Démantèlement d’un réseau d’extrême droite qui voulait attaquer le Parlement

Allemagne

La justice allemande a annoncé mercredi avoir déjoué des projets d’attentats d’un groupuscule d’extrême droite et complotiste qui voulait s’en prendre aux institutions démocratiques du pays et notamment au Parlement.
Au coeur de cette conspiration criminelle, selon la presse et le parquet : un descendant de la noblesse allemande, d’anciens militaires, une ressortissante russe et une ancienne députée d’extrême droite.
Ils comptent parmi les 25 personnes arrêtées au petit matin lors d’un vaste coup de filet dans tout le pays. La justice les soupçonne « d’avoir fait des préparatifs concrets pour pénétrer violemment dans le Bundestag allemand », la chambre des députés à Berlin, « avec un petit groupe armé », selon un communiqué du parquet.
Quelque 3.000 membres des forces de l’ordre ont été mobilisés et plus de 130 perquisitions ont été menées dans ce que les médias ont décrit comme la plus importante opération policière de ce type jamais menée en Allemagne.
Les investigations en cours lèvent le voile sur « l’abîme d’une menace terroriste », a commenté la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser.
La cellule démantelée était « mue par des fantasmes de renversement violent et des idéologies conspirationnistes », a-t-elle ajouté.
Sont cités par la justice comme meneurs présumés : « Henri XIII P. R. » et « Rüdiger v. P. ».
Le premier, identifié par la presse allemande comme le Prince Reuss, descendant d’une lignée de souverains de l’Etat régional de Thuringe (est), est un entrepreneur septuagénaire, avec qui une partie de sa famille a pris ses distances.
Arrêté à Francfort, il possédait également un château près de Bad Lobenstein, dans le centre du pays, qui a été perquisitionné.
Le second est, selon les médias, un ex-lieutenant colonel de la Bundeswehr. Commandant d’un bataillon de parachutistes dans les années 1990 et fondateur d’un commando d’Unité des forces spéciales (KSK), il a dû quitter l’armée allemande à la fin des années 1990 après avoir enfreint la loi sur les armes.
Est également mentionnée dans le communiqué du parquet une Russe « Vitalia B. », identifiée par la presse allemande comme la compagne de Henri XIII. Elle a, selon les procureurs, servi d’intermédiaire pour tenter de prendre contact avec les autorités russes en vue d’un éventuel soutien.
Toutefois, l’ambassade russe à Berlin, citée par les agences de presse d’Etat Ria Novosti et Tass, a démenti tout lien avec des organisations « terroristes » ou « illégales » en Allemagne.
Egalement arrêtée une certaine « Birgit M.-W. ». Il s’agirait d’après la presse allemande de Birgit Malsack-Winkemann, juge et ancienne députée du parti d’extrême droite AFD qui siégeait au Bundestag entre 2017 et 2021.
Outre les interpellations, 27 autres personnes sont visées par l’enquête, selon le parquet. Une arrestation a eu lieu en Autriche et une autre en Italie.
Fondé « au plus tard fin 2021 », le groupuscule avait « pour objectif de venir à bout de l’ordre étatique existant en Allemagne et de le remplacer (…) », un projet ne pouvant être réalisé « que par l’utilisation de moyens militaires et de la violence contre les représentants de l’Etat », selon le communiqué du parquet de Karlsruhe, en charge des affaires concernant la sécurité de l’Etat.
Ses membres sont « unis par un profond rejet des institutions de l’État et de l’ordre fondamental libéral et démocratique », et bien décidés à « participer à son élimination », décryptent les procureurs.
Les autorités allemandes ont classé ces dernières années la violence d’extrême droite au premier rang des menaces à l’ordre public, avant le risque jihadiste.
Au printemps, elles avaient démantelé un autre groupuscule d’extrême droite soupçonné d’avoir projeté des attentats et l’enlèvement du ministre de la Santé, à l’origine des mesures de restriction anti-Covid.
Cette nébuleuse se reconnaît dans le mouvement allemand dit des « Reichsbürger » (citoyens du Reich), qui ont pour point commun de rejeter les institutions, refusant les ordres de la police ou le paiement des impôts.
Sur les quelque 20.000 militants estimés de cette idéologie en Allemagne, une frange s’est radicalisée, intégrant notamment des négationnistes et envisageant le recours à l’action violente.
Dans le cas du groupe démantelé, les membres se référaient également aux théories de la mouvance QAnon, groupe conspirationniste d’extrême droite venue des États-Unis, selon le parquet.

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