Il est vraisemblablement convenu que, de plus en plus, la vocation des voyages se met à conquérir les ménages marocains dont les bourses sont, le plus souvent, assez modestes. La floraison du tourisme interne, en partance vers nombre de destinations du royaume, s’avère incontestablement indéniable bien que, ces derniers temps, des compatriotes se paient aussi le luxe d’opter pour un envol hors du pays, notamment en Espagne ou en Turquie, lieux de leur prédilection.
Cette nouvelle tradition, qui ne cesse de s’incruster dans le mode de vie de nos concitoyens, prend beaucoup d’ampleur, au point de générer des surbooking, en particulier en villes du nord-est, comme Tanger, Tétouan, Martil, Saïdia ou encore au sud-ouest, plus précisément Agadir, Merleft, Essaouira.
Cette ruade tonitruante vers le balnéaire s’étend quasiment sur toute l’année, plus spécialement, pendant les vacances hivernales et printanières, mais plafonne, à priori, en période estivale…
Au vu de cette dynamique ascendante, il convient de s’interroger sur l’accompagnement de l’Etat en direction de cette dynamique touristique, en passe de constituer l’épine dorsale du secteur, par l’envergure et la constance dont il se distingue, au fil des ans. Apparemment, à l’instar de la filière haute de gamme destinée aux visiteurs de «luxe», le tourisme de «masse» moisit dans la désuétude, en dépit de son entrain exponentiel.
En fait, des familles marocaines prennent d’assaut diverses structures hôtelières ou des apparts privés qui prolifèrent plus fréquemment en villes côtières. Profitant de ce flux abondant, les directions des hôtels mettent à contribution des tarifs incitateurs. Une opportunité qui atteindrait des proportions notoires, du fait qu’elle permet, tant bien que mal, de préserver une saison de vaches maigres pour un grand nombre d’opérateurs qui, durant des mois, traversent des périodes creuses.
Certes des efforts ont été déployés, au niveau de la mise en oeuvre des plans 2010, 2020 et 2030, pour mettre sur pieds une stratégie résolument consacrée à ce type de niche, en pleine explosion. Toutefois, il semble que des tentatives mises en place pour le rehaussement de ce volet, peinent à satisfaire les besoins accrus d’une clientèle, pourtant moins exigeante, pour la plupart, en termes de normes conventionnelles. Il importe de relever la problématique de l’industrie touristique ne réside pas essentiellement dans le manque à gagner en matière de volume d’accueil, quoique, en fait, l’élargissement de la capacité litière s’avère primordial pour un produit aussi bien varié qu’attractif. On dira bien sans risque de se faire démentir que les couacs de la déficience touristique sont multiples, car l’hôtellerie n’est, en effet, qu’un maillon d’un ensemble indissociable.
Ceci étant, partout dans le monde, le tourisme interne représente une part considérable, à l’abri de toute velléité étrangère. On pourra citer, à cet égard, l’engouement que connait une ville satellite comme Paris qui reçoit, chaque année, plus de 60 millions des siens, au côté des touristes étrangers, soit six fois plus que l’on en accueille, chez nous, toutes régions confondues. On se contente de lancer des opérations virtuelles, telles «kounouz biladi», sans jamais mettre en avant de réels mécanismes pour pérenniser un plan d’action performant, fondé sur l’élaboration de structures hôtelières de masse à tarification préférentielle, la promotion du produit à grande échelle, la mise en fonction de supports d’accompagnement, de conseil, d’animation…
La besogne n’est pas aussi simple que l’on peut imaginer et vaudrait bien la chandelle, au lieu de s’entêter à se lancer dans l’édification des grands palaces dont profitent les TO, sous l’effet de la formule du «tout compris». Un système qui, à la longue, ne fait que nuire tant à l’hôtellerie qu’aux multiples activités adjacentes.
Notre pays, à vocation touristique, faut-il bien le rappeler, n’est ni les Caraïbes ou encore les Antilles, où l’on peut se permettre de se couper du monde afin de faire plaisir à ses visiteurs, en majorité désabusés par les subterfuges du «All Inclusive», mais bel et bien, une destination sociable, avenante et intégrée, dont dépend l’économie du pays et le bonheur de la population.