Une artiste au service de la chanson amazighe

Mtougui et d’autres. Mais Fatima Tihihit, la jeune, comme l’appellent les connaisseurs, arrivée avec les vagues des années 70 et 80 a pu donner un air de jouvence à la chanson amazighe tout comme les formations qui ont évolué dans le sillage de Nass El Ghiwane comme Izenzaren et Ammouri Mbarek par la suite.
Pourtant, les choses n’ont pas été de tout repos pour cette artiste issue d’un milieu conservateur. Contre vents et marées, elle a réussi à s’imposer en tant que chanteuse incontournable de la chanson amazighe. Son succès ne s’est pas limité au Maroc, mais il a dépassé les frontières pour toucher de nombreux pays européens où s’est installée une forte communauté marocaine d’origine berbère.
A l’époque où les cassettes audio faisaient fureur, les maisons d’enregistrement ne juraient que par elle, car avec Fatima le succès est assuré et les ventes aussi.
Mais c’est grâce à Rais Demsiri que Fatima Tihihit a intégré le domaine du chant après l’échec d’une expérience conjugale. Après la mort de son premier mari qui était beaucoup plus âgé et pour subvenir à ses besoins, elle a dû travailler comme bonne dans quelques ménages, avant de rencontrer Rais Demsiri et de travailler avec lui après son retour au Maroc et le départ de la première Fatima Tihihit.
C’était lors d’une soirée qu’elle a dû affronter le public et le trac lorsqu’on lui a proposé de chanter en tant que Raissa. C’était le grand succès. Après cette expérience avec Demsiri, elle a constitué son propre groupe qui allait devenir le numéro un au niveau de la chanson amazighe. Le succès était tel que les invitations fusaient de partout, du Maroc comme de l’étranger. En France notamment, elle a réussi à faire connaître ce genre de musique, de le faire aimer et de lui donner de la notoriété. Au Maroc, l’on se souvient de sa prestation dans les soirées télévisées et les tournées artistiques.
Fatima Tihihit a également été sollicitée par des réalisateurs, notamment Farida Bourkia. Et on l’a découverte comme actrice qui sait interpréter son rôle avec simplicité, ce qui a permis au public de découvrir une autre facette de son talent.

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Ouzzin Aherdan
Une peinture combattante

L’artiste peintre Ouzzin Aherdan, s’est imposée sur la scène des arts plastiques au Maroc en tant qu’artiste qui force l’admiration et le respect  par sa capacité de donner à ses œuvres une dimension authentiquement  culturelle.
Inutile de le rappeler, Ouzzin peut se targuer d’être un peintre qui a su assurer la continuité de l’œuvre de son père Mahjoubi. Cet homme multidimensionnel qui a puisé dans le patrimoine culturel amazigh, suffisamment de signes et de symboles qui en disent long sur l’extrême richesse et de la grande sensibilité de se patrimoine.
Ceux qui ont eu l’occasion d’approcher ses toiles, savent en tous cas que chez lui, la peinture n’est pas une fin, mais juste un moyen. Une manière, de mieux refléter la profondeur de cette culture amazighe dont il est l’un des représentants, l’un des fervents militants.
Toucher au monde des arts plastiques, est dans sa démarche, un moyen de transformer l’image figée que d’aucuns se font de cette culture. Un grand savoir-faire qui a toujours permis à Ouzzin Aherdan de transmettre des messages d’amitié et d’administrer la preuve de la grande authenticité de cette culture. Ses œuvres sont une succession d’images, d’objets et de motifs qui expriment une vision picturale fondée sur la force des couleurs, leur vivacité, et leur originalité.
Chaque fois, qu’on se rend à l’une de ses expositions, on est toujours frappé par sa fécondité, la diversité de ses travaux, et cette capacité jamais démentie d’aller au fond des choses.
Et puisque la légende veut que le terme «Amazigh» signifie tout simplement «homme libre», il faut bien avouer qu’Ouzzin Aherdan use de cette liberté sans jamais en abuser. Sans jamais se départir de l’objectif qu’il s’est fait de l’art plastique.
Pour lui, on n’est ni plus, ni moins qu’un dosage dynamique de la dimension artistique et culturelle. Une manière de revaloriser une culture  qu’on a tendance à reléguer au second plan.
Une façon de rappeler que l’art amazigh existe et qu’il est un élément incontournable à même de mieux contribuer à enrichir notre identité multiculturelle.  
En tant qu’intellectuel trop versé dans la recherche de la civilisation berbère. Un champ d’exploration qu’il n’a cessé de sillonner à travers des travaux qu’il a su mener avec une érudite qui en dit long sur sa vaste culture et sur une civilisation dont il est fier d’appartenir.
Un thème qui lui tient particulièrement au cœur. L’art amazigh dans toute sa profondeur et sa grandeur. L’artiste peintre Ouzzin Aherdan expose une série de ses nouvelles toiles du 19 an 27 décembre prochain au hall du théâtre national Mohammed V de Rabat.

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