Après la régularisation, place à l’intégration des immigrés

L’intégration de la communauté d’immigrants au Maroc ne peut être effective sans accès à l’emploi. Le ministre de l’Emploi, Abdeslam Seddiki, et son homologue chargé des MRE et des affaires de la migration en sont conscients. En effet, les deux ministres se serrent les coudes pour mettre en place une politique de migration du travail.

Ce chantier est une nécessité et non un choix dans la mesure où le Maroc a déjà parcouru un bout de chemin dans la gestion des flux migratoires en adoptant une politique qui a permis à plus de 18.000 immigrés clandestins de régulariser leur situation.

Cette politique qui permettra aux immigrés d’intégrer plus facilement le marché du travail tout en préservant leurs droits semble en tout cas sur de bons rails. Un séminaire organisé hier à Rabat en collaboration avec le Bureau international du travail a permis de faire le point sur l’état d’avancement du processus de développement de la politique nationale de la migration du travail. La rencontre s’inscrit dans le cadre du projet de l’Organisation internationale du travail, qui vise à promouvoir la bonne gouvernance de l’emploi des immigrés au Maroc, en Tunisie, en Egypte et en Libye.

A bien des égards, le Maroc a été précurseur en matière d’intégration des immigrés sur le marché du travail. L’opération de régularisation des sans-papiers a d’ailleurs ouvert la possibilité à 27.000 migrants d’intégrer le marché de l’emploi dans des conditions décentes. En 2015, les migrants se sont également vu ouvrir les portes d’accès aux établissements de formation professionnelle. Ce qui a permis à plus de 460 étrangers de bénéficier de cette formation. Mais face à l’affluence massive des migrants dont le nombre a atteint 86.206 en 2014, les défis restent nombreux. Certains sont liés à la pyramide d’âge des immigrés qui décrit une population très jeunes. En effet, 95,4% ont moins de 36 ans, ce qui constitue une population en âge d’activité. Le ministre de l’emploi cite d’autres challenges comme la nécessité de lutter contre la discrimination sur le marché du travail à l’égard des immigrés, particulièrement subsahariens. Il évoque également l’impératif de garantir la protection sociale pour ces personnes. Car en dépit de la mise en place de la nouvelle politique migratoire, les immigrés, particulièrement les non-qualifiés, continuent à être exploités par leur employeur, comme l’a indiqué le ministre. Abdeslam Seddiki considère que seule une stratégie «humaine» peut contribuer à l’amélioration des conditions de vie des immigrés. Pour lui,«la fermeture des frontières est loin d’être la solution idoine à la gestion des flux migratoires».

H.B.

Caractéristiques socio-économiques

Une enquête présentée par Mohamed Khachanni, professeur à l’Université Mohammed V de Rabat,relève que 42%des immigrés subsahariens sondés ne disposent d’aucun diplôme. Ceux qui présentent un niveau d’enseignement secondaire représentent 17% du total alors que ceux qui ont un niveau supérieur constituent à peine 8%.

Top