Allemagne : Importante grève dans le secteur des transports

Attendons pour voir…

En Allemagne, le secteur national des transports est à l’arrêt car un mouvement de contestation sans précédent y a vu le jour, ce lundi matin, à l’appel des syndicats des transporteurs après que leurs demandes de revalorisation de 10% des salaires soient restées sans suite en dépit de l’inflation qui a atteint 8,7% en Février dernier et du fait que les Etablissements publics (Communes, Entreprises publiques…) n’aient proposé qu’une augmentation de 5%.

Ainsi, pour paralyser le secteur des transports, les salariés des aéroports, du rail, du fret maritime, des sociétés d’autoroutes et des transports locaux se sont mis en grève, pour une durée de vingt-quatre heures à partir de ce lundi à 00 h (22 h GMT).

Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte de tensions sociales qui vont crescendo dans le pays car depuis le début de cette année, les débrayages pour la revalorisation des salaires n’ont pas cessé de se multiplier et ont touché tous les secteurs d’activité : écoles, hôpitaux, poste…

Pour rappel, après avoir menacé de déclencher une « grève à durée indéterminée », les 160.000 salariés de la « Deutsche Post » ont obtenu, au début du mois, une hausse de 11,5% et à la fin de l’année dernière, après plusieurs arrêts de travail, près de 4 millions de salariés du secteur industriel avaient pu arracher une augmentation de 8,5% sur deux ans.

Ainsi, si d’après les syndicats des services publics et du rail, « Ver.di » et « EVG », ce sont près de « 30.000 salariés » du secteur ferroviaire qui ont cessé le travail dans la nuit de dimanche à lundi, la « Deutshe Bahn », la compagnie nationale des chemins de fer, a signalé, de son côté, que « le trafic des grandes lignes a été suspendu » dans tout le pays.

Or, outre le fait que les vols sont annulés dans la plupart des aéroports puisque quelques 380.000 passagers ont dû renoncer à prendre leur avion lundi, les transports publics (métro, tramway…) sont, également, perturbés dans la plupart des grandes villes si bien que l’association des aéroports allemands (ADV) a dénoncé une stratégie « d’escalade des grèves sur le modèle français » dès lors que dans l’Hexagone, la mobilisation contre la réforme des retraites semble bien loin de s’essouffler.  

Il convient de relever, toutefois, que la paralysie du secteur des transports aériens n’a pas donné lieu au chaos attendu par certains du moment que, dès jeudi, les intéressés avaient été informés de manière à ce qu’ils puissent soit avancer soit reporter leur voyage à une date ultérieure.

Pour Karl Brenke, expert du marché du travail à l’Institut Allemand de Recherche Economique (DIW) de Berlin, ce que vit l’Allemagne aujourd’hui, s’explique par le fait qu’avec un niveau de chômage particulièrement bas depuis la fin des années 2000, le pays manque cruellement de main-d’œuvre ; une situation qui avait mis les syndicats en « position de force » si bien qu’ils étaient parvenus à imposer des augmentations de salaire, au milieu des années 2010, quand Gerhard Schröder qui était aux commandes du pays, s’était appuyé sur la « compétitivité » pour mettre en place une politique de modération salariale. 

En se voulant être un puissant moyen de pression en ce moment où commence la troisième phase des négociations salariales pour l’ensemble des secteurs publics territoriaux, la grève de ce lundi va-t-elle contraindre le gouvernement d’Olaf Scholz à courber l’échine devant les travailleurs et à répondre favorablement à leurs revendications salariales ?

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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