Le Wisconsin vote en pleine pandémie

Longue attente pour des électeurs masqués

Masqués et en tentant de respecter les distances de sécurité, les électeurs du Wisconsin votaient mardi en pleine pandémie du coronavirus, pour des scrutins locaux et la primaire démocrate entre Joe Biden et Bernie Sanders, qui a dénoncé la tenue d’une élection risquant de se révéler «mortelle».

Après un intense bras de fer entre démocrates, qui voulaient repousser les scrutins, et républicains, les bureaux de vote accueillaient finalement, jusqu’à 20H00 (01H00 GMT), les électeurs dans cet Etat du Midwest américain de près de six millions d’habitants.

L’administration Trump a pourtant conseillé aux Américains de rester chez eux, et les a prévenu dimanche qu’ils allaient vivre l’une des «semaines les plus tristes de leur vie», digne d’un «moment comme Pearl Harbor», à cause de la pandémie qui a déjà fait plus de 12.000 morts aux Etats-Unis, dont près d’une centaine dans le Wisconsin.

Mais à Milwaukee, où seuls cinq bureaux de vote ont pu être ouverts pour près de 600.000 habitants, des électeurs, masqués ou le visage recouvert de foulards, ont dû attendre souvent plus d’une heure les uns derrière les autres pour voter.

D’autres ont pu éviter ces files d’attente en votant depuis leur voiture, devant un lycée de la ville.

A Kenosha, plus au sud, la directrice d’un bureau de vote avait revêtu une combinaison de protection totale, des lunettes et un masque pour accueillir les électeurs.

D’autres employés, plus simplement masqués, étaient protégés par des parois en plexiglas tandis que des membres de la Garde nationale du Wisconsin désinfectaient régulièrement les lieux.

Faute d’employés électoraux, certains étant malades et d’autres craignant la contagion, plus d’une centaine de municipalités n’ont pas pu ouvrir un bureau de vote.

L’enjeu derrière ces scènes inédites? La primaire démocrate mais surtout des élections locales cruciales pour l’équilibre des pouvoirs dans le Wisconsin.

Ce qui explique la bataille politique acharnée dans cet Etat, appelé à jouer un rôle clé dans la présidentielle du 3 novembre. Et que Donald Trump ait pris la peine de tweeter à plusieurs reprises pour soutenir un juge conservateur de la Cour suprême du Wisconsin, Daniel Kelly, en appelant les électeurs à le réélire.

Le gouverneur démocrate Tony Evers avait signé un décret lundi pour reporter le scrutin au 9 juin et étendre les délais du vote par correspondance, afin de «protéger» la population.

Les républicains, majoritaires à l’Assemblée et au Sénat du Wisconsin, avaient alors immédiatement saisi la Cour suprême de l’Etat, qui a ordonné, avec les voix de quatre magistrats conservateurs contre deux progressistes, la tenue du vote mardi. Daniel Kelly s’est abstenu.

Jugeant le vote par correspondance «horrible» car il permet des «fraudes dans de nombreux cas», Donald Trump a accusé les démocrates d’avoir voulu reporter l’élection uniquement parce qu’il avait soutenu Daniel Kelly face à son adversaire progressiste.

«Dès que je l’ai soutenu, ils sont devenus fous», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche. «Il y a deux semaines, il y a deux jours, ils ne voulaient pas reporter l’élection. Ca leur était égal parce qu’ils pensaient qu’ils allaient gagner».

Candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle, Bernie Sanders a lui jugé «scandaleux» que les républicains poussent à voter «pour leur bénéfice politique». Cette décision est «dangereuse» et «risque bien de se révéler mortelle».

Ultra-favori de la primaire démocrate, l’ancien vice-président Joe Biden, 77 ans, est donné vainqueur dans cet Etat par les sondages, mais une grande incertitude pèse sur ce scrutin.

A cause de la pandémie de coronavirus, aucune autre primaire démocrate n’a été organisée depuis le 17 mars. Déjà 15 Etats ainsi que le territoire de Porto Rico ont annoncé le report de leurs scrutins. Et le vote se fera uniquement par correspondance pour les autres votes prévus en avril (Alaska le 10, Wyoming le 17).

Cette quasi-suspension de la campagne renforce la pression sur Bernie Sanders, 78 ans, pour qu’il jette l’éponge. Son retard sur l’ex-bras droit de Barack Obama dans la course à l’investiture démocrate est très difficilement rattrapable.

Les résultats du Wisconsin pourraient ne pas être publiés officiellement avant le 13 avril, date limite pour recevoir les bulletins par correspondance.

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