Abdelkader Ababou: adieu l’artiste doux…

Les feuilles du théâtre marocain tombent l’une après l’autre. Abdelkader Ababou, l’homme de théâtre et poète doux, a rendu l’âme lundi 20 janvier 2020 au Centre hospitalier universitaire de Marrakech, à l’âge de 70 ans,  après un long combat contre la maladie.

Prolifique, l’homme qui a fait du théâtre son cheval  de bataille n’a ménagé aucun effort, durant toute sa vie, jusqu’au dernier souffle, pour transmettre ses valeurs d’artiste et de militant pour les jeunes et la population de sa région. A la fois poète, dramaturge, critique d’art et metteur en scène, le défunt, né en 1950 à Dar Ould Zidouh dans la région de Beni Mellal, est titulaire d’un diplôme de l’Institut des Affaires techniques. Il est également membre à l’Union des écrivains du Maroc depuis 1985. En effet, le théâtre était son univers, sa demeure et sa passion. Dans cette optique, il a dirigé avec brio les fameuses troupes de théâtres «Ounamir» ou encore «Anouar Souss» où il avait réalisé des pièces de théâtre inspirées du répertoire universel.

 Toujours au devant de la scène, Abdelkader Ababou a contribué dans la création d’une des fenêtres artistiques qui ont donné à la ville et ses artistes plus de rayonnement de visibilité en créant le festival de théâtre dans des années 8, qui a connu la participation de grands noms de la scène théâtrale nationale entre autres Abderhmane Benzidane, Meskini S’ghir, Abdelkrim Berrechid, Mohammed Kaouti, Hassan Lemnii, Mohamed Kghat, Abdelmjid Saadallah, Salem Kouindi, pour ne citer que ceux là. Le regretté avait une vision du monde et de l’art qu’elle avait toujours défendue dans ses pièces jouées sur scène et dans ses textes couchés noir sur blanc. Il avait toujours opté pour «La mise en scène dialectique» dont les fondements sont puisés dans la méthodologie du «troisième théâtre» ou encore du «théâtre pauvre». Il en était une référence en la matière !

Ses travaux sont nombreux dont «La mise en scène dialectique, le  troisième théâtre, le pouvoir du mouvement, le pouvoir de la dialectique», «la colombe du siècle» (pièce de théâtre),  «vert, vert, ce rouge» (poésies), une «paix rouge» (pièce de théâtre) et bien d’autres. Son départ a laissé un vide chez tous ceux qui l’ont connu et aimé de près et de loin. Témoignages.

Mohammed Benhsain : «la scène  artistique nationale a perdu un de ses fils prodigues»

«Abdelkader Ababou était l’une des étincelles qui illuminaient la région de Souss parce qu’il était derrière la création de la troupe Ounamir créée depuis 1985 jusqu’à nos jours. Prolifique, le défunt  était connu aussi par son apport et ses  écrits dans le théâtre et la poésie. Il est l’un des rares metteurs en scène qui  ont  eu une formation académique solide», a souligné Mohammed Benhsain, directeur du Théâtre National Mohammed V.

Cette troupe de théâtre, a-t-il ajouté, est l’une des troupes pionnières du théâtre national ayant représenté le Maroc dans plusieurs manifestations au-delà des frontières.

«Ababou a beaucoup donné au théâtre et à la culture dans la région de Souss. Le regretté a été également un fervent  défenseur du mouvement théâtral dans toute la région. Discret, Il était  un homme qui travaillait dans l’ombre. La scène artistique nationale a perdu un de  ses fils prodigues», a-t-il déclaré à l’actu 24.

Saoudi El Amalki : Ababou…un fervent militant progressiste »

«Un fervent militant progressiste, une sommité du théâtre engagé, un farouche syndicaliste authentique, un fin poète du beau, du bien et du bon…s’éclipse sous l’atrocité de la maudite maladie. Ababou rend l’âme, après avoir dédié toute sa vie à la nation, à l’ouvrier qui fait féconder le marteau en flamme, au paysan qui fait fleurir les champs en épis, à la faucille, aux intellectuels éclairés en herbe, à l’humanité embaumée des valeurs de la paix, de la solidarité, de la justice, de la liberté, du progrès, de la démocratie. Repose en paix, cher camarade, tu auras accompli ton devoir de citoyen parfait, de serviteur débonnaire, de militant hors pair sur tous les fronts ! », a écrit le journaliste, chroniqueur et ami du défunt, Saoudi El Amalki.

Mostafa Houmir : «Abdelkader Ababou … mon maître de théâtre

«J’étais adolescent. J’allais à la Maison des Jeunes pour jouer au ping-pong. Un soir, j’ai vu une troupe de théâtre faire ses répétitions. J’ai admiré cet univers théâtral par la fenêtre. À la fin de la séance, je suis entré et j’ai demandé au metteur en scène de faire partie de la troupe. Il m’a regardé en souriant et m’a dit : Sois le bienvenu à l’association Anouar Souss. Je me présente, je m’appelle Abdelkader Ababou. Et cette association est devenue ma deuxième maison et le théâtre amateur mon loisir, ma passion, mes principes, mes valeurs, mon engagement, mon militantisme, ma culture, … J’ai interprété les rôles protagonistes de toutes les pièces mises en scène par ce grand metteur en scène. J’ai assisté à plusieurs festivals, rencontres, voyages, représentations, soirées, activités, réunions. Au sein de mon association durant plus de 20 ans. C’était toute une vie. Ababou m’a tout appris, m’a tout montré, m’a tout donné. Il était mon maître de théâtre. Mon maître n’est plus! Repose en paix, grand artiste, repose en paix grand homme de théâtre, repose en paix, Grand poète, repose en paix, camarade !

Mes sincères condoléances à toute la famille», c’est avec ces mots que le poète et écrivain, Mostafa Houmir s’est exprimé sur la mort  de Ababou.

Bachir Khanfar : «Le défunt a consacré généreusement sa vie pour le travail artistique et théâtral»

«Agadir ainsi que toute la région ont perdu un grand homme de théâtre, Abdelkader Ababou. A cette occasion douloureuse, la direction régionale de l’union des forces populaires au nom de tous les Usfpéistes présente leurs condoléances sincères et attristées à la famille du défunt, à ses camardes et à tous les intellectuels et les artistes de la région en particulier et du Maroc en général. Le défunt a consacré généreusement sa vie pour le travail artistique et théâtral. Il fait  de la ville d’Agadir une destination de tous les artistes et intellectuels espérant un avenir meilleur», a souligné le Secrétariat régional de l’USFP à Agadir, Bachir Khanfar dans un communiqué.

Mohamed Nait Youssef

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