Architectes de leur époque

Hommage à Fikri Benabdallah et Omar Essakalli

Najib El Amrani

Dans le cadre des hommages récurrents et constants qu’il rend à la profession d’architecte au Maroc, le groupe Archimédia a organiséà Casablanca, le jeudi 16 mars dernier, une soirée de Gala en hommage à deux grosses pointures de l’architecture au Maroc : Omar Essakalli et Fikri Benabdallah. Deux artistes, architecte-urbanistes qui ont marqué leur époque et celle de générations de marocains de leur art. La soirée a été marquée par une série de témoignages et d’hommages improvisés par plusieurs professionnels, partenaires, amis et membres de la famille des deux hommes de l’art. Des témoignages qui ont dévoilé des facettes cachées de ces deux hommes dont l’itinéraire a été marqué notamment par la grande révolution architecturale et urbanistique des 30 dernières années.

Dans une  allocution de bienvenue, Fouad Akalay, architecte fondateur du groupe Archimedia, a rappelé que cette culture de l’hommage et de la reconnaissance aux faiseurs de leur époque durant leur vivant doit être inscrite dans l’ADN de la profession d’architecte. « Il ne faut plus attendre qu’ils ne soient plus de ce monde pour leur exprimer notre hommage. » Une tradition sur laquelle s’attèle  le groupe Archimédia et qu’il compte perpétuer.

Omar Essakalli, le moderniste rebelle

Prenant la parole pour présenter ; retracer, raconter, commenter son parcours professionnel du haut de presque quatre décennies de création et de travail, Omar Essakalli, a mis en avant son engagement et son militantisme fervent pour la modernité, pour l’ouverture et pour la libération de l’espace dont la meilleur illustration n’est autre le bâtiment, surnommé « Goldorak », du nom du personnage principal de la série animée japonaise, connu surtout par sa nouvelle destinée de Technopark.

Conçu initialement pour accueillir les bureaux de l’administration des douanes, ce bâtiment à l’architecture futuriste s’est transformé en pépinière de startups opérant dans le domaine des nouvelles technologies. Une construction contemporaine en verre et béton dont les vitres sont recouvertes de « Scotchcall ».

Ce projet cher à Omar était aussi l’expression d’une révolution architecturale à une époque où l’appel au retour à l’authenticité architecturale imposait aux architectes des arcades et des tuiles romaines ou grecques afin se plier aux traditions marocaines. « On a du batailler dur pour imposer notre vision, notre concept et on a fini par obtenir gain de cause. » C’est dire que le métier d’architecte est aussi de militer pour le changement dans un environnement conservateur. Aujourd’hui, le Technoparc s’impose majestueusement à l’entrée de la métropole comme symbole de modernisme, d’ouverture  et d’innovation.

Les témoignages qui se sont suivi ont été unanimes à reconnaitre à Maitre Omar, son penchant pour l’innovation, son futurisme et son attachement à un agencement intelligent 

Fikri Benbdallah, rockstar de l’éthique et de l’esthétique

Si on veut résumer le parcours, long, riche et chargé, de Fikri Benabdallah on peut emprunter à John Stuart Mill le triptyque fondateur de sa philosophie : Ethique, pratique et esthétique. En effet, maitre Fikri allie les paradoxes d’un homme attaché à la vie, militant engagé et pragmatique et fervent défenseur de la cause du beau. Pour y arriver, le jeune rabati, comme l’a souligné son « petit » Nabil Benabdallah, avait un seul secret : l’acharnement. En effet, Fikri est un bosseur infatigable, doublé d’un fédérateur capable de réunir autour d’une même table des protagonistes de différents courants pour une défendre une cause commune. Son action et ses efforts pour la cause des architectes étaient exceptionnels, rappellent ses collègues lors de leurs témoignages.

Ses faits d’armes les plus marquant furent la restauration de la Mosquée Al Qaraouiyine à Fès (nominé, en 2010, au Prix Aga Khan) , la Gare Routiere de Rabat  et la Marina de Rabat …

Encadré

Bio expresse de Fikri Benabdallah 

Diplômé en 1980 de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Paris – UP1.  Fikri Benabdallah intègre la division de l’architecture au ministère de l’urbanisme à Rabat en 1981 où il prend la direction d’un important programme de recherche urbanistique durant dix années. Il est élu Secrétaire Général de l’Association Nationale des Architectes et Urbanistes en 1985 et intègre en 1992 le Conseil Supérieur de l’Ordre des Architectes. Il est aussi membre fondateur du Comité directeur du Forum des Architectes. Il enseigne entre 1985 et 2002 à l’Ecole Nationale d’Architecture de Rabat où il forme de nombreuses promotions d’architectes. Parallèlement, il fut aussi nominateur du prix Aga khan d’architecture durant plusieurs années. En 2001, Il fonde le groupement Confluences avec d’autres confrères. En 2014, il fonde l’association Rabat Salé Mémoire, pour la préservation du patrimoine de Rabat Salé. Benabdallah a été nominé, en 2010, au Prix Aga Khan pour la restauration de la Mosquée Al Qaraouiyine à Fès.

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