Prudence mais le volet social à prendre au sérieux

Fin de Ramadan et variant indien

Mohamed Khalil

En principe, avant le 10 mai prochain, le gouvernement devra reconduire et prolonger les lois sur la crise sanitaire. En même temps, il devra « revoir » la durée du couvre-feu. Ainsi, selon de nombreux avis scientifiques, il pourra décider d’entamer une période de déconfinement, dès le jour de l’Aid de fin ramadan. Malheureusement, l’Exécutif continue à mal gérer sa communication en direction de l’opinion publique. En témoignent les articles et informations véhiculées sur le web, sans citation de source sérieuse autre que des personnes ayant voulu garder l’anonymat. Sans confirmation ni démenti officiels !

Un seul bémol, des scientifiques montent au créneau pour faire des annonces, en lieu et place des politiques du gouvernement.

Selon eux, la situation sanitaire s’annonce, globalement positive et rassurante, c’est une raison qui plaide en faveur d’un déconfinnement immédiat et plus conséquent.

A vrai dire, le commun des mortels, ne peut comprendre la politique sanitaire et de communication, souvent en dents de scie, poursuivie dans le pays, globalement sans aucune considération pour les inquiétudes et les soucis sentis par la population.

Une stabilité sanitaire

Car si l’on croit les tout derniers bulletins épidémiologiques officiels, la situation serait en nette stabilisation, avec une courbe descendante en matière de nouvelles infections et de décès dus au coronavirus. Par contre le nombre de guérisons serait en nette augmentation, sachant que l’on communique rarement sur le nombre des infectés admis en soins intensifs ou en réanimation, à plus forte raison que le nombre des tests ne cesse de diminuer et reste inconnu.

En dépit de ces dysfonctionnements au niveau de l’information, ces résultats encourageants laissent penser que, dès la fin du mois de ramadan, nous irons vers une diminution de la durée du couvre feu.

Ainsi, si les informations susmentionnées ne sont pas démenties, l’on s’acheminera vers la réouverture des restaurants, cafés et autres lieux de sport et de culture, après plusieurs mois de pénalisation par un chômage technique décidé, souvent, sans une profonde réflexion. Car pourquoi, si l’on regarde ces bus, ces tramways et ces trains bondés, avec très peu de distanciation et parfois sans présence de masque pour certains voyageurs, l’on ne comprend plus les restrictions imposées à certaines catégories sociales enfoncées, depuis, dans la misère et le besoin.

Après l’Aïd : le couvre feu poussé à minuit ?

Ainsi, l’on s’attendrait à des réouvertures des commerces et des entités liées à la restauration et à la gastronomie au moins jusqu’à 23 heures, et aux déplacements nocturnes prolongés jusqu’à minuit, heure au-delà de laquelle les autorisations spéciales de déplacement seraient nécessaires. Car, logiquement, et afin de permettre aux populations et travailleurs de regagner leurs domiciles, le couvre-feu devant passer de 20 H à minuit.

Mais, pour les écoliers, collégiens et lycéens, voire les étudiants, rien ne semble décidé en ce qui concerne les cours et les examens en présentiel, attendus pour le mois de juin. L’on devra attendre l’après Aïd, ou du moins le Conseil de gouvernement, pour éclairer les lanternes des parents et tuteurs…

Le variant indien sous la loupe

Mais d’aucuns craignent que, à l’heure où le Maroc vient de détecter deux cas du variant indien à Casablanca, le gouvernement prenne le risque de gérer une situation qui pourrait devenir inquiétante, sur le plan sanitaire et social, alors que les services de la sûreté nationale manifestent un épuisement général, après plus d’une année de crise et de grande mobilisation dans laquelle ils ont joué un rôle principal aux côtés du personnel de santé.

Et il sera difficile de revenir au confinement à la veille de l’Aïd du Sacrifice (dans un peu plus de deux mois), sachant que le décision de fêter l’événement était considérée, globalement, comme intempestive surtout qu’elle a causé une forte propagation du virus, avec de nombreux foyers familiaux, dus aux retrouvailles rituels et au manque de précautions sanitaires.

Dès lors, l’espoir est permis que l’on rectifie l’erreur, en interdisant, cette année, le sacrifice du mouton et donc les rassemblements religieux et conviviaux pour qu’ils ne soient pas un motif de retour au confinement général. N’oublions pas la situation catastrophique dans laquelle de nombreuses catégories sociales pâtissent, avec une aggravation cruelle de la pauvreté et de la disette.

Certes, il ne faudra pas prendre la menace du variant indien à la légère ni en diminuer les risques, même si les scientifiques n’osent pas se hasarder sur ce terrain qui reste encore mal connu.

Certes, aussi, il faudra en réduire les risques, au maximum, pour éviter de nouvelles contagions, en cas, n’en plaise à dieu, d’une flambée épidémique qui ne s’expliquerait que par le non-respect des restrictions sanitaires, notamment la distanciation sociale, tout particulièrement lors des grandes manifestations populaires.

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