Quand le corps s’exprime à la place de l’esprit

Les maladies psychosomatiques

Par: Soukaïna Oumerzoug (MAP)

Diverses et nombreuses, les manifestations des maladies psychosomatiques passent de l’hypertension artérielle à la tachycardie en passant par l’asthme, l’eczéma et les crampes d’estomac, entre autres. Une palette de symptômes physiques qui affectent un organe du corps et dont les causes sont psychologiques ou émotionnelles.

Ces maladies, qui désignent des troubles et des souffrances physiques causés par des facteurs psychiques (stress, pression, surmenage, état d’angoisse, etc.), apparaissent sur le niveau le plus sensible de l’organisme comme l’expression corporelle de ces tensions émotionnelles et morales parfois intenses.

Souvent chroniques, les troubles psychosomatiques modifient les paramètres de l’équilibre nerveux, végétatif et immunitaire de l’organisme, ce qui se répercute sur l’état physique et favorise l’apparition d’un grand nombre de pathologies et des signaux de détresse gênant la vie quotidienne de l’individu.

Ces maladies sont très fréquentes et comprennent deux composantes: psychique et somatique (physique), a déclaré à la MAP le psychiatre Khalid Ouqezza, qui clarifie que ces troubles se manifestent par des symptômes neuro-psychiques mais à révélation somatique.

«Une personne qui a une dépression (le cas le plus fréquent), son corps, son cerveau et son système nerveux manifestent des symptômes somatiques qui n’ont aucun rapport avec l’organicité», a relevé Dr. Ouqezza.

Concernant les facteurs qui facilitent l’apparition de ces maladies, ce psychiatre a cité, entre autres, le stress qui peut être dû en partie à une pression familiale/professionnelle ou à un environnement toxique, les maladies psychiatriques, la dépression et l’anxiété. «Quand cela persiste, le malade peut manifester des symptômes psychiques», a-t-il expliqué.

Ces maladies provoquent plusieurs symptômes, dont notamment: la douleur de l’estomac, la colopathie fonctionnelle, le vertige psychogène, la migraine, des troubles digestifs, des palpitations, des gênes respiratoires et des fourmillements, a détaillé Dr Ouqezza.

Pour guérir de ces maladies, le spécialiste recommande de faire, dans un premier temps, un bilan organique pour éliminer les causes liées à l’organicité. «Quand il s’avère qu’il s’agit d’une maladie psychosomatique, il faut commencer un traitement de fond pour traiter la maladie en question», a-t-il renchéri.

Dans le cas, par exemple, d’une dépression, le traitement approprié porte sur des antidépresseurs ou sur des anxiolytiques s’il s’agit d’une anxiété, a-t-il précisé, ajoutant que les traitements pharmacologiques sont aussi nécessaires au début pour soulager les symptômes psychosomatiques.

La psychosomatique se définit par le lien entre le psychique et le somatique pris dans la relation que chaque personne mène tout au long de sa vie, souligne, pour sa part, la psychologue et sexologue clinicienne Sara El Kabir, dans une déclaration à la MAP.

Deux facteurs sont généralement évoqués dans la genèse de maladies psychosomatiques: le premier est le stress (aigu, chronique ou répétitif), alors que le deuxième facteur touche à des facteurs de personnalité qui rendent la personne plus vulnérable au stress, a fait observer Dr. El Kabir.

La psychosomatique de l’enfant et de l’adolescent est déterminée par le développement fœtal, par des événements néonataux et bien sûr par le développement de l’enfant, a-t-elle relevé, précisant que ces développements et événements doivent être considérés et discutés pour comprendre la complexité de la clinique psychosomatique du nourrisson, du petit et du grand enfant.

Dr. El Kabir a jugé important de faire un diagnostic précis en portant un regard clinique global qui permet d’éliminer des causes purement somatiques. Et de poursuivre: «Les traitements sont transversaux, à savoir une approche corporelle qui vise à soulager des symptômes physiques ainsi qu’à une relaxation globale, une approche psycho-thérapeutique et un soutien pharmacologique par antidépresseurs ou anxiolytiques».

Pour prévenir et agir contre ces maladies qui restent parfois mal comprises et diagnostiquées, les spécialistes neuropsychiatres recommandent, entre autres, d’adopter la thérapie des techniques cognitivo-comportementales (relaxation, méditation…) qui permettent de mieux gérer les émotions et de se rétablir graduellement d’un état de souffrance psychique, d’apprendre à canaliser l’angoisse et à maîtriser le stress, d’exercer des activités ludiques ainsi que de retrouver un bon équilibrage alimentaire.

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