Coin de l’expert: L’impact économique de l’Euro 2016

A chaque début d’une grande compétition sportive, une question taraude les économistes et les financiers sur le bilan économique. Cette édition 2016 de l’Euro ne déroge pas à la règle surtout que cet événement est le troisième événement sportif le plus suivi et diffusé au monde après la Coupe du monde de football et les Jeux Olympiques d’été. Nous pouvons ainsi commencer par les chiffres avant de revenir sur les impacts de l’organisation d’une manifestation sportive. Ainsi, en 2010, d’exemple l’Afrique du Sud a eu un chiffre d’affaires direct de 1,2 milliards euros quand la France s’attend selon le Centre de droit et d’économie du sport de Limoges (CDES) à 1,26 milliards euros.

Aussi, l’impact économique global est jugé positif et a été estimé entre 6 milliards de $ en Afrique du Sud à 14 milliards de $ en Allemagne en passant par 12 Mrds $ au Japon et en Corée du Sud. Aussi, pour l’Afrique du Sud, les économistes ont estimé cet impact direct à une croissance supplémentaire comprise entre 0,1% et 0,2% du PIB.

Le cas du Brésil est un peu particulier car le pays a dépensé 12 milliards de $ pour 2014, ce qui constitue un plafond vu que le pays en a profité pour moderniser ses aéroports et plusieurs autres infrastructures. Aussi, il s’agit d’une concentration des investissements de 15-20 ans en six ans, cet effort étant lissé après le Mondial. 

Notons que cette année, les chaines marocaines risquent de souffrir d’un impact négatif au niveau de l’audience car les principaux matchs coïncident avec le prime-time de 19h-21H. Une telle baisse d’audience ne serait pas sans impact sur les recettes publicitaires, du moins au niveau de tarification. 

Concernant la théorie, globalement, nous pouvons distinguer trois grands impacts consécutifs à l’organisation d’une grande compétition sportive :

– Impact économique direct : L’organisation d’une compétition stimule d’abord la valeur ajoutée du secteur du BTP. En effet, le pays organisateur a besoin de construire des infrastructures sportives, de mettre à niveau le réseau de transports et de télécoms voire de construire des hôtels et des palais des congrès. En France, Thierry Braillard, le secrétaire d’Etat aux Sports, a indiqué qu’en termes d’emplois, la phase de construction et d’extension des stades a engendré environ 500.000 heures de travail. Aussi, Pôle emploi a recensé 4.000 postes à pourvoir dans les transports, l’hôtellerie, la restauration ou l’évènementiel. Enfin, 5.000 personnes seront embauchées pour assurer la sécurité des stades et des « fans-zones ». Au Brésil, en 2014, dans le BTP 3,6 millions d’emplois ont été créés.

Cet impact touche aussi les milliers voire des millions de touristes qui affluent entre supporters, officiels et journalistes. Ainsi, au Brésil, 4 millions de visiteurs ont visité le pays lors de la coupe du monde, la proximité géographique de l’Argentine et des autres pays de l’Amérique Latine, ayant stimulé le tourisme.  Au Maroc, lors de la coupe du monde des clubs, les visiteurs ont été estimés à près de 10 000 brésiliens, 5000 allemands et des milliers de mexicains.

– Impact sur l’image du pays : Un pays qui organise un événement majeur améliore son image d’abord en interne. Ce fut l’exemple de Black-Blanc-Beur en France lors de la coupe du monde de 1998. Aussi, l’image externe s’améliore aussi permettant une meilleure attractivité des investissements directs étrangers (IDE), une fidélisation des touristes et une publicité pour l’organisation de congrès et l’événementiel. Bien entendu, ceci suppose que la compétition se déroule sans couac majeur, ce qui n’est pas gagné en France vu les mouvements sociaux notamment dans le transport.

– Impact politico-social : L’organisation d’une compétition est souvent l’occasion d’intéressement de certaines régions et une occasion pour améliorer l’aménagement du territoire. Une région comme Ziguinchor au Sénégal a profité de la CAN 1992 pour rattraper son retard. De même, la tension entre le Japon et la Corée du Sud, est apaisée depuis la co-organisation du Mondial.

Farid Mezouar

Expet financier et directeur exécutif de flm.ma

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