Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

En Mai dernier, deux mois à peine après le déclenchement de l’offensive russe contre l’Ukraine, la Suède et la Finlande avaient formulé le souhait d’adhérer à l’OTAN.

Cette intégration étant tributaire de sa ratification par l’ensemble des Etats membres de l’alliance atlantique, la Turquie et la Hongrie n’ont toujours pas donné leur aval. Mais si la Hongrie affirme ne pas vouloir bloquer les demandes finlandaise et suédoise, ce n’est point le cas de la Turquie qui tarde à répondre tant que la Suède qu’elle accuse d’héberger 120 « terroristes » kurdes n’a toujours pas consenti à les extrader vers Ankara comme le lui avait demandé le président Recep Tayyip Erdogan.

Mais la tension entre Stockholm et Ankara est montée d’un cran, la semaine dernière, quand dans le cadre d’une manifestation « pacifique » qui avait eu lieu devant l’ambassade de Turquie à Stockholm, un militant de l’extrême-droite suédoise avait eu la malencontreuse idée de brûler un exemplaire du Coran.

Ainsi, même si la Suède a tenu à affirmer qu’elle déplore l’acte « profondément irrespectueux » dont s’est rendu responsable ce ressortissant suédois et exprimé sa « sympathie » aux musulmans, elle a souligné que sa Constitution ne lui confère pas le droit d’interdire de tels agissements. Or, loin de tempérer la colère turque, ces propos n’ont fait qu’ajouter de l’huile sur le feu.

Aussi, sans même prendre la peine de mentionner le regrettable autodafé du Coran qui a suscité les vives protestations de plusieurs capitales du monde musulman, Recep Tayyip Erdogan qui a réitéré ses reproches à l’encontre de la Suède relatifs aux demandes d’extradition concernant les « terroristes » kurdes qu’il lui avait adressées et déploré le fait que Stockholm n’y ait donné aucune suite en s’abritant derrière le changement de la Constitution du pays, a saisi cette occasion pour fermer la porte à une intégration prochaine de la Suède à l’OTAN.  

Ainsi, comme l’a rappelé « le Point », la Turquie a mis « un coup d’arrêt » à l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’alliance nord-atlantique « en reportant sine die une rencontre tripartite initialement prévue début février et destinée à lever les objections d’Ankara à leur candidature » et, à en croire le quotidien d’information italien « Il Sole 24 Ore », « le président turc a déclaré lundi que la Suède ne devrait pas s’attendre à ce que son pays soutienne son adhésion à l’OTAN ».

Mais, non content de ne point « soutenir » l’adhésion de la Suède à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), Recep Tayyip Erdogan a été plus encore ferme et plus précis lorsqu’en réponse à la question portant sur la candidature de la Suède et la Finlande à l’OTAN qui lui a été posée, ce dimanche, au cours d’une rencontre télévisée avec des jeunes, il a affirmé que les candidatures des deux pays seront examinées séparément, laissant entendre, par-là, que la Turquie qui pourrait donner son aval pour l’adhésion de la Finlande à l’OTAN va, sans nul doute, faire jouer son droit de véto pour bloquer l’entrée de la Suède dans l’Alliance atlantique.

Est-ce à dire que les espoirs de la Suède d’intégrer l’OTAN sont tombés à l’eau ?

Tout porte à le croire mais attendons pour voir…