A l’occasion de la journée internationale de la biodiversité
Organisée à l’occasion de la journée internationale de la biodiversité et à l’initiative du Bureau Politique du Parti du Progrès et du Socialisme et de la commission des questions écologiques autour du thème : « les ressources naturelles au Maroc entre la diversité et la question de la gouvernance et de la durabilité », une rencontre-débat de a réuni, mardi 30 mai 2023 au siège national du parti, une pléiade de spécialistes et de chercheuses pour en débattre.
Ouvrant ces débats, Mohamed Hajjioui, membre du comité central qui en assurait la modération, a mis en relief l’importance du thème choisi par les organisateurs, à l’occasion de la journée internationale de la biodiversité, célébrée le 22 mai de chaque année, pour promouvoir une action urgente et transformatrice en vue d’atténuer et d’inverser la perte de la biodiversité.
Pour le Parti du Livre, a-t-il rappelé, la question écologique occupe désormais une place centrale dans ses plans d’action, notant que celle-ci fait désormais les gros titres de la presse internationale, comme en témoignent les comptes rendus médiatiques sur les dernières intempéries.
Conscient donc des enjeux de la question, le Parti du Progrès et du Socialisme a pris l’engagement de faire de la protection de l’environnement et du développement durable l’une de ses grandes préoccupations, a-t-il dit.
Benabdallah, SG du PPS :
L’engagement écologique du PPS est lié à son action pour le développement du pays
La question écologique est plus que jamais d’actualité. Rien qu’après les dernières intempéries dévastatrices, nombreux sont les citoyennes et les citoyens et les responsables qui déclarent être préoccupés par les problèmes d’environnement, mais malheureusement seule une minorité affirme être prête à adopter des pratiques volontaires de préservation de la planète et de la biodiversité dont dépend la survie.
Pour le Parti du Progrès et du Socialisme, a noté le Secrétaire Général du PPS, Mohammed Nabil Benabdallah, il s’agit d’un engagement qu’il assume dans sa littérature et en particulier dans les documents adoptés notamment lors de son onzième congrès national (Bouznika, 11, 12 et 13 nouvembre 2022), placé sous le thème de l’alternative démocratique progressiste, engagement qu’il a repris dans son dernier programme électoral, a affirmé le Secrétaire Général du PPS Mohammed Nabil Benabdallah.
Il a rappelé que c’est en sa qualité de parti de gauche, désireux de contribuer à la recherche de solutions durables à la crise écologique qu’il a érigé la question écologique en une principale référence dans son action, se démarquant ainsi de nombreuses autres formations.
A l’instar des autres pays, le Maroc subit donc la pression de la crise écologique qui touche l’ensemble de la planète, où les modes de production et de consommation sont appelés plus que jamais à évoluer sous l’effet de la prise de conscience des enjeux de développement durable.
La rareté des ressources disponibles en eau est en effet en tête des défis que le Maroc est appelé à relever dans le but d’en rationnaliser l’utilisation pour approvisionner durablement le pays en eau potable et tous les secteurs qui en ont besoin. Et ce sans exploitation abusive aucune, qui met en danger la vie.
Pour y parvenir, le PPS propose de débattre de la question de manière sereine et franche dans le but de rechercher les meilleures solutions possibles dans le cadre d’une véritable politique écologique tournée vers l’avenir et soucieuse de préserver les réserves actuelles pour le bien des générations futures.
Pour le PPS, a-t-il rappelé, il ne faut exclure aucun secteur industriel, touristique ou agricole de ce débat (Plan Maroc Vert). Oui, il est important pour le pays de renforcer le développement de tous ses secteurs de production, mais cela ne doit pas se faire au détriment de son environnement naturel, a-t-il expliqué.
C’est le cas notamment du secteur agricole, qui consomme plus de 80% des eaux exploitées dans le pays, a-t-il dit, appelant à adopter un plan de préservation des ressources disponibles.
Et Benabdallah d’évoquer le problème du lagon de Dakhla, où des milliers de poissons ont été retrouvés morts et d’appeler à une enquête pour en déterminer la cause.
Pour lui, tout changement politique et toute nouvelle stratégie doivent tenir compte en premier lieu du sort de la vie, sachant que le Maroc est exposé plus que d’autres pays aux défis des changements climatiques et qu’il doit œuvrer pour faire face à la rareté des eaux et adopter des approches plus audacieuses en matière de gestion des ressources disponibles, a-t-il insisté.
Au nom de la ministre de l’Energie et des mines, de l’ eau et du développement durable
Intervenant au nom de la ministre de l’énergie et des mines, de l’eau et du développement durable, la secrétaire générale du département du développement durable par intérim Farah Boutarcha a exposé les grandes lignes du plan d’action de son département, soulignant que l’évolution des ressources naturelles dans le pays préoccupe au plus haut point les responsables. Selon elle, l’inquiétante extinction de nombreux systèmes écologiques est à l’origine de l’apparition de nouvelles maladies (Covid-19) et de facteurs extrêmes (dernières intempéries et inondations).
Comme ailleurs, le pays est soumis à de grandes pressions, compte tenu de la croissance démographique et de l’incompatibilité de plus en plus nette des modes de consommation et de production en vigueur.
Dans une tentative de redresser la situation, son département a lancé à titre d’exemple en 2010 un ambitieux plan national pour la sauvegarde du patrimoine forestier et divers autres actions pour lutter contre les différentes formes de pollution de l’eau, de l’air et du sol.
Le département a engagé aussi diverses actions pour la réhabilitation des sites écologiques, soulignant qu’une telle action concerne tous les secteurs et l’ensemble de la population marocaine, qui doivent prendre conscience de la gravité de la situation et de la nécessité d’y participer.
Le Maroc a en effet lancé plusieurs initiatives visant la mise en œuvre des objectifs du développement durable des Nations Unis, dont la loi cadre portant charte nationale de l’environnement et du développement durable élaborée en 2014, l’adoption en 2017 de la stratégie nationale de développement durable.
Pr. Oumnia Himmi : la solution réside dans l’adoption d’un mode de vie durable
Au terme d’un exposé riche et exhaustif intitulé : « la biodiversité au Maroc et les défis de gestion et de préservation », Pr Oumnia Himmi, chef du département de biologie et de zoologie à l’institut scientifique de Rabat a estimé qu’il est toujours possible d’agir pour redresser la situation en prenant des initiatives visant à ralentir le processus de dégradation de la biodiversité.
Pour ce faire, a-t-elle dit, il est nécessaire de tenir compte de l’importance de la valeur sociale et économique de la biodiversité et de ses services gratuits et d’adopter dans ce sens les lois qui s’imposent.
Elle a également estimé nécessaire d’évaluer les causes de l’érosion de la biodiversité et de déterminer l’impact de celle-ci sur le bien-être de l’être humain, de créer des sites protégés pour encourager la préservation de la biodiversité, de promouvoir la recherche scientifique et de lutter contre le réchauffement climatique et les espèces exotiques envahissantes, sans oublier d’œuvrer pour la préservation des graines endémiques et du droit des cultivateurs de garder les espèces traditionnelles, de les utiliser et de les commercialiser.
Pour elle, il s’agit en un mot d’adopter un mode de vie durable.
Pr Souad El Hajjaj : LE PMV a contribué à l’aggravation du stress hydrique à travers le développement de l’agriculture intensive
Pour sa part, Pr Souad El Hajjaji, vice-doyenne de la faculté des sciences de Rabat et chargée de la recherche et la coopération s’est attardée, dans un exposé intitulé : « ressources en eau au Maroc dans un contexte de changement climatique et de surexploitation » sur l’état de stress hydrique au Maroc et ses effets sur l’évolution de la biodiversité dans le pays.
Elle a rappelé en premier que le Maroc fait partie des 20 pays les plus exposés à la menace du stress hydrique et qu’il connait un sévère déficit pluviométrique depuis septembre 2021 marqué par une baisse alarmante des réserves des barrages de près de 89% par rapport à la moyenne annuelle.
Elle a estimé que cette tendance baissière de la pluviométrie est appelée à se poursuivre durant les prochaines années et que la rareté de l’eau au Maroc est profondément liée à la façon dont cette ressource est utilisée pour l’irrigation, qui consomme environ 80% de l’eau chaque année.
Elle a fait savoir que le Maroc fait face en dernier ressort à des ressources en eau limitées, en raison de sa géographie aride et semi-aride et où les précipitations sont souvent insuffisantes pour répondre aux besoins croissants en eau de la population, de l’agriculture et de l’industrie.
Quant aux ressources disponibles, a-t-elle dit, elles sont souvent surexploitées en particulier les eaux souterraines, à la suite notamment de l’expansion de l’agriculture intensive à travers le Plan Maroc Vert.
Pour gérer durablement la ressource, le Maroc est appelé notamment à limiter la pollution, à utiliser raisonnablement l’eau et à traiter et utiliser les eaux conventionnelles (usées, saumâtres et pluviales).
Il doit promouvoir aussi de nouvelles techniques d’irrigation efficaces et diversifier les sources d’eau y compris à travers le dessalement, la réutilisation des eaux usées et la récupération des eaux de pluie.
Elle a proposé dans le même ordre d’idées la mise en place d’un programme « économie circulaire basé sur une stratégie d’optimisation de la consommation et du recours aux eaux non conventionnelles », l’amélioration de l’assainissement liquide et de la collecte des eaux usées pour assurer à tous le droit à l’eau.
Elle a recommandé aussi d’appliquer une gestion intégrée des ressources en eau de surface et souterraine et de protéger les zones humides et l’ensemble de la biodiversité du pays.
Pr Dalila LOUDIY : les collectivités territoriales appelées à assumer pleinement leurs responsabilités
Pr. Dalila Loudyi, membre du BP du PPS et présidente de la commission écologique a traité du thème du rôle des collectivités territoriales dans la gestion durable des ressources naturelles.
Selon elle, les collectivités territoriales sont appelées plus que jamais à intégrer la préservation des ressources naturelles de la biodiversité dans leurs agendas et plans de développement. Elles doivent en tenir compte pour le bien des générations actuelles et futures, a-t-elle estimé, tout en faisant remarquer que les communes rurales sont souvent handicapées dans ce domaine par la modestie des moyens dont elles disposent et le manque d’informations dans ce domaine.
M’Barek TAFSI