Appel à tirer profit de la richesse africaine pour la relance du continent

SIEL 2023

Des universitaires et experts ont souligné, lundi à Rabat, la nécessité de tirer profit des richesses de l’Afrique en vue de s’affranchir du passé et donner un nouvel élan au continent.
Les participants à un panel organisé à la salle Ribat Al Fath, dans le cadre de la 28ème édition du Salon International de l’Édition et du Livre (SIEL), ont abordé l’état des rapports de l’Afrique avec le reste du monde, la place du continent dans le nouveau monde et le mode d’insertion dans une mondialisation en crise.
Placée sous le thème « L’Afrique et le monde, Réalités du présent et rôles futurs », cette rencontre avait pour but de contribuer à identifier les rôles futurs que le continent africain est appelé à jouer dans un monde incertain pour bâtir une nouvelle Afrique Unie.
Intervenant à cette occasion, le sociologue et directeur exécutif de « African Futures Institute », Alioune Sall, a indiqué que l’Afrique n’est pas distincte et fait partie intégrante du monde, précisant que les problèmes africains sont les problèmes mondiaux et vice-versa.
« Si on a réussi à décoloniser notre histoire, le futur est en train d’être colonisé », a-t-il regretté, mettant en garde contre l’assignation de l’Afrique à un futur qui n’est pas nécessairement celui que veulent les Africains.
Evoquant le patrimoine matériel africain, la diversité dans la trajectoire ainsi que les formes et modes de production, M. Sall a noté qu’il s’agit de facteurs qui permettraient à l’Afrique d’ouvrir de nouvelles perspectives, de favoriser une meilleure insertion économique et de se donner d’autres finalités.
Pour sa part, le professeur d’économie internationale et de politiques publiques à l’Université autonome métropolitaine (UAM)-Azcapotzalco au Mexique, Dr Vidal Lbarra puig, a souligné que l’Afrique possède à elle seule plus de soixante types de minéraux différents et renferme un tiers de toutes les réserves minérales du monde, avec 90 % des réserves mondiales de platine, 80 % du coltan, 60 % du cobalt, 70 % du tantale, 46 % des réserves de diamants et 40% des réserves d’or, outre les sources d’énergie très diverses, appelant à tirer parti de ces richesses et prendre conscience des pressions démographiques et les transformer en opportunités.
Il a, dans ce sillage, mis l’accent sur la l’importance de l’enseignement de l’économie financière, non pas pour développer les marchés spéculatifs, mais pour adapter les instruments financiers afin de protéger les producteurs de matières premières minérales et agricoles, d’opter pour des systèmes financiers efficaces et solides, avec un accès à des réseaux tels que SWIFT et de construire une Afrique entièrement connectée à l’internet, avec le haut débit pour tous les pays et à faible coût.
Le professeur vietnamien à « Institute for Africa and Middle East Studies » (IAMES), Le Phuoc Minh, a, quant à lui, dressé une analogie entre le Vietnam et l’Afrique en termes de vulnérabilité face au changement climatique, bien que l’Afrique soit le continent qui émet le moins de gaz à effet de serre, soit près de 4 % du total des émissions mondiales.
Dans un autre registre lié à la digitalisation, il a fait savoir que l’Afrique devient un acteur majeur du marché mondial de la technologie, avec une population en croissance rapide et une classe moyenne en plein essor, notant que le continent affiche l’un des taux de pénétration de la téléphonie mobile les plus élevés au monde avec plus de 600 millions d’abonnés.

De son côté, le professeur spécialiste en matière de gestion des crises et d’études de sécurité, El Mostafa Rezrazi, a plaidé pour la rupture avec l’héritage colonial en repensant l’Afrique indépendamment de ce chapitre du passé, par le truchement de recherches en vue de créer une nouvelle histoire, mettant en avant l’impératif de revisiter les termes et les concepts et d’approfondir les études africaines.

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