Une avalanche de condamnations

Vaste coup de filet à Hong Kong

La communauté internationale s’est élevée jeudi contre le vaste coup de filet qui a visé la vieille une cinquantaine de figures de l’opposition pro-démocratie hongkongaise, arrêtées au nom de la draconienne loi sur la sécurité nationale.

Les puissances occidentales ont fustigé cette « sévère répression » et cette « terrible attaque » des libertés, pourtant théoriquement garanties jusqu’en 2047 dans le cadre du principe « Un pays, deux systèmes ».

Plus d’un millier de policiers ont procédé mercredi à l’aube à l’interpellation de 53 personnalités pro-démocratie, dont un avocat de nationalité américaine, accusées de « subversion » dans le cadre de cette loi entrée en vigueur fin juin et qui prévoit des peines allant jusqu’à l’emprisonnement à vie.

La Grande-Bretagne, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Dominic Raab, a dénoncé une « atteinte grave aux droits et libertés » et affirmé que Pékin avait « délibérément trompé le monde sur le véritable objectif » de cette législation. Elle est « utilisée pour écraser la dissidence et les opinions politiques contraires », a-t-il martelé.

Son homologue canadien François-Philipe Champagne a appelé à la libération des personnes interpellées et qualifié ce coup de filet de « grave répression du pluralisme politique » qui témoigne d’une « nouvelle érosion du système +Un pays, deux systèmes+ ».

De son côté, l’Union européenne a également réclamé mercredi leur « libération immédiate », alors qu’Antony Blinken, qui a été choisi par le président élu américain Joe Biden pour être le futur chef de la diplomatie des Etats-Unis, a estimé que ces arrestations représentaient une « attaque » contre les « droits universels.

La France a dénoncé « la dégradation continue » de la situation dans l’ex-colonie britannique. Cette opération est le dernier coup porté contre la dissidence depuis la reprise en main du territoire semi-autonome engagée en 2020 par Pékin pour mettre fin aux immenses manifestations pro-démocratie qui avaient secoué le territoire l’année précédente.

« Cela démontre très clairement et de manière non équivoque le contrôle qu’exerce le gouvernement chinois sur Hong Kong », a déclaré à l’AFP Dylan Loh, un expert de la politique chinoise au sein de l’Université technologique Nanyang de Singapour.

« Il ne faut plus se faire d’illusions sur le fait que le gouvernement central est résolument aux commandes », a-t-il ajouté.

Il est reproché à ces personnes arrêtées d’avoir organisé des primaires de l’opposition, auxquelles 600.000 personnes ont participé en juillet, dans l’optique de remporter, pour la première fois, la majorité aux législatives de septembre.

Ce scrutin a finalement été reporté d’un an au motif du coronavirus alors que de nombreux candidats ont été disqualifiés.
Ces primaires avaient suscité le courroux de Pékin, les autorités chinoises et hongkongaises y voyant une tentative de « renverser » et « paralyser » l’exécutif hongkongais et une menace en vertu de la loi sur la sécurité nationale.

Les personnalités interpellées mercredi appartiennent à un spectre très large de la mouvance pro-démocratie. Cela va d’ex-parlementaires comme James To, Andrew Wan, Lam Cheuk Ting ou Claudia Mo à des militants plus jeunes comme Gwyneth Ho, ancienne journaliste de 30 ans, ou Tiffany Yuen, conseillère de district de 27 ans.

L’avocat américain, John Clancey, résident permanent à Hong Kong et qui travaille pour un cabinet spécialisé dans les questions de droits de l’Homme, a également été arrêté pour « subversion ».

La police hongkongaise peut détenir toute personne arrêtée jusqu’à 48 heures avant sa présentation devant un tribunal.

Une source policière de haut rang a déclaré à l’AFP jeudi que la plupart des personnes arrêtées devraient être libérées sous caution jeudi dans la journée.

Les personnes accusées de crimes relevant de la loi sur la sécurité nationale ne sont généralement pas remises en liberté sous caution.
Cette législation a été imposée fin juin par Pékin à Hong Kong afin de mettre fin au vaste mouvement de contestation qui a ébranlé en 2019 le territoire semi-autonome.

Elle donne notamment aux autorités le pouvoir de réprimer la subversion, la sécession, le terrorisme et la collusion avec des forces extérieures.

Le gouvernement chinois avait affirmé qu’elle ne concernerait qu’une « petite minorité » de personnes mais très vite, elle a réduit au silence toute forme de dissidence et conduit à des dizaines d’interpellations.

L’an passé, de nombreuses figures du mouvement pro-démocratie ont été arrêtées, placées en détention ou ont fui à l’étranger.

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