Brahim ZaharTatum, un grand lion malchanceux…

A l’occasion du mois sacré du Ramadan et à l’approche de la reprise des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018 de football qui seront prochainement à la 3e journée de la phase des groupes, dernier Cap avant d’aller en Russie, pour les cinq pays gagnants du Continent dont le Maroc, on vous propose de revisiter ensemble le parcours de certains joueurs ayant accompagné l’équipe nationale en Coupes du Monde (1970 et 1986 au Mexique, 1994 aux Etats-Unis et 1998 en France).

Feu Brahim Zahar plus connu sous le nom de Tatum est également l’un des joueurs marocains n’ayant pas eu l’occasion d’honorer l’équipe nationale dans ses 4 participations en Coupes du Monde en 1970 et 1998. Car Tatum faisait partie de la première génération qui a joué contre l’Espagne, en 1961, le fameux barrage menant à la Coupe du Monde de 1962. L’équipe du Maroc avait certes perdu à Madrid mais avec les honneurs (2-2).Ce fut néanmoins les moments les plus intenses de la carrière de Feu Tatum qui évoluait à l’époque en France au sein des Girondins de Bordeaux et qui faisait les beaux jours des Lions de l’Atlas en compagnie des autres professionnels marocains d’Europe tels Khalfi (Montpellier), Jedidi (Grenade), Larbi (Malaga), Bettache (Nîme), Belmahjoub et Tibari (RC Paris), Riyahi (Liège), Akesbi et Zhar (Reim), ainsi que les joueurs du championnat national Mekki et Zenaya (FAR), Labiad (MAS), Larbi 1 et Beggar (WAC),Mohamed (KAC)… Feu Tatum et ses coéquipiers malchanceux, ont tenu la dragée haute à une sélection espagnole composée de ses meilleurs éléments à savoir : Puskas, Di Stefano, Gento, Del Sol… des grandes vedettes du football international à l’époque qui ont souffert face aux Lions de l’Atlas pour arracher la qualification au Mondial 1962.

Ce fut donc le match barrage qui a enflammé l’Afrique toute entière. Car il était injuste qu’une équipe ayant gagné tous ses matches des éliminatoires africaines, ne peut passer en Coupe du Monde que par un barrage contre une équipe européenne. Les deux barragistes de l’époque furent bien sûr l’Espagne et le Maroc qui a été épaulé par tous les pays africains et qui ont exprimé leurs colères tout en décidant de boycotter le prochain Mondial 1996 en Angleterre en guise de solidarité avec le Maroc. Car l’Afrique mérite sa place au Mondial et sans passer par les barrages. La FIFA a répondu favorablement à l’appel du Continent qui allait assurer sa présence au Mondial suivant (Mexique 1970). Le hasard faisait bien les choses puisque c’est le Maroc, encore lui, qui a eu l’exclusivité d’être le premier pays africains à se qualifier à ce Mondial mexicain après avoir réussi ses matches éliminatoires.

La génération qui a l’honneur d’aller au Mexico 70 s’est donc inspirée de l’équipe barragiste du Mondial 1962 et l’un de ses artisans qui n’est autre que Feu Tatum. Ce fut donc une belle récompense pour Tatum qui a vu le jour le 25 mars 1935 82 à Casablanca et rendu l’âme le 20 novembre 2012 à l’âge de 77 ans dans son quartier cher d’Al Ahbass de Mers Sultan.

Feu Tatum, qui devait son surnom à sa grande ressemblance avec le basketteur et vrai Reece Tatum de la fameuse équipe américaine des Harlem Globe Trotters, a pris le virus du foot depuis son enfance au sein des équipes jouxtant son quartier d’Al Houbous. Sa carrière professionnelle a duré 10 environ mais en Europe de 1956 à 1966. Son premier club à l’Hexagone est le Racing de Paris (1956-1958). Par la suite, il a intégré le club de Besançon RC (1958-1959), Olympique Alès (1959-1960),  CA Paris (1960-1961), Girondins de Bordeaux (1961-1963),AS Béziers (1963-1964), puis une seconde fois à Bordeaux (1964-1965) avant de tirer sa révérence au SC Bastia (1965-1966).

Ce fut donc un parcours riche de Feu Tatum qui a attendu l’Indépendance du Maroc pour mettre les pieds pour la première fois en France chez les Parisiens du RCP. Ce fut grâce à son ami Abderrahman Mahjoub qui faisait partie de la sélection de France sous le surnom de «Prince du Parc des princes».

Tatum a eu le mérite de briller au tournoi de Paris qui a boosté sa carrière. Il a joué contre de grands clubs et des géants de l’époque tels Santos de sa légende vivante Pelé, ceux du Real de Madrid et de l’Inter de Milan… Dans ce tournoi,Tatum a marqué un but d’une grande beauté dans les filets de l’Inter de Milan. Ce but qui reste gravé dans les esprits lui a causé une blessure au visage par le pied de Cesare Maldini. Tatum qui était à terre le sang couvrait mon visage, n’a pas qu’à une seule chose. Il a demandé à son ami Belmahjoub qui se penchait sur lui si le ballon était dans les bois. Quand il lui a répondu par l’affirmative, Tatum s’est dit : « Je peux donc mourir à présent, ce n’est pas grave…».

Ce fut tout simplement le début de Feu Tatum qui est resté fidèle à son parcours d’une grande star ayant marqué l’histoire du football national à l’échelon international…

Rachid Lebchir

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