Polytechnique, Mines-Ponts où grandes écoles de commerce continuent de faire rêver les parents qui cherchent le meilleur pour l’avenir de leur progéniture, se lançant ainsi dans une quête de l’excellence quel que soit le coût.
Attirés par des formations de pointe et des spécialisations adaptées aux besoins des entreprises internationales, ils sont aujourd’hui plus de 50.000 étudiants marocains à suivre leur cursus universitaire à l’étranger, essentiellement en Europe.
«Depuis son jeune âge, je me suis investie complètement dans son éducation. Une fois en terminale, la décision était prise automatiquement pour qu’il continue ses études en France à l’instar de son aîné», affirme Latifa, une maman qui accompagnait son fils Yassin, âgé de 17 ans, pour passer l’entretien du visa.
«En Hexagone, généralement, les formations sont meilleures, offrant des débouchés de grande qualité et dans diverses spécialités. J’ai vécu une expérience assez positive malgré quelques contraintes, avec mon premier enfant qui avait décroché un master en sciences Po après avoir obtenu sa licence au Maroc. Une formation élitiste qui lui a garanti un poste de responsabilité dans un grand établissement étatique en France», se félicite cette maman soucieuse de l’avenir de ses rejetons.
«Avec Yassin, on a décidé de commencer l’aventure plus tôt. Avant l’obtention du baccalauréat, on s’est lancé dans les démarches de candidature, épuisant toutes les offres qui pourrait s’adapter à son profil et à ses ambitions. Le processus a été couronné par une admission à l’INSA- Lyon, une grande école d’ingénieurs qui adhère au Système de transfert de crédits (ECTS) permettant de valider les périodes d’études effectués en France et de passer les concours d’accès aux grandes écoles prestigieuses après les deux premières années», explique Latifa qui faisait partie d’une longue file d’attente d’étudiants et de parents devant le consulat de France.
Un contingent de 32.000 étudiants marocains ont opté pour la France, première destination privilégiée qui accueille 63% de la diaspora estudiantine marocaine, selon le site internet de Campus France, agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale.
Les étudiants marocains sont surreprésentés dans les filières d’excellence avec un pourcentage de 49% au niveau Master contre 44% sur l’ensemble des étudiants étrangers présents en France, dont 36% privilégient les filières scientifiques et 34% choisissent les sciences économiques, selon l’agence française.
A la recherche d’une carrière de renom, ces étudiants assez jeunes sont confrontés à nombre de défis dès leur arrivée au pays d’accueil. Les nouveaux arrivés se retrouvent face à un nombre de difficultés, notamment le changement de mode de vie, la recherche du logement ainsi quelques soucis administratifs, mais ce sont bien souvent des problèmes temporaires, très rapidement réglés, déclare à la MAP Rita Sekkat, présidente de l’Association des Marocains aux Grandes Écoles (AMGE-Caravane) qui accompagne les étudiants marocains en France depuis 1994.
Dès lors que l’intégration est réussie, les étudiants, qui sont pour la plupart brillants dans leur domaine, ne rencontrent aucun problème à s’intégrer au marché du travail français et sont même recherchés sur le marché du travail marocain, ajoute Sekkat.
Pour faciliter l’adaptation de la diaspora estudiantine, l’AMGE Caravane accompagne et soutient de près, à travers plusieurs actions, l’étudiant marocain dans son choix de venir en France en amont et en aval, fait-elle savoir. Il s’agit essentiellement de l’opération Caravane qui vise à informer, orienter et fournir des conseils pratiques et concrets relatifs aux modalités d’accès aux Grandes Écoles, aux élèves de classes préparatoires publiques commerciales et scientifiques du Royaume, poursuit-elle.
Cette année, une nouvelle opération «Caravane oraux» aura lieu en vue d’aider les préparationnaires marocains à réussir les épreuves orales des Grandes écoles d’ingénieurs et de commerce, réputées pour leurs critères assez sélectifs.
L’ONG, basée à Paris, épaule également les étudiants dans leurs démarches administratives, à travers des guides et des capsules vidéos explicatifs et détaillés, explique la présidente.
«En outre, nous organisons chaque année le Forum Horizons Maroc, le plus grand forum de recrutement de Marocains à l’étranger qui demeure une interface solide et efficace ayant pour but de faciliter l’immersion de ces étudiants dans le marché du travail français», enchaîne-t-elle.
Elle a également cité le grand évènement «Village Entrepreneuriat et Innovation » qui met en avant les accomplissements des start-ups marocaines les plus innovantes et offre l’opportunité d’échanger avec les investisseurs marocains et étrangers, souligne Rita, étudiante en Master Politiques Publiques et Économie à Sciences Po de Paris.
Pour défier les contraintes financières, l’association, dotée d’antennes à Clermont-Ferrand, Toulouse, Lille, Nancy et Bordeaux, Londres et Singapour, lancera cette année pour la 1ère fois la « Bourse AMGE-Caravane pour la solidarité et l’excellence » qui va apporter un soutien financier aux étudiants marocains qui ont fait preuve d’excellence, mais qui n’ont pas des ressources financières suffisantes pour poursuivre leurs études en France.
Des cursus d’élite fortement sollicités par les parents et les étudiants, mais qui demeurent, en majorité, onéreux et nécessitant des concessions financières qui ne sont pas toujours à la portée des familles.
Dans ce cadre, le département de l’Enseignement supérieur marocain enrichit la coopération internationale et octroie, en partenariat avec nombre d’États, des bourses d’excellence en vue de faire profiter les étudiants, doctorants et enseignants-chercheurs de toutes les opportunités offertes à l’international. Allant de billets d’avions gratuits à des bourses d’exemption de frais de scolarité, le ministère renforce sa coopération internationale dans le domaine, à travers la création de différentes cellules en Europe, en Amérique, en Asie, mais aussi en Afrique et au monde arabe dans le but ultime d’encourager et soutenir les compétences nationales dans le monde entier.
«Cherchez la science, même en Chine», telle est la devise des étudiants marocains qui n’hésitent plus à aller à la recherche de la performance et de l’excellence dans les différents pays du monde.
Hajar Erraji (MAP)