Australie : Motion de censure contre l’ancien Premier ministre

Nabil El Bousaadi

C’est par 86 voix contre 50 que les députés du Parlement australien ont voté, ce mercredi 30 novembre, une motion de censure contre l’ex-Premier ministre Scott Morrison.

Mais si c’est bien la première fois dans l’Histoire du pays qu’un ancien Premier ministre est formellement blâmé par la Chambre des représentants, que reprochent donc les australiens à leur ancien dirigeant conservateur qui, pendant le débat, a écouté, sans dire un mot, toutes les dénonciations qui lui étaient adressées ?

Bien des choses, à vrai dire, car il est reproché à Scott Morrison d’avoir, non seulement, « érodé la confiance du public dans la démocratie australienne » mais, également, rendu impossible une véritable responsabilisation lorsqu’il avait profité de la pandémie pour s’autodésigner, pendant deux années, aux postes de ministre des Finances, de l’Intérieur, du Trésor, des Ressources minières, de l’Agriculture et de l’Environnement ; tout cela sans même prendre la peine d’en informer ni les intéressés ni le public.

Mais si, dans son intervention, l’actuel Premier ministre, Anthony Albanese, dont le parti de Centre-gauche avait chassé Scott Morrison lors des élections de mai dernier, a déclaré que ce dernier « doit des excuses au peuple australien pour avoir porté atteinte à la démocratie », l’ancien Premier ministre a pris la parole pour défendre vigoureusement ses actions et pour dénoncer l’esprit partisan dont a fait preuve l’actuel gouvernement travailliste en s’appuyant sur l’« intimidation politique » pour essayer d’ « imposer son châtiment ».

Pour ce qui est de la « confidentialité » desdites nominations, en regrettant que « leur non-divulgation (ait) causé une offense involontaire », Scott Morrison a tenu à présenter ses « excuses à ceux qui ont été offensés » mais s’est abstenu, toutefois, de s’excuser « pour avoir pris des mesures, en particulier des mesures de licenciements prudentes dans une crise nationale afin de sauver des vies et des moyens de subsistance ».

Il y a lieu de signaler, à ce propos, que tout en considérant que les actes reprochés à l’ancien Premier ministre ont été « nuisibles à la confiance vis-à-vis du gouvernement », une enquête, récemment menée par une ancienne juge de la Haute Cour d’Australie, a recommandé de supprimer les « vides juridiques » permettant aux nominations de rester secrètes car en dépit de l’indignation qu’elles ont pu susciter, les actions entreprises par Scott Morrison ont été effectuées dans le cadre de la légalité.

Le Premier ministre Anthony Albanese ayant rappelé qu’étant donné que l’ancien Premier ministre avait refusé les appels à la démission du Parlement, ce même Parlement allait tenter de modifier la loi pour que les nominations ministérielles soient rendues publiques, force est de reconnaître que ce scandale a déjà eu une conséquence sur la vie politique australienne puisqu’une loi instituant un organisme national doté de pouvoirs élargis lui permettant de surveiller l’intégrité des membres du Parlement a déjà été adoptée et que celui-ci devra être opérationnel à la fin du premier semestre 2023.

En y voyant un moyen de restaurer la confiance de l’opinion publique, le chef de l’exécutif d’est réjoui en déclarant que « ce jour s’est fait attendre et que c’est une victoire pour l’honnêteté, la responsabilité et l’intégrité » et ce, d’autant plus que, d’après le rapport de Human Rights Law Center publié cette année, l’Australie accuserait un retard par rapport aux pays riches dès lors qu’elle se trouve dans l’incapacité d’empêcher que les intérêts privés ne viennent influencer les politiques.

L’actuel Premier ministre va-t-il parvenir à « corriger » ces anomalies et à rétablir la confiance du public dans la démocratie australienne « érodée » par son prédécesseur ?

Attendons pour voir…

Related posts

Top