Attendons pour voir…
Nabil EL Bousaadi
Etant, désormais, une pièce-maîtresse dans la fabrication de tout ce dont le monde d’aujourd’hui a besoin – des smartphones aux voitures – les semi-conducteurs sont devenus un élément-clé de la rivalité technologique entre la Chine et les Etats-Unis qui se trouvent, dès lors, contraints de s’affronter dans ce que l’on pourrait appeler une véritable « bataille des puces ».
Aussi, en tenant compte du fait que le besoin en semi-conducteurs avait explosé pendant la pandémie du coronavirus à cause notamment de la fermeture des usines chinoises et que Washington, dont la part dans la production mondiale a fortement reculé ces dernières années au profit de l’Asie en a réellement souffert car, en ralentissant la production des voitures, le manque de puces avait fait flamber les prix des automobiles, les Etats-Unis se sont trouvés contraints de retrousser leurs manches pour essayer de conserver leur avance sur la Chine, voire même pour rattraper les autres pays asiatiques en pointe dans le secteur comme Taïwan ou la Corée du Sud.
C’est donc en étant fort soucieux de ne point se laisser distancer par la Chine qui avait lancé, en 2015, le fameux plan « Made in China 2025 » – qui avait mis à nu l’ambition de Pékin de devenir une grande puissance technologique, dans le domaine des semi-conducteurs notamment, en produisant 70% des puces qu’elle utilise – que le président américain, Joe Biden, a ratifié, ce mardi, le « Chips Act », une loi adoptée par le Congrès, le 29 Juillet dernier et prévoyant de subventionner le secteur des semi-conducteurs à hauteur de 52 milliards de dollars.
L’adoption, à l’approche des élections de mi-mandat, et après un long combat, de ce texte qui prévoit, également, que plusieurs dizaines de milliards de dollars seront alloués à la recherche et au développement constitue une victoire pour le président américain dès lors que, comme il l’a affirmé, dans un communiqué après le vote du Congrès, ce plan d’investissement « va diminuer les coûts de la vie quotidienne, créer des emplois industriels bien payés dans le pays et renforcer la place de leader des Etats-Unis dans l’industrie du futur »
Aussi, après avoir déclaré que l’adoption du « Chips Act » a « amplifié » ses « efforts pour fabriquer des semi-conducteurs en Amérique », Joe Biden a rendu un vibrant hommage aux entrepreneurs qui sont « la raison pour laquelle (il est) optimiste pour le futur du pays ».
Ainsi, 39 milliards de dollars seront alloués à la construction de nouvelles usines de fabrication de puces sur le territoire américain pour soutenir principalement l’implantation d’entreprises étrangères comme le taïwanais TSMC (Taïwan Semiconductor Manufactoring Co) qui détient 53% du marché mondial des semi-conducteurs et le sud-coréen « Samsung electronics » qui, à eux deux, ont annoncé plus de 60 milliards de dollars d’investissements dans des unités de production qui seront ouvertes en Arizona et au Texas ; ce qui témoigne de l’importance cruciale des puces électroniques pour la sécurité du pays et qui explique les raisons pour lesquelles, lors de sa brève visite de dix-huit heures à Taïwan, Nancy Pelosy, la présidente de la chambre des représentants, avait eu des entretiens avec Mark Liu, le patron de TSMC.
Si la « bataille des puces » qui oppose Washington et Pékin dans leur interminable guerre pour la domination technologique et économique (intelligence artificielle, biotechnologie…) ne fait que commencer, tout indique qu’elle est là pour durer du moment que les semi-conducteurs occupent, désormais, une place de choix dans la sécurité nationale et économique de tous les pays mais attendons pour voir…