Une Botola nationale trébuchante!

Le Fath de Rabat vient de décrocher, pour la première fois, dans son histoire de plus de sept décennies, le sacre national. Une consécration méritée qui couronne un travail laborieux de toutes les constituantes du club de la capitale. On ne peut alors que féliciter cette formation cohérente et coriace, autour d’un coach assidu et motivant.

Cependant, disons–le franchement, dans quelles conditions s’est déroulée cette confrontation, qu’on appelle communément la Botola pro? Certes, l’arrivée d’Hervé Renard, à la tête de la sélection nationale, a quelque peu insufflé un certain sursaut de fierté chez le peuple marocain, longtemps piétiné par des déceptions répétitives. Cette éclaircie, quoique tardive, ne saurait non plus, outrepasser la piètre contribution du produit marocain en championnat à la composition du team national. La quasi-totalité des sélectionnés viennent d’outre-mer, sans pour autant émettre la moindre réserve par rapport à cette vague de compatriotes issus des pays d’accueil et de formation.

A quoi sert alors une compétition nationale si elle ne hisse pas ses compétiteurs aux rangs des meilleurs ? Il y a bien vrai que sur le plein des infrastructures de base, il y a lieu de se féliciter de l’effort déployé, en termes de réalisations des constructions sportives, multiples et performantes. Toutefois, plus on avance sur ce domaine, plus on régresse en matière de la sécurité dans les stades et de la qualité des prestations. Au niveau de la structure de la  programmation, on aura constaté, non sans consternation, les arrêts continus de la compétition, pour des raisons sans grande obligation. Ce qui porte préjudice à la régularité de la cadence, à la maintenance de la forme physique et tactique des équipes et à la constance de la valeur du spectacle. On se sera indigné également, de la manière inappropriée avec laquelle l’instance de la discipline avait tenté de dissuader les expressions de hooliganisme perpétrés dans les gradins des aires de jeu, par la suspension des stades à des périodes étendues, sans aucun autre souci, sauf celui lié aux obsessions sécuritaires. En fait, il est totalement aberrant et inadmissible qu’un derby aussi prestigieux dans le monde entier, que celui de Raja/Wydad, se déroule à huit clos et loin de leur fief ! Pis encore, on comprendra mal comment les décideurs aient décidé, de sang froid, de procéder à la fermeture du complexe Mohamed V, à un moment crucial pour ces deux clubs/phares de la compétition nationale !

Des mesures excessivement approximatives qui dénote d’un déficit navrant de la gestion des affaires de notre sport, en particulier le football, considéré, en fait, comme la locomotive du décollage escompté. Comment voudrait-on donc tirer vers le haut notre sport roi avec une si piteuse gouvernance pour une Botola dite pro ? Enfin, une controverse de taille : au moment où les conditions étaient très modestes, on pouvait se targuer d’un championnat de haute qualité et des joueurs de grand talent. Aujourd’hui, avec toute l’expansion qu’on a pu injecter dans la pratique footballistique, la compétition se desserre et les joueurs s’effritent…Une équation bien intrigante!

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