Un risque de surinvestissement pour l’ONCF ?

L’ONCF a gagné une nouvelle fois la confiance de la BAD. En effet, le modèle commercial et industriel, développé par l’ONCF paraît attractif avec un positionnement en tant que leader national de la mobilité durable au service des politiques publiques. Toutefois, au niveau financier, un risque de surinvestissement paraît significatif.

En effet, la Banque africaine de développement (BAD) vient d’approuver un prêt de 112,3 millions de dollars en faveur du Maroc afin de renforcer les infrastructures ferroviaires sur l’axe Tanger–Casablanca–Marrakech. « La qualité du transport ferroviaire est un élément d’attractivité pour les acteurs économiques. La promotion du rail correspond à la volonté de la Banque d’investir dans des modes de transport à la fois efficaces et durables, peu émetteurs de CO2 » a souligné Amadou Oumarou, directeur du Département des Transports et des TIC à la BAD.

Ces fonds serviront à doubler la voie ferrée qui relie la ville de Settat à celle de Marrakech. En effet, le doublement de ce tronçon de 142km devrait générer des gains de temps et permettre l’accroissement du trafic de voyageurs et de fret entre Casablanca et Marrakech.  Le volume annuel de voyageurs pourrait, ainsi, passer de 4,5 millions actuellement à plus de 7,4 millions en 2020, année prévue pour l’achèvement des travaux. Rappelons qu’en 2010, un prêt de 396 millions de dollars EU avaient était accordé par la BAD pour moderniser d’autres tronçons de l’axe Tanger – Casablanca – Marrakech, un projet actuellement en cours d’achèvement.

Il est à signaler que l’ONCF doit investir près de 24 milliards de DH sur la période 2015-2017, dont 11,2 milliards de DH pour le TGV. Aussi, outre le TGV, l’ONCF compte entre autres poursuivre les travaux de réalisation des projets d’augmentation de la capacité de la ligne ferroviaire Casablanca – Kénitra (Triplement de la voie) et la poursuite de la deuxième phase du projet de doublement complet de ligne ferroviaire Settat-Marrakech, dont la première phase est achevée. De même, les projets de grandes gares devraient mobiliser 1,5 milliards de DH avec des projets touristiques pour 500 millions de DH.

Evidemment, ce volume d’investissement répond à l’augmentation rapide de la demande de transport au cours des dernières années. Toutefois, au niveau financier, un risque de surinvestissement paraît significatif surtout que l’endettement est appelé à croître. En effet, la dette nette de l’ONCF a dépassé au 30 juin 2015, le seuil de 24milliards de DH soit un niveau de 110% des fonds propres. Aussi, l’ONCF détient dans son actif un crédit de TVA de 3,8 milliards de DH difficilement récupérable. Une telle dette est plutôt insoutenable, l’ONCF devant être certainement recapitalisée ou recourir au partenariat public-privé (PPP) en vue de refinancer certains investissements plutôt que multiplier les prêts.

Kaoutar Khennach

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