Brésil : Les nombreux défis qui attendent Lula

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

La gauche est de retour au Brésil… Le vieux métallo reprend les rênes du pays mais, s’il est incontestable qu’il s’agit-là d’une bonne nouvelle pour ses compatriotes des couches « défavorisées » notamment, force est de reconnaître que les défis qui attendent Luis Inacio Lula da Silva, au premier tournant, sont nombreux car, pour pouvoir gouverner sereinement et passer les réformes qui lui tiennent à cœur alors qu’il a face à lui un Parlement qui penche clairement à droite avec, en son sein, un parti des Travailleurs ayant un tiers de députés de moins que celui de son prédécesseur, le nouveau président se trouve dans une position particulièrement inconfortable et dispose d’une marge de manœuvre très réduite qui le met au-devant de la nécessité de nouer des alliances avec ses ennemis d’hier.

En ajoutant à cela le fait que 14 des 27 gouverneurs que compte le Brésil sont dans l’opposition dont notamment ceux qui dirigent les Etats de Sao Paulo, de Rio et du Minas Gerais qui concentrent, à eux seuls, plus du tiers de la population totale du pays, que les caisses de l’Etat sont vides, que la désindustrialisation a laissé de nombreux brésiliens sans emploi et sans perspectives, que le Congrès conservateur  s’opposera, avec force, à toute tentative de réforme sociale que Lula voudrait mettre en œuvre mais, surtout, que la haine « anti-gauche » vivement encouragée par Bolsonaro ne disparaitra pas de sitôt, il est clair que la tâche du vieux syndicaliste, durant ce troisième mandat présidentiel, ne sera pas aisée sachant que, pendant ces quatre dernières années, le « bolsonarisme »  qui s’est consolidé, bien au-delà de la seule figure de son « capitaine », s’est mué en une véritable force politique avec laquelle Lula sera contraint de composer.

Et si, comme l’affirme, par ailleurs, Mauricio Santoro, chercheur attaché à l’Université d’Etat de Rio de Janeiro, « le Brésil est beaucoup plus conservateur » qu’il ne l’était lors des deux précédents mandats de Lula, alors ce dernier « devra faire face à une forte opposition de droite bien organisée et dotée d’une grande capacité de mobilisation ».

Mais, en considérant qu’avec le Brésil, le Mexique, l’Argentine, la Colombie et le Chili, ce sont les cinq plus grandes économies d’Amérique latine qui sont, désormais, entre les mains de gouvernements « progressistes », le retour de Lula à la tête du Brésil pourrait, aussi, redonner de l’espoir aux forces de gauche dans cette région du monde et ailleurs et même donner l’occasion aux gouvernements européens qui lorgnent vers l’extrême-droite voire même à la Maison Blanche de trouver, en lui, un précieux allié dans le cadre de la lutte pour la protection de l’environnement et contre le réchauffement climatique.

Ainsi, la victoire de Lula pourrait, également, comme l’affirme le quotidien socialiste turc Birgün, servir d’enseignement aux partis de gauche et aux sociaux-démocrates du monde entier dès lors que le vieux syndicaliste est parvenu à « créer une dynamique capable de mobiliser les masses dans un environnement où les politiques néo-libérales ont aiguisé les crises économiques, politiques et sociales ». Et si le quotidien turc relève, enfin, qu’en dépit de « toutes les défaillances et les erreurs, il existe de nombreuses raisons d’espérer et de se réjouir », alors attendons pour voir…

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