Du bon usage des antimicrobiens

Résistances aux antibiotiques

Ouardirhi Abdelaziz

La résistance aux antibiotiques constitue aujourd’hui, l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale. Elle peut toucher toute personne, à n’importe quel âge et dans n’importe quel pays.

La résistance aux antibiotiques est un phénomène naturel mais le mauvais usage de ces médicaments accélère le processus.

Un nombre croissant d’infections, comme la pneumonie, la tuberculose ou la gonorrhée, la salmonellose, deviennent plus difficiles à traiter, les antibiotiques utilisés pour les soigner perdent leur efficacité.

La résistance aux antibiotiques entraîne une prolongation des hospitalisations, une augmentation des dépenses médicales et une hausse de la mortalité.

Qu’est-ce que les antimicrobiens ?

Les antimicrobiens comme les antibiotiques, les antiviraux, les antifongiques et les antiparasitaires, sont des médicaments utilisés pour prévenir et traiter les infections chez les êtres humains, les animaux ou les végétaux. 

Que signifie la résistance aux antimicrobiens ? 

La résistance aux antimicrobiens survient lorsque les bactéries, les virus, les champignons et les parasites évoluent au cours du temps et ne répondent plus aux médicaments, rendant plus complexe le traitement des infections et augmentant le risque de propagation, de forme grave de la maladie et de décès. 

Du fait de la résistance aux antimicrobiens, nombreux sont  les médicaments antimicrobiens qui perdent leur efficacité, ce qui explique que certaines infections deviennent de plus en plus difficiles, voire impossibles à traiter.

De la responsabilité des uns et de l’ignorance des autres

Comment peut-on expliquer cela ? Il ne fait aucun doute qu’une  large prescription d’antibiotiques, souvent non justifiée, mais destinée à satisfaire un patient, un client est susceptible d’entraîner à la longue l’émergence de résistances bactériennes. Ce qui est aujourd’hui le cas pour de nombreux agents pathogènes responsables de maladies pour lesquels l’arsenal thérapeutique usuel, n’arrive plus à les combattre, à les éliminer totalement, car ces microbes sont devenus résistants, le cas de la tuberculose est édifiant.

Comme responsables de cette résistance aux antibiotiques, l’OMS pointe du doigt certains médecins, qui ont la main légère pour  prescrire plus d’antibiotiques qu’il n’en faut. Ce n’est pas une vue de l’esprit. Bien au contraire, c’est  une réalité, et chez nous certains médecins agissent ainsi.

Au niveau des pharmacies, les vendeurs servent la clientèle sans se soucier le moindre du monde de la prescription médicale.

Par ces actions et gestes répétés des centaines de fois, voire des milliers de fois par jour, les vendeurs de certaines pharmacies  deviennent coupables de cette situation dangereuse. Le tout sous le regard du pharmacien quand celui-ci est présent dans son officine…

Mais ils ne sont pas les seuls à être blâmés, car de nombreux citoyens par manque d’information, manque de sensibilisation, et par ignorance, achètent directement des antibiotiques à la pharmacie du coin qu’ils utilisent  abusivement pour un rhume, brulure urinaire, toux, et de simples bobos.

On comprend dès lors mieux qu’une large prescription d’antibiotiques, souvent non justifiée, mais destinée à satisfaire un patient, un client est susceptible d’entraîner l’émergence de résistances bactériennes. Ce qui est aujourd’hui le cas pour de nombreux agents pathogènes responsables de maladies pour lesquels l’arsenal thérapeutique usuel, n’arrive plus à les combattre, à les éliminer totalement, car ces microbes sont devenus résistants.

4 millions de victimes par an en Afrique

Une étude, the Tackling drug-résistant infection globally datant de mai 2016 estime que si rien n’est fait, quelque dix millions de personnes mourra chaque année du simple fait de la résistance des microbes aux antibiotiques.

On estime à cet effet à plus de 2,4 millions le nombre de décès en Europe, en Amérique du Nord et en Australie au cours des 30 prochaines années.

L’Afrique payerait le plus lourd tribut à ce problème, avec quatre millions de victimes, parce qu’elle a le système de santé le moins performant et demeure le continent le plus touché par  les maladies transmissibles comme la tuberculose et le sida.

L’organisation mondiale de la santé, ne cesse de tirer la sonnette d’alarme pour que les responsables gouvernementaux, les professionnels de santé, les sociétés savantes agissent tous pour lutter contre le phénomène de la résistance aux antibiotiques.

 Dans le même ordre d’idées, il est utile de rappeler que si rien n’est fait , les coûts des soins de santé devraient augmenter de 25% dans les pays à faible revenu, si la résistance aux antibiotiques n’est pas contrôlée ; ce qui entraînerait un appauvrissement significatif, explique Liz Tayler, directrice technique du secrétariat à la résistance aux antibiotiques, à l’OMS.

Le corps médical Marocain mobilisé

Face à cet enjeu crucial en matière de santé publique, le corps médical Marocain dans son ensemble, est particulièrement engagé depuis plusieurs années pour étudier, analyser la problématique.

A cet effet, les sociétés savantes consacrent au problème de l’antibioresistance des tables rondes, des rencontres avec d’imminentes personnalités du monde de la médecine, de la recherche, des spécialités des maladies infectieuses, et des médicaments, pour apporter des réponses, des solutions aux nombreux problèmes que pose aujourd’hui l’antibioresistance. Comme elles ne cessent d’émettre des avis spécialisés, des recommandations motivées, visant à diminuer la consommation d’antibiotiques et à réduire les conséquences sanitaires et environnementales de l’antibiorésistance.

Grace à la mobilisation constante des médecins du secteur public et du secteur privé, mais aussi à l’apport scientifique de notre industrie pharmaceutique, la prévention de l’antibiorésistance est l’une des thématiques prioritaires nationales du développement professionnel continu des professionnels de santé, et on se doit de rester vigilent, de permettre aux générations futures de jeunes médecins d’être bien outillés, bien formés et informés afin de bien comprendre les réels enjeux de l’antibioresistance en santé publique.

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