Vénal et pathologique

Il a fallu beaucoup de temps et beaucoup d’énergie pour que l’alternance consensuelle puisse se mettre en œuvre et permettre au processus démocratique de se développer dans notre beau pays.

Avec toute la considération nécessaire et l’appréciation positive des avancées socioéconomiques et culturelles réalisées, l’aspect sinueux du cours de ce processus, tantôt vers le progrès tantôt vers le repli, s’est imposé au lieu et place d’une consolidation à même de répondre à toutes les attentes légitimes de la population et permettre la reconfiguration du champ politique national sur des bases nouvelles.

Une réalité ; c’est que le Royaume du Maroc s’est transformé et ambitionne d’émerger dans un contexte régional et planétaire marqué par l’adversité, les velléités néocoloniales et les contraintes d’une concurrence exacerbée par la mondialisation.Alors qu’au voisinage, à Dieu ne plaise, des pas battent le sol à la cadence militaire pour s’assourdir et ne pas écouter les revendications du hirak populaire et contribuer à l’édification du Grand Maghreb.

Cela ne veut aucunement signifier que notre société a « traversée la rivière (du sous-développement) et que ses pieds se sont asséchés (de ses reliques) ». Il reste encore à faire pour le dire et encore plus pour le vivre.

Cette réalité reste aussi empreinte des difficultés que rencontre la grande majorité de la population pour satisfaire ses besoins dans l’éducation et la formation, l’emploi, la santé, le logement et l’impératifd’agir pour un avenir meilleur ; alors que les inégalités sociales et les disparités spatiales contribuent à attiser les tensions.

Consolider les acquis et renforcer le front intérieur, militer pour le changement en proposant l’alternative dans le respect des fondamentaux de notre peuple, tels sont les préoccupations majeures des forces démocratiques et progressistes.

La raison de ces propos réside dans la permanence de la lutte pour le changement démocratique et de certaines pathologies qui l’accompagnent ici-bas.

Avec les échéances électorales précédentes, l’usage de l’argent a été dénoncé. Ce fléau dévoie le processus en marchandisant le vote. Violant les consciences désarmées par l’ignorance, la pauvreté et le dénuement, l’argent vole la légitimité de détruire la relation humaine par l’asservissement. Il démotive les honnêtes, donne un semblant de notoriété aux criminels, décrédibilise les institutions et rend la représentation vide de tout sens. L’interférence du pouvoir de l’argent avec les ondulations du processus démocratique ne peut donner que des couacs dans la gestion des affaires publiques et le renforcement de la cohésion sociale. La lutte contre cette maladie du processus démocratique prendra le temps qu’il faudra à la société pour prendre conscience des valeurs et des principes de la « société solidaire où tous jouissent de la sécurité, de la liberté, de l’égalité des chances, du respect de leur dignité et de la justicesociale, dans le cadre du principe de corrélation entre les droits et les devoirs de la citoyenneté » (Préambule de la Constitution).

Aussi sournois que vénal, le nihilisme réapparait à la faveur des réseaux sociaux.Non pas qu’il avait disparu, suite à la répression des années de plomb et à la lutte menée par les forces progressistes ; mais il avait perdu de sa verve et de son attrait pour une jeunesse déboussolée. L’histoire récente du royaume a démontré le fourvoiement de ses adeptes et de ses divagations.

La plaisanterie veut que le schéma soit le même. Un bougre, gesticulant avec un langage simple et des références approximatives ; critique envers tous, renvoyant dos à dos tous les acteurs du champ politique national ; expliquant les intérêts des uns et des autres en diffamant, usant de l’amalgame et du mensonge ; détenteur de la seule vérité, la sienne ; il harangue en méprisant le peuple, mais sollicite le partage de son acte médiatique ; glissant d’un sujet à l’autre, il slalome à travers les faits du quotidien ; reprenant le fil de ses idées, il sème la haine et demande le prix du sang pour le changement ; violent, il interpelle celles et ceux qui veulent bien intervenir, celles et ceux qui sont dans la mouise, affrontant les replâtrages d’un gouvernement qui préfère le fait accompli, la circulaire et l’affrontement ; de la géopolitique, il se ramène aux affaires intérieures pour faire le jeu des ennemis et des adversaires. A la fin de son live, marionnette et fier de l’être, il ravale sa bave dans la lâcheté, l’opprobre et dans la solitude de son agitation. Un pitre qui ferait rire si sa maladie infantile ne risquait pas d’entrainer, ne serait-ce qu’une seule personne, dans l’abime de la traitrise. Symptôme d’une défaillance du processus démocratique, tel un chien enragé, il contribue par la surenchère et la fuite en avant à vouloir escamoter la réalité, celle de la lutte quotidienne,menée par notre peuple et ses forces vives, pour la consolidation du processus démocratique dans la lucidité, la sérénité, le sacrifice et l’abnégation pour un Maroc fort, moderne et solidaire.

Au-delà de son aspect vénal et pathologique, l’échec a toujours accompagné ce genre. Quoiqu’il en soit, il s’agit de ne pas laisser le mal se répandre car l’expérience, de l’indépendance à nos jours, a montré ce que cela peut couter pour la personne, pour les familles et pour le pays.

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