Création de l’OUA : le rôle fédérateur du Maroc

Sahara marocain

Mohamed Khalil

Le Maroc, grâce à l’aura que feu SM Mohammed V, par son combat pour l’indépendance nationale, a pu lancer l’initiative, avant son décès le 26 février 1961, de rassembler le continent africain autour des valeurs de la solidarité et de la fraternité.

Avec les leaders africains de l’époque, ce travail de rassemblement se poursuivait dans la ligne de la Conférence de Bandoeng (1955), qui avait réuni, sous la présidence du leader indonésien Sukarno,   des pays d’Asie et d’Afrique, nouvellement indépendants, pour affirmer leur volonté d’indépendance et de non-alignement sur les super puissances..

Dans cette suite logique que sera concrétisé par la naissance de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) le 23 mai 1963, à Addis-Abeba, par la signature de la Charte créant l’instance panafricaine.

Pour la rédaction de cette Charte, Feu SM Mohammed V avait réuni à Casablanca, le 4 janvier 1961 soit 4 mois avant la création, une conférence africaine pour faire le diagnostic de la situation politique, économique et sociale en Afrique. C’est lors de cette conférence que la charte dite de Casablanca (On  l’appelait la charte de l’Afrique nouvelle). Elle avait mis en avant la feuille de route africaine axée autour de nombreux objectifs dont notamment : « la liquidation du régime colonial, l’élimination de la ségrégation raciale, l’évacuation des forces étrangères de l’Afrique, l’opposition à toutes les ingérences étrangères…»

La touche indélébile du Maroc

Le Maroc avait déjà arraché son indépendance et commencé l’édification du pays. Feu SM Mohammed V était, également, le héros de l’indépendance en Afrique où il jouissait d’une grande estime. Il était connu aussi par ses penchants patriotiques qui s’opposaient aux politiques impérialistes. Car les anciennes puissances coloniales n’avaient fait que changer de fusil d’épaule pour maintenir leurs privilèges. Le père de la Nation marocaine s’était totalement engagé dans cette œuvre unitaire continentale, malgré les enthousiasmes des uns et des autres. Les observateurs politiques de l’époque avaient souligné les rapports devenus amicaux entre le leader du « panarabisme » ambiant et néanmoins anti-impérialiste Nasser et le roi des rois, l’empereur éthiopien Haïlé Sélassié, qui abritait dans son palais la création de l’OUA…

Il faut dire que la fraternité et la solidarité, en plus du pragmatisme politique né de la sortie du colonialisme, ne permettaient pas l’exercice d’une quelconque politique politicienne …

Après le décès de SM le roi Mohammed V, le 26 février 1961, c’est SM Hassan II qui prendra le relais de la construction africaine.

Quelques jours après la création de l’OUA, feu SM Hassan II se distingua par la création, le 2 juin 1961, d’un ministère des Affaires africaines, dirigé par feu Abdelkrim El Khatib. Une première mondiale !

Sur cette lancée, le Maroc accueillera en 1962 le leader de l’ANC,  Nelson Mandela, auquel un soutien politique et, surtout militaire, est accordé par la livraison d’armes à l’ANC.

C’était une œuvre gigantesque face aux divergences ethniques, linguistiques et, surtout, politiques auxquelles l’OUA avait fait face pour, au moins, mettre de côté les divisions politiques.

Il ne faudra pas oublier qu’à l’époque, les leaders africains avaient pour nom : le Guinéen Sékou Touré , le Ghanéen Kwame Nkrumah, le Malien Modibo Keita, l’Ivoirien Houphouët, le Malgache Tsiranana, le Sénégalais Senghor, l’Egyptien Nasser, le Tunisien Bourguiba…

Ces grands leaders étaient divisés sur la vision et l’allure à donner à l’Afrique. Le groupe de Casablanca s’était constitué autour de Sékou Touré et Kwame Nkrumah et prônait la création d’un État fédéral africain, avec un gouvernement et une armée. Il était constitué du Maroc, de l’Algérie, de l’Egypte, du Ghana, de la Guinée, de la Libye et du Mali. Face à eux, le groupe de Monrovia, jugé trop réformiste, regroupait autour de Sengor, Houphouët et Tsiranana mettait en avant l’impératif de coopérer avec les puissances coloniales.

Mais déjà le poids du néocolonialisme, dont les représentants étaient les pays du groupe de Monrovia, pesait sur la fondation de l’OUA. La France, qui a créé la Mauritanie, l’avait imposée comme pays africain indépendant du Maroc qui revendiquait son droit ancestral.

Heureusement quelques actions allaient donner l’espoir des réconciliations, notamment celle de Bourguiba avec l’Algérie et l’Egypte.

Il faudra rappeler, pour l’histoire, que les seuls dossiers de décolonisation qui étaient à l’ordre du jour concernaient les colonies portugaises (Mozambique et Angola, en plus du régime d’apartheid En Afrique du sud).

Dans le préambule de la charte d’Addis-Abéba, les principes ont été énoncés. Il s’agit globalement, du :

  • « droit inaliénable des peuples à déterminer leur propre destin » ;
  •  de la sauvegarde de l’indépendance et de la souveraineté « durement conquises, ainsi que l’intégrité territoriale de nos Etais, et à combattre le néo-colonialisme sous toutes ses formes » ;

Et première grande concession pour obtenir le consensus, l’OUA a préconisé l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation.

Parmi les premières actions entreprises par l’OUA, signalons, tout particulièrement, la première session extraordinaire du conseil des ministres, qui avait été consacrée à la médiation entre l’Algérie et le Maroc à propos du conflit frontalier qui les oppose. Il institue une commission spéciale de sept membres qui s’était réunie sans tarder. Plusieurs réunions allaient se tenir notamment en décembre 1963. à Abidjan, puis à Bamako, puis en mai 1964 à Bamako-Rabat-Alger … sans grands succès car Boumediene avait initié une politique anti-marocaine basée sur les ressentiments de la guerre des sables…

Demain : Les ressentiments nés de la guerre des sables,

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