Enjeux sanitaires et économiques

Réouverture des frontières

Ouardirhi Abdelaziz

Fin novembre, les autorités marocaines ont décidé de suspendre tous les vols directs de passagers à destination du Maroc. Une décision liée à la flambée de l’épidémie de coronavirus et au variant Omicron, mais qui ne sera plus en vigueur à compter du 7 février prochain.

Enjeux Sanitaires

Le Maroc a enregistré son premier cas de covid-19, le 02 mars 2020. Les autorités marocaines ont décrété l’état d’urgence sanitaire le 20 mars alors que le pays ne comptait que 77 cas positifs.

Mais très vite, le Maroc s’est retrouvé face à des déferlantes de cas Covid, et nous avons tous encore en mémoire, les clusters enregistrés au sein d’entreprises, d’usines où il y avait des centaines et des centaines de nouveaux cas.

Face à ces flux de malades,  les lits d’hôpitaux ne suffisaient plus : il y a  25.000 lits dans le public, soit un ratio de 10 pour 10 000 habitants. Les unités de réanimation et de soins intensifs ne pouvaient pas faire face à toutes les demandes. Il y avait 1640 lits de réanimation pour une population de 36 millions d’habitants, fort heureusement que grâce à divers financements, le Maroc a pu multiplier par 5 le nombre de lits de réanimation. Aujourd’hui, lequel se chiffre à plus de six- mille.

Les ressources humaines, un enjeu majeur dans le secteur de la santé

Le corps médical exerçant au niveau des établissements publics de santé se chiffre à 12.454. Celui exerçant dans le secteur privé est estimé à 13.622 médecins.

Au total, le Maroc compte 25.575 médecins dans le public et privé (11.953+13.622). Pour une population de 36 millions d’habitants, le ratio est de 7,1 médecins pour 10.000 habitants. Il est encore très loin du standard de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fixé à 15,3 médecins pour 10.000 habitants.

Le système de santé souffre d’un manque cruel en ressources humaines. Le Maroc a un déficit de 97.566 professionnels de santé, dont 32.522 médecins et 65.044 infirmiers, la densité actuelle ne dépasse pas 1,7 par 1.000 habitants, ce qui signifie un besoin de 2,75 par 1.000 habitants.

Sans des ressources humaines en nombre suffisants, notre système de santé ne réussira jamais à relever les défis auxquels il doit faire face.

Il ne faut pas se tromper, se leurrer, et croire que le problème des ressources humaines va se résolver avec le temps.

Et même avec tout l’argent du monde, avec les 23,5 milliards de dirhams (MMDH) du budget général de l’État au ministère de la Santé et de la protection sociale, en hausse de 19% par rapport à l’exercice 2021, cela ne signifie absolument rien si le ministère de la Santé ne dispose pas du personnel nécessaire pour mener à bien ses missions.

Contrôle sanitaire aux frontières

Le contrôle sanitaire aux frontières est une responsabilité du gouvernement et une compétence du ministère de la Santé. Il a pour objectif de minimiser les risques d’entrée ou de sortie de problèmes de santé en provenance de ou vers l’international, en application du Règlement Sanitaire International auquel a souscrit le Maroc.

S’agissant de la lutte contre le Covid , et  du contrôle sanitaire aux frontières, c’est un enjeu sanitaire indéniable. Il est essentiel de revoir toute la stratégie et l’organisation mises en place il y a deux ans.

Il est dépassé le temps où on prenait la température corporelle pour seul critère d’évaluation d’un covid.

Aujourd’hui, tous les aéroports du Maroc disposent  de caméras thermiques et thermomètres électroniques, qui détectent facilement la température des voyageurs. Les personnes à température élevée devront systématiquement effectuer un test antigénique.

Si un voyageur est positif au Covid, celui-ci est pris en charge temporairement, médicalement avant d’être renvoyé dans son pays d’origine.

La question qui reste posée, c’est celle des frontières terrestres et maritimes .Il est évident que ces frontières ne resteront pas éternellement fermées. Il va donc falloir dés à présent prévoir toute la logistique nécessaire pour assurer les contrôles sanitaires au niveau de ces frontières.

Et les enjeux économiques

La question de l’ouverture ou non des frontières a fait couler beaucoup d’encre. Elle a soulevé des passions, crée des tensions, suscité la colère, mais elle incite aussi à la pondération et à la sagesse.

Finalement, c’est une question qui ne laisse aucun marocain indiffèrent car les enjeux sont importants, multiples et variés.

C’est la raison pour laquelle plusieurs décideurs, responsables, experts, ont apporté, développé et enrichi par leurs analyses, une situation perplexe.

Il est utile de rappeler si besoin est que la fermeture des frontières a frappé de plein fouet l’industrie du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration, la fermeture des cafés, des bars, des boites de nuit, des hammams, des salles de fêtes, de mariages. Toutes ces fermetures ont eu des répercussions soudaines et dramatiques sur les travailleurs et entreprises. Souvent, les premiers à perdre leur emploi sont ceux dont le travail était déjà précaire comme, les serveurs, le personnel de cuisine, les bagagistes et les employés de services de nettoyage.

L’ouverture des frontières est très importante, c’est un enjeu majeur pour l’économie de notre pays. Le tourisme est un secteur vital pour l’économie du royaume.

L’importance du tourisme au Maroc n’est plus à démontrer, c’est un secteur qui créait de la richesse. En cela, il constitue une partie importante du produit intérieur brut, avec un concours de 8 à 10 % du PIB du pays. En plus, c’est un secteur qui crée des emplois, plus de 550 000 d’emplois directs ont été créés en 2019, soit près de 5% de part d’emploi dans l’ensemble de l’économie.

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