En dépit de leurs promesses, les Talibans afghans renouent avec leur passé

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Au moment de se réinstaller au pouvoir, en Août dernier, les talibans voyant qu’ils avaient suscité la panique chez une grande partie de la population afghane avaient promis, tant à leurs compatriotes qui, sous l’impulsion des Nations-Unies et des pays occidentaux avaient assisté à la mise en place dans le pays de nombreuses réformes sociales et sociétales, qu’à  la communauté internationale, qu’ils allaient tempérer leur ardeur, en matière de droits des femmes, notamment.

Or, il n’en est toujours rien dès lors que ce mouvement continue de prôner cette interprétation ultra-rigoriste et conservatrice de l’Islam pour laquelle la femme restera cette éternelle mineure qui doit être reléguée hors de l’espace public et qu’il a mis en place, à cet effet, ce fameux ministère de la Promotion de la vertu et de la prévention du vice dont la mission première est l’élaboration de recommandations portant sur la manière avec laquelle les femmes doivent se vêtir.

Ainsi,  après avoir exigé de ces dernières de ne porter que le hijab c’est-à-dire ce foulard qui couvre la tête tout en laissant apparaître le visage, voilà que les nouveaux dirigeants afghans leur imposent de se draper d’une burqa.

Dans un décret dûment visé par Hibatullah Akhundzada, le chef suprême des Talibans, il est clairement déclaré, d’une part, que « les femmes qui ne sont ni trop jeunes ni trop vieilles devraient voiler leur visage quand elles font face à un homme qui n’est pas membre de leur famille » et, d’autre part, qu’il est préférable, pour elles, « de rester à la maison » quand ce qu’elles sont appelées à faire dehors ne revêt pas une très grande importance. Le décret précité énumère, également, les punitions auxquelles seront exposés les chefs de familles qui ne feraient pas respecter le port de la burqa par les femmes et les jeunes filles qui sont sous leurs ordres.

Alors que pendant les vingt années de présence des forces étrangères en Afghanistan, l’éducation des filles et le travail des femmes avaient été développés et fortement soutenus, les talibans renouent, neuf mois après leur conquête du pouvoir, avec une politique de sévère restriction des droits des femmes.

En outre, après avoir fermé aux femmes l’accès aux emplois publics, le régime de Kaboul leur interdit, désormais, de voyager aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays sans être accompagnées d’un membre masculin de leur famille ou même d’accéder aux collèges et aux lycées qu’il a fermés quelques heures à peine après leur réouverture alors même que celle-ci avait été annoncée de longue date.

Non content de s’arrêter là, le nouveau régime afghan a poussé ses incongruités encore plus loin en prenant des décisions aussi rocambolesques que saugrenues lorsqu’après avoir interdit à la gente féminine de passer l’examen nécessaire à l’obtention du permis de conduire, il a décidé que les femmes et les hommes ne puissent même plus accéder, durant les mêmes horaires, aux jardins publics.

Mais, comme il fallait s’y attendre, les afghanes se sont élevées contre ces restrictions qui portent gravement atteinte à leurs libertés à telle enseigne qu’à la suite de la féroce campagne de répression qui s’est abattue sur elles des dizaines d’entre elles ont été arrêtées et détenues pendant plusieurs semaines.

Or, bien qu’il s’acharne à montrer ses biscoteaux, le nouveau régime des Talibans n’est pas aussi « puissant » qu’il voudrait bien le laisser croire vu les nombreux attentats perpétrés par le groupe terroriste Daech mais surtout sa très forte dépendance de l’aide humanitaire.

Qu’adviendra-t-il au pays alors que bien qu’étant extrêmement affaibli, les pays occidentaux et notamment les Etats-Unis gardent leurs distances vis-à-vis du nouveau régime de Kaboul tout en maintenant le gel des milliards de dollars et d’euros d’avoirs afghans déposés dans les banques étrangères ? Attendons pour voir…

Étiquettes
Top