Asie de l’Est : La nouvelle approche américaine

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

En faisant suite à la visite du 16 Avril dernier effectuée par le Premier ministre du Japon Yoshihide Suga, la venue, ce vendredi 21 mai, du président sud-coréen Moon Jae-in à la Maison Blanche témoigne de l’importance qu’entend réserver la nouvelle administration américaine à la consolidation des liens entre les Etats-Unis et les pays de l’Asie de l’est.

En outre, comme lors de l’entrevue, du mois dernier, avec le Premier ministre nippon, la Chine, rivale stratégique et économique des Etats-Unis, a été au menu des discussions entre Joe Biden et Moon Jae-in car comme l’a souligné Michael J. Green, ancien directeur Asie du Conseil de sécurité national sous la présidence George W. Bush (2000-2008), « de la même façon que la Maison Bleue [présidence sud-coréenne] souhaite voir Joe Biden rejoindre sa position sur la Corée du Nord, la Maison Blanche a comme priorité d’amener le président Moon à se rapprocher de la position américaine sur la Chine et le Japon ».

Mais si, au cours de ses entretiens avec Moon Jae-in, le président américain a souligné la « force extraordinaire » de l’alliance entre son pays et la Corée du Sud, il a, également, manifesté sa profonde inquiétude quant à la menace nucléaire que représente la Corée du Nord et, tout en reconnaissant la difficulté des négociations avec Pyongyang, plaidé pour une approche « pragmatique ».

Face à lui, en ardent défenseur du dialogue inter-coréen soucieux de conclure une « paix irréversible » avec son voisin du nord avant la fin de son mandat non renouvelable qui expire en mai 2022, le président sud-coréen Moon Jae-in a salué le « retour de l’Amérique » sur la scène mondiale et loué la « volonté de dialogue » des Etats-Unis avec la Corée du Nord.

Pour rappel, pour se démarquer à la fois de la « patience stratégique » préconisée par l’administration Obama (2008-2016) et de cette recherche du « grand accord » très chère à Donald Trump (2016-2020) mais que ce dernier n’avait pas réussi à obtenir malgré trois rencontres avec le dirigeant nord-coréen et la signature, à l’issue du sommet de Singapour en 2018, d’une déclaration mentionnant la « dénucléarisation complète de la péninsule coréenne », le président Joe Biden a finalisé, en avril dernier, une nouvelle approche de la question nord-coréenne, axée sur des avancées par étapes.

Ainsi, après avoir nommé comme émissaire spécial chargé du « dossier coréen » Sung Kim, ancien ambassadeur des Etats-Unis à Séoul, également, spécialiste des questions coréennes, le président Joe Biden, très critique à l’endroit d’un Donald Trump qui bien qu’ayant rencontré, Kim Jong-un à la lisière des deux Corées, à Singapour puis à Hanoï, n’a obtenu aucun résultat tangible, n’a pas exclu de tenir une séance de travail avec le leader nord-coréen à condition, toutefois, que ce soit sur la base d’« engagements clairs » pour ne point « lui offrir une reconnaissance internationale (sans contreparties) » mais reste, néanmoins, disposé à travailler avec le président nord-coréen sur la base de la déclaration de Singapour.

Ainsi, sans dévoiler la « tactique » qu’il compte mettre en œuvre, le président américain a plaidé pour des avancées « pragmatiques » en se contentant, par ailleurs, d’annoncer des formules très « générales » qui lui permettraient de réduire les tensions et de se rapprocher du « but ultime » qui est la « dénucléarisation de la péninsule coréenne ».

Artisan, sous la présidence Trump, de la médiation entre Pyongyang et Washington, le président sud-coréen Moon Jae-in espère, pour sa part, mettre à profit la dernière année de son mandat pour instaurer une «paix irréversible » dans la péninsule coréenne.

Enfin, en ayant présent à l’esprit que Pyongyang a ouvertement critiqué la politique de la nouvelle administration américaine qu’elle juge « hostile » et « fallacieuse », une reprise des discussions entre les Etats-Unis et la Corée du Nord reste, pour l’heure, très hypothétique mais attendons pour voir…

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