Enseignement : la gratuité, ce n’est pas fini !

Le Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique (CSERFS) réagit à nouveau sur la polémique autour de la fin de la gratuité du système éducatif.

Son président, Omar Azziman, qui était l’invité de l’émission «Confidences de presse», dimanche dernier sur 2M, a tenu à clarifier la position de son instance. Il affirme qu’un quiproquo est à l’origine de cette vague d’indignation. «Il n’a jamais été question de proposer l’annulation de la gratuité de l’Ecole publique, mais plutôt d’instituer des frais d’inscription pour les familles qui en ont les moyens», a-t-il affirmé à plusieurs reprises. Sachant que les familles les plus démunies en seront exonérées. Le Conseil recommande d’ailleurs l’élaboration d’une étude sur la capacité de contribution des familles pour définir les cas d’exemption et le plafond des frais d’inscription. En attendant, Omar Azziman a multiplié les clarifications pour calmer les ardeurs de l’opinion publique. Il a notamment rappelé que l’avis du Conseil n’a pas force d’obligation dans la mesure où la loi réglementant cette instance ne lui confère pas un pouvoir décisionnel.

«Il ne s’agit que d’une proposition qui s’inscrit dans le cadre de la diversification des sources de financement du système prévue par la vision stratégique», a-t-il souligné. Autrement dit, c’est au gouvernement que revient le dernier mot. D’autant plus que la mise en œuvre de la recommandation du Conseil ne sera pas chose facile. Il faudra notamment convaincre les partis politiques. Youness Dafkir, rédacteur en chef du quotidien Al Ahdath Al Maghribia, reproche surtout au Conseil d’avoir choisi le mauvais timing pour adresser son avis au gouvernement. Ce que réfute Azziman, qui estime que «le Conseil a fait son travail, en respectant les délais prévus par la loi, fixés à 2 mois».

La proposition du Conseil d’instaurer des frais d’inscription pour les familles n’est qu’une piste de réflexion parmi d’autres. Pour diversifier les sources de financement, le Conseil a également proposé la participation des collectivités territoriales, du secteur privé et des établissements publiques dans le cadre du principe de solidarité nationale. Aujourd’hui, le système est arrivé à un tel niveau de défaillance que le budget de l’Etat ne suffit plus à relever les défis. En 2016, une enveloppe de plus de 46 milliards de DH y a été allouée, soit 6,3% du budget de l’Etat (salaires non compris). Mais l’évolution des moyens financiers n’est pas allée de pair avec les besoins du secteur ; d’où l’obligation de diversifier les sources de financement. Or, «les réformes qu’il faudra mettre en œuvre au cours des 15 prochaines années nécessitent de grands financements», prévient Azziman. L’Etat continuera à prendre en charge la plus grosse partie du financement, mais il est nécessaire que d’autres parties contribuent à cet effort», conclut Azziman.

Hajar Benezha

Le financement, un devoir de l’Etat

Le projet de loi-cadre transmis au Conseil pour avis n’est autre la reformulation de la Vision stratégique 2015-2030, qui insiste sur la diversification des ressources. La vision consacre la gratuité de l’enseignement obligatoire en tant que devoir de l’Etat. Elle a également recommandé de ne priver personne de la possibilité de poursuivre ses études après l’enseignement obligatoire pour des raisons financières, s’il dispose des compétences et acquis requis.

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