Epargnée jusqu’à présent par les frappes du terrorisme islamiste du fait que sa présence militaire en Irak et en Syrie est nettement plus réduite que celle de la France, l’Allemagne a, néanmoins, vécu ce vendredi soir une nuit d’angoisse et de frayeur bien longue même si celle-ci n’était pas «inattendue» dans la mesure où les autorités germaniques, qui répétaient sans cesse que «la question n’est pas de savoir si nous allons être touchés mais quand», n’ignoraient pas que leur pays se trouve, depuis un bon moment déjà,dans la ligne de mire des terroristes de tous poils.
Etant sur les dents depuis les tragiques événements qu’a vécus la capitale française le 13 Novembre dernier, l’Allemagne a connu plusieurs situations de crise même si certaines d’entre elles ne furent que de fausses alertes. Ce fut le cas notamment de cette journée du 17 Novembre 2015 qui avait vu l’annulation pour «menace d’attentat» de la rencontre de football qui devait opposer l’Allemagne aux Pays Bas ou encore cette soirée du Nouvel An quand la police munichoise fut contrainte de faire évacuer deux gares de la capitale bavaroise pour «risques d’attentats».
Cependant, il n’y a pas eu que de fausses alertespuisqu’en Février dernier, une adolescente fanatisée avait attaqué une policière à Hanovre et que peu de temps après,à la mi-Avril, trois adolescents, prônant un islam radical, s’en étaient pris à un temple Sikh à Essen. Enfin, plus récemment, le lundi 18 Juillet au soir,un jeune afghan de 17 ans, demandeur d’asile, a attaqué à la hache à bord d’un train les voyageurs près de Würzburget blessé 5 d’entre eux dont 2 grièvement. Cette attaque avait été revendiquée par l’Organisation terroriste E.I. en ces termes : «L’auteur de l’opération exécutée à coup de hache en Allemagne est un soldat de l’Etat Islamique qui a effectué son opération en répondant aux appels incitant à frapper les pays de la coalition qui combat l’Etat Islamique».
Quatre jours plus tard, c’est à Munich,le vendredi 22 Juillet, qu’un tireur fou s’est mis à asperger de balles les clients qui quittaient un McDonald’s et qui a continué son macabre forfait dans le centre commercial voisin avant de prendre la fuiteblessé par une patrouille de policemais non sans laisser sur les lieux8 morts et 16 blessés.
Ce vendredi soir la capitale de la Bavière a vécu sous une «alerte maximale», une alerte qui n’a été levée que très tard dans la soirée lorsque la dépouille du tireur – la9èmevictime de cette funeste nuit – un germano-iranien de 18 ans, Ali David Sonbolyné dans la capitale bavaroise, a été retrouvéeà près d’un kilomètre du lieu de la fusillade.
Auparavant, après que le Président fédéral Joachim Gauck se soit dit «horrifié», le bras droit d’Angela Merkel Peter Altmaier avait invité la population à ne point «se laisser désorienter» par le terrorisme alors que le ministre de l’intérieur Thomas de Maizière avait été, quant à lui,contraint d’écourter ses vacances.
Inconnu des services de police, l’auteur de la fusillade qui a agit seul, aurait, d’après les premières investigations, tendu un piège à certaines de ses victimes en « piratant » un compte facebook et en attirant celles-ci sur les lieux du massacre. Pour quelle(s) raison(s) ? Rien, pour l’heure, ne permet de le savoir avec certitude…
Mais si les autorités allemandes écartent d’emblée tout lien entre l’assaillant et l’organisation terroriste Etat Islamique,il est, toutefois, beaucoup moins aisé d’admettre que puisse tomber sous le coup du hasard la date fatidique du 22 Juillet qui commémore le 5ème anniversaire du massacre d’Utoya en Norvège dans lequel 77 personnes avaient péri sous les tirs du terroriste d’extrême-droite Andres Breivik.
Il semble doncqu’officiellementla piste islamiste et celle de la commémoration des évènements d’Utoya soient à écarter puisque le représentant du Parquet allemand aurait évoqué, avec insistance, la présence chez le tueur «d’éléments montrant qu’il se préoccupait des questions liés aux forcenés» et qu’il souffrait «d’une certaine forme de dépression».
Nous voyons donc que,pour l’heure, les autorités germaniques mettent sur le compte d’un déséquilibré mental ce que la chancelière allemande Angela Merkel avait qualifié de «nuit d’horreur» ; une nuit à propos de laquelle, dans son message de compassion adressée à cette dernière, Sa Majesté Mohammed VI a exprimé «sa forte condamnation et son rejet total» et prié celle-ci de bien vouloir «transmettre aux familles éplorées et au peuple allemand ami, Ses vives condoléances, Sa sincère compassion et Sa solidarité».
Le Souverain a également saisi cette occasion pour «implorer le Très-Haut d’accueillir les victimes dans son paradis et d’accorder prompt rétablissement aux blessés».
Nabil El Bousaadi