L’Union Nationale des Ingénieurs Marocains (UNIM)
Par Mohammed Ben Hafoune
De prime abord, la célébration des anniversaires se rapportant aux organisations en général et aux organisations d’ingénieurs en particulier revient toujours sur leurs bilans de réalisations et sur leurs itinéraires parcourus. La célébration du cinquantième anniversaire de l’Union Nationale des Ingénieurs Marocains (UNIM) est un moment fort de réflexion qui interpelle tous les ingénieurs de la commission administrative, du bureau national, des commissions sectorielles et des sections régionales sur les expériences qu’a connues cette organisation d’ingénieurs qui existe depuis déjà un demi-siècle. Cette célébration constitue une occasion de réflexion et de débat autour des thèmes relatifs à la réalité et perspective de la profession d’ingénierie au Maroc, aux innovations technologiques, à la formation des ingénieurs, à leurs situations matérielle et professionnelle et à leur apport au développement du pays.
Il faut rappeler que les années 1960 ont été marquées par le développement d’une conscience chez les ingénieurs marocains de l’intérêt, du rôle et de la responsabilité sociale dans la construction de la société marocaine et dans le développement économique et technologique en vue d’aboutir à la démocratie et au bien-être au sein du pays. Cette mobilisation des ingénieurs marocains a donné naissance le 5 décembre 1971 à l’Union Nationale des Ingénieurs (UNI) à l’occasion de la tenue de sa première assemblée générale à Rabat. En fait, les ingénieurs marocains ont créé une organisation au service du développement économique et social, de l’ingénierie marocaine et de l’amélioration des conditions matérielles de cette catégorie de fonctionnaires et de cadres exerçant dans les secteurs public et privé.
En 1984, l’Union Nationale des Ingénieurs (UNI) est devenue l’Union Nationale des Ingénieurs Marocains (UNIM) à l’occasion de la tenue de son congrès national à Rabat du 25 au 27 mai 1984.
Cette organisation a été chargée de promouvoir l’ingénierie au niveau national pour devenir au fil du temps le principal partenaire social des gouvernements qui se sont succédés depuis 50 ans dans l’objectif de garantir l’amélioration des conditions matérielles de cette catégorie de la société Marocaine.
1971 – 2021 : dynamisme et activités intenses au sein de l’UNIM
Au fil des 50 dernières années et même jusqu’à présent, l’UNIM poursuit de façon continue ses ambitions et ses objectifs. Des activités intenses ont été entreprises par cette organisation d’ingénieurs depuis sa création. Ainsi, ses activités ont été accomplies dans les domaines organisationnel, scientifique, culturel, syndical et social, de solidarité et de coordination entre les ingénieurs à l’échelle nationale et internationale. En fait, ces différents domaines d’intervention témoignent du dynamisme de l’UNIM au cours des cinq dernières décennies et montrent les efforts déployés pour rehausser la notoriété de l’ingénieur et de l’ingénierie marocaine et leur permettre de rayonner aux niveaux national et international. Pour ce qui est du volet organisationnel, les structures de l’UNIM ont toujours travaillé d’arrache-pied pour pouvoir soit créer de nouvelles commissions sectorielles et sections régionales soit renouveler celles ayant atteint la durée de leur mandat, et ce conformément aux lois organiques de l’Union.
Concernant le volet syndical et social, les différents membres des bureaux nationaux et des commissions administratives n’ont épargné aucun effort en vue d’améliorer les conditions matérielles et professionnelles des ingénieurs marocains des secteurs public et privé. Les principales initiatives entreprises par l’UNIM se sont articulées autour de l’élaboration de mémorandums et de dossiers revendicatifs qui ont été focalisés sur les problèmes de l’ingénieur et de l’ingénierie nationale, sur la profession et la formation de l’ingénieur, sur la préparation ou l’amendement du statut des ingénieurs pour leur rendre justice, sur l’encouragement de l’emploi des ingénieurs et la lutte contre leur chômage, etc. Aussi, faut-il souligner que l’UNIM n’a pas lésiné sur les efforts quand il s’agit d’intervenir auprès des différents départements ministériels ou auprès des organisations privées en vue de résoudre les problèmes rencontrés par les ingénieurs marocains et leur rendre justice par l’amélioration de leurs conditions professionnelles et matérielles. De même, les bureaux nationaux, les commissions administratives, les commissions sectorielles et sections régionales ont toujours fait des déclarations et préparé des communiqués pour rendre public les revendications des ingénieurs marocains en matière d’amélioration de leurs conditions matérielles et professionnelles. De plus, l’UNIM a toujours accompagné les ingénieurs durant l’exercice de leur profession et dénoncé tout retard dans la satisfaction de leurs revendications. Elle a milité, d’une part, pour mettre fin à toute mesure injuste entreprise à leurs égards et pour que leurs droits humains soient respectés et, d’autre part, pour une ingénierie nationale innovante au diapason de ce qui se passe à l’échelle internationale. Aussi, l’UNIM, depuis sa création, a toujours exprimé sa solidarité avec le peuple Palestinien et a appelé à travers ses communiqués les ingénieurs à le soutenir dans sa lutte pour la libération des territoires occupés.
Au sujet des activités scientifiques et culturelles, l’UNIM a organisé des colloques, symposiums et séminaires durant lesquels des débats ont concerné la question palestinienne, l’ingénierie dans le monde arabe, la technologie et le transfert de technologie, l’avenir technologique au monde arabe, le bilan de l’expérience technologique au Maroc, la recherche scientifique et technique et le développement économique et social, les stratégies de gestion des projets d’investissement, les ressources en eau dans le monde arabe en coopération avec l’Union des Ingénieurs Arabes (UIA), le rôle et l’apport de l’ingénieur dans les grands projets structurants et les stratégies sectorielles, le digital comme levier de développement économique et social, les énergies renouvelables en coopération avec l’UIA, la qualité comme levier incontournable pour le développement durable, les énergies renouvelables et facteurs de développement durable, etc.
Dans le domaine de la coordination et de l’organisation de l’ingénierie, les activités de l’UNIM se sont caractérisées par la présence des membres du bureau national durant les créations et les renouvèlements des bureaux des commissions sectorielles et sections régionales. De surcroît, on note leur présence dans les rassemblements des ingénieurs des organisations privées et leurs rencontres avec les ingénieurs durant les assemblées générales des associations des lauréats des grandes écoles nationales sachant bien que les présidents de ces grandes écoles d’ingénieurs sont membres du conseil national de l’UNIM conformément à la loi organique de cette dernière.
Quant aux relations internationales, l’UNIM est membre de la Fédération Mondiale des Organisations d’Ingénieurs (FMOI) depuis 1975 et de l’Union des Ingénieurs Arabes (UIA) depuis 1972. L’UNIM a contribué activement dans leurs activités et leurs colloques. Elle a aussi participé à tous les congrès d’ingénierie organisés par l’UIA, et c’est au Maroc que cette dernière organisation a tenu son 16ème congrès du 28 au 30 avril 1983 à Fès. Au sein de la FMOI, l’UNIM a été élue à la présidence de la commission internationale de transfert de technologie à Varsovie en 1977 pour une durée de 4 ans, et elle a été réélue à la tête de cette commission en Argentine en 1981 pour la même durée. Au niveau de l’Afrique, l’UNIM a participé à la réunion préparatoire à la création de la Fédération Africaine des Organisations d’Ingénieurs (FAOI) organisée en 1986 au Sénégal. L’UNIM a été élue à la présidence de ladite organisation africaine en 1987 à l’occasion de la tenue de son assemblée générale extraordinaire au Nigeria.
L’ingénieur marocain : le salvateur
La vie de l’UNIM est riche d’enseignements. Cette organisation accorde un vif intérêt pour le développement, pour l’ingénierie et pour l’ingénieur marocain. Elle ne cesse de militer pour relever les défis auxquels sont confrontés les ingénieurs marocains à savoir leur mobilisation autour de la profession, la création de l’ordre national des ingénieurs, le respect de la profession de l’ingénieur, une convention collective ciblant les ingénieurs du secteur privé, le droit à l’organisation, la défense de droits des ingénieurs sur les plans professionnel et matériel, la protection et le développement de la profession, l’amélioration des conditions de travail, la lutte pour résorber le chômage des ingénieurs, la dénonciation des Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) et des austérités budgétaires entreprises durant les années 80, les questions spécifiques aux femmes et aux jeunes ingénieurs, la formation de l’ingénieur et son adéquation avec les besoins des organisations publiques et privées, l’amélioration de la qualité des formations. En plus, il faut aussi rappeler les autres défis liés au développement d’une ingénierie intelligente, à l’adaptation aux vagues technologiques puissantes et aux transformations digitales, au développement des connaissances scientifiques et technologiques, à la résolution des grands problèmes auxquels les citoyens marocains sont confrontés, à la lutte contre les pandémies (cas de la pandémie de Covid 19), et au développement des socles d’une ingénierie nationale pour la mise en œuvre d’un projet scientifique et technologique dans l’objectif de renforcer les bases solides d’un développement économique, social et culturel. De même, travaillant à travers tout le pays et toutes les disciplines, les ingénieurs marocains explorent les moyens de lutter contre les changements climatiques, d’améliorer la santé humaine, d’assurer la souveraineté alimentaire, et de contribuer à l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) de l’agenda 2015 et des Objectifs du Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030. Fortement engagée sur les questions de développement durable, l’UNIM contribue activement à la réflexion sur les 17 objectifs des ODD. Ainsi, sous le mot d’ordre « Faire progresser et organiser l’ingénierie nationale et améliorer les conditions des ingénieurs marocains pour une contribution plus efficace au développement durable », l’Union Nationale des Ingénieurs Marocains a célébré le 4 mars 2021 la journée internationale de l’ingénierie pour le développement durable approuvée par l’UNESCO. Cette célébration témoigne que le cinquantième anniversaire de la création de l’UNIM constitue l’occasion de souligner le rôle essentiel des ingénieurs marocains dans l’atteinte des objectifs de l’Agenda 2030 pour le développement durable qui sont liés principalement à l’éradication de la pauvreté et de la faim, à la bonne santé, à l’égalité des sexes, au travail décent et à la croissance économique, à l’eau propre et l’assainissement, à l’énergie propre, aux villes et communautés durables, à l’atténuation du changement climatique et à la promotion du développement économique et social. En plus, puisque la pandémie de Covid 19 à laquelle le monde est confrontée aujourd’hui a constitué un défi mondial sans précédent, ayant un impact négatif sur la santé humaine et sur les économies nationales, il faut souligner que les ingénieurs marocains à l’instar des ingénieurs du monde entier ont lancé , grâce à leurs expertises, des initiatives pour vaincre cette pandémie. En effet, ils ont développé des innovations à faible coût et mis en place des dispositifs pour atténuer son impact.
En fait, la célébration du cinquantième anniversaire de l’UNIM est l’occasion de capitaliser les acquis accumulés obtenus grâce, d’une part, aux efforts considérables déployés par les ingénieurs pour garantir à un développement durable et, d’autre part, à la synergie qui a régné au sein des bureaux nationaux composés de différentes sensibilités politiques et syndicales ayant toujours travaillé dans une ambiance marquée par le transparence, le respect et le droit à la différence. Cette célébration constitue sans nul doute, pour la plupart des ingénieurs qui se sont portés candidats pour servir la cause de l’ingénierie tout en restant fidèles aux principes de cette organisation représentative, la continuité du combat entamé depuis la création de l’Union Nationale des Ingénieurs (UNI) en décembre 1971 et ce en vue de préserver l’unité, l’entente et la solidarité des ingénieurs marocains afin de faire face aux défis précités auxquels ils sont confrontés et de continuer à jouer leur rôle en tant qu’acteur incontournable dans le développement du pays et dans l’appui à l’édification de l’Etat de droit. A cet effet, le défi est de taille et le changement ne vient que par l’action de l’ingénieur qui est considéré comme une source de solutions durables.