ajoutant que : «plusieurs idées du Maroc ont été intégrées dans ledit pacte».

Le Pacte dans 5 ans: quelles mesures d’évaluation?

Adopté formellement à Marrakech, le pacte devra être évalué pour mesurer sa réussite, a expliqué Louise Arbour. «Dans le pacte, il y a des ententes entre les pays pour les mesures d’évaluation».

Les Etats se sont entendus pour une révision périodique de leurs efforts, des efforts au niveau régional et international», a déclaré la représentante du SG de l’ONU.

En outre, le pacte invite les Etats à participer à des mesures d’évaluation nationales. Sans oublier qu’«au niveau national, régional, international, étant donné les nombreuses attentes des médias, de la société civile, du monde des affaires, il y’aura sans nul doute un intérêt pour vérifier la mise en œuvre des différentes initiatives», a t’elle souligné.

En quête d’un dialogue avec les pays opposés au Pacte

Bien qu’ayant été adopté formellement à Marrakech par plus de 150 pays, le Pacte mondial qui sera adopté officiellement le 19 décembre lors de l’Assemblée générale de l’ONU à New-York, devra encore convaincre, notamment les Etats qui y sont opposés. «Pour ceux qui sont encore sceptiques vis-à-vis de ce pacte, je vous exhorte à le lire très attentivement et bien sûr, de vous en faire votre propre opinion. Prenez également le temps d’écouter le discours du secrétaire général de l’ONU qui a dissipé les mythes sur ce pacte. Ce texte n’est pas un traité; il n’impose aucune signature, obligations…», a déclaré Louise Arbour, dans son allocution de clôture.

«Les pays qui ne sont pas là aujourd’hui ne sont pas nos adversaires», a-t-elle déclaré, ajoutant que ceux qui ne s’alignent pas forcément derrière le pacte, auront toutefois la possibilité de participer à la mise en œuvre de certains de ses aspects du Pacte. L’objectif étant de faire du pacte un accord qui attire tous les Etats.

DNES à Marrakech – Danielle Engolo

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