C’est dans les périodes difficiles que le gouvernement

montre la vérité de qui il est vraiment.

par Mustapha Labraimi

En ce mois de Ramadan où le jeune s’accompagne généralement d’une religiosité qui s’affiche et parfois d’une recherche de la spiritualité, les affaires d’ici-bas ne cessent de préoccuper.

L’envolée des prix qui ne cesse de croître constitue une tourmente pour la majeure partie de la population. A cette perturbation majeure de la vie au quotidien s’ajoute les annonces ténébreuses des responsables de Bank al Maghrib et du Haut-Commissariat au Plan.

Pour ces grands commis de l’Etat, le fléau de l’inflation « continue de s’accélérer », malgré les actions menées par Bank Al Maghrib. M. Lahlimi ne s’arrête pas au constat mais affirme que l’inflation est devenue structurelle et que « le levier monétaire ne résoudra pas le problème ». Comme prenant acte de l’inaction gouvernementale à ce sujet, comme pour d’autres, le Haut-Commissaire au plan annonce « qu’il faut s’habituer à vivre avec ».  Quelle sobre perspective pour le pouvoir d’achat de la population ! A quelques jours des fêtes à l’occasion de la rupture du jeûne suivie par celle de l’Aïd Al Adha ; et les vacances de l’été qui approchent, sans parler de la rentrée prochaine et de ses dépenses.

Le mutisme gouvernemental est dénoncé par le Haut-Commissaire au Plan dont l’avis est de « traiter l’opinion publique avec respect, la considérer comme mature et lui dire la vérité pour qu’elle soit consciente des réformes qu’il faut mener ».

Dire la vérité sur le modèle de développement dont on ne sait plus lequel on pratique, l’ancien ante-covid qui a été dénoncé comme obsolète ou le nouveau post-covid qui est devenu « invisible » alors que cité en référence lors de l’annonce solennelle du programme gouvernemental.

Dire la vérité sur la situation de notre agriculture et des plans colorés qui l’ont corrompue alors qu’il urge « d’aller vers une souveraineté alimentaire et produire pour ce que nous consommons en premier lieu ».

Dire la vérité sur les raisons fondamentales du mutisme et de l’inaction gouvernementale et expliquer à l’opinion publique, mature et responsable, ce qui est advenu et adviendra des rentrées fiscales conséquentes au renchérissement des prix. Des milliards de dirhams … !

Dire la vérité sur le retard à mettre en œuvre ce fameux registre social unifié alors que les inégalités sociales se creusent et que l’appauvrissement augmente. Le gouvernement avait déjà, du temps du confinement suite à la pandémie, expérimenté la faisabilité de l’une de ses versions avec un relatifsuccès. Quelles sont les causes réelles de la procrastination de cette action ?

Dire la vérité sur cette volonté de « faire plaisir aux organismes internationaux (FMI, Banque mondiale …) qui n’ont jamais voulu changer leur recette » et celle de ne pas appliquer ce que permet l’arsenal juridique national pour plafonner les prix à la consommation et mettre fin à ce défaut de concurrence notoire pour profiter de l’augmentation des prix à la pompe pour les hydrocarbures.

Sans vouloir aborder les problèmes du système éducatif et de la formation, ceux en lien avec l’emploi et la nécessaire émergence de notre économie pour répondre aux besoins de notre jeunesse, ceux de l’accès aux soins, ceux concernant les libertés démocratiques, l’apaisement du champ politique et sa dynamisation pour consolider notre front intérieur et notre processus démocratique, ceux en relation avec la situation de la femme… et d’autres ; il apparait clairement que notre gouvernement s’est appesanti sur la majorité acquise aux dernières élections pour ne rien faire, ne rien entendre et ne rien dire, comme les « trois magots ».

La résistance au changement et le profit égoïste ne peuvent à eux seuls expliquer la paresse gouvernementale. L’équipe est faible et méconnait les attentes légitimes du peuple marocain pour son émancipation, son bienêtre, le respect de sa souveraineté et pour, comme disait l’autre, « le temps de vivre ».

Si « c’est dans les moments difficiles que l’humain montre la vérité de qui il est vraiment », il en est de même du gouvernement. A lui d’user des moyens dont il dispose pour concrétiser au moins son programme et ouvrir des horizons au pays et à l’ensemble de ses forces vives.

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