«Cessons les polémiques stériles !»

Que de polémiques stériles suscitées par le discours politique ici et ailleurs ! Stériles, car elles sont discriminantes et cherchent à établir l’exclusion de l’autre en croyant détenir la vérité et la bonne parole. Elles ne sont pas en gestation d’un consensus sur lequel l’accord pourrait se faire pour aller de l’avant.

Dans notre beau pays ; nonobstant quelques petites anicroches et un ralentissement qui se fait sentir, la campagne de vaccination est menée tambour (Moqadem) battant. C’est vrai que le mois du Ramadan s’approche; ses pratiques pour les personnes dévotes, permanentes ou temporaires, et pour tous les tartuffes cagots, ne rentrent pas dans le cadre des mesures prescrites par l’état de l’urgence sanitaire.

Dans ce contexte, aucun événement n’a suscité autant de polémiques stériles que la refonte du code électoral. Ni les contraintes du souk mondial des vaccins anti-covid19 et les difficultés de l’approvisionnement en ces produits; ni l’amélioration du taux de remplissage des barrages, en eau et en alluvions, suite aux dernières précipitations et l’augure d’une bonne année agricole; ni les inondations urbaines qui se font fréquentes avec des risques avérés; ni les renvois à une date ultérieure du débat sur le cannabis au sein du conseil du gouvernement alors que les enjeux socioéconomiques  soulevés par le projet de loi 13-21 sont connus; ni la grogne qui s’exprime de la part de certains secteurs suite aux conséquences de la pandémie sur leur situation et par les enseignants «contractuels»; ni les agressions supportées par le littoral des Doukkala ayant conduit à la fermeture de l’embouchure de l’Oum er-Rbia depuis des mois et celles qui, à l’encontre de toutes les dispositions légales, défigurent l’entrée de la ville d’El Jadida en empiétant sur les dunes bordières et la plage pour la construction d’un projet de parc d’attractions ;ni encore d’autres faits et actes dont l’importance a été ainsi négligée.

Depuis fort longtemps, et avant toute échéance électorale, la refonte du code électoral est devenue une routine du champ politique national. Ajustements apportés à un système électoral pour encadrer un processus démocratique méandriforme où les vertus du système représentatif sont battues en brèche par ceux qui veulent apparaitre aujourd’hui comme les défenseurs «purs et durs» du processus démocratique.

Est-ce pour autant la fin de ce processus qui dure depuis quelques dizaines d’années? Le glissement est facile pour plagier Fukuyama avec sa «fin de l’histoire» et donner au calcul du quotient électoral cette importance pour affirmer la fin du processus démocratique dans notre pays ? N’est-il pas absurde de prôner l’abstention, voire la désinscription des listes électorales, car une formule mathématique est choisie pour déterminer la répartition des sièges dans une circonscription électorale.

Que dira-t-on alors des pratiques interventionnistes sonnantes, trébuchantes et autres qui pèsent sur la cartographie électorale ou des moyens d’influence économique ou spirituelle sur un corps électoral dont une grande partie reste asservie par son indigence et sa crédulité ?

«Toute beauté est accompagnée d’un défaut» dit un proverbe, alors qu’un autre préconise que l’on ne peut pas «jeter le bébé avec l’eau du bain». Pour rappel, il fût un temps où l’emploi de couleurs attribués aux partis politiques n’était pas aussi égalitaire pour les candidats ni aussi clair pour les électeurs. Cela n’a pas empêché le scrutin de se faire malgré les incompréhensions suscitées auprès de l’électorat.

La démocratie idéale n’existe nulle part. La réalité le montre clairement. Dans le mode de production capitaliste où l’exploitation de l’homme par l’homme induit des inégalités sociales à tous les niveaux, la démocratie reste une utopie dont l’approche est renouvelée, améliorée et protégée en chaque instant.

Les techniques électorales, dont les résultats aboutissent à une représentation de la population et à un mandat des élus par délégation,ne sont pas un dogme absolu et perpétuel. Elles reflètent les exigences politiques du moment tant que l’attachement à la démocratie est affirmé. « Le système électoral marocain doit répondre à (des) besoins contradictoires. Dans sa forme actuelle il semble du fait de sa complexité, plus apte à cristalliser les conflits qu’à les résoudre. »écrivait déjà un chroniqueur en 1966.

De grâce, donnons un second souffle au processus démocratique au lieu de vouloir l’enterrer, même si cela relève du fantasme. Agissons, chacun de la position où il se trouve, pour l’apaisement des cœurs et des esprits afin d’enregistrer une forte participation de la population aux scrutins envisagés ; et que les choix soient responsables et qu’ils s’effectuent dans la sérénité, la liberté et le respect de la loi.

Cessons alors les polémiques stériles et mobilisons-nous tous pour que la démocratie au Royaume du Maroc soit la meilleure par son système électoral et dans ses aspects économique, social, culturel et politique, pour le bienêtre de toute la population.

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