Ferdinand Marcos junior, nouveau président des Philippines

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Près de 67 millions de Philippins ont été appelés aux urnes ce lundi pour des élections générales afin de désigner leur nouveau président et son vice-président, les députés, la moitié des sénateurs, les gouverneurs de province et plusieurs milliers d’autres élus locaux.

La particularité de ce scrutin a trait notamment au fait que 36 années après la révolte populaire à l’issue de laquelle les philippins avaient chassé du pouvoir le dictateur Ferdinand Marcos qui avait tenu le pays d’une main de fer de 1965 à 1986, c’est le fils de ce dernier, Ferdinand Marcos junior, alias Bongbong, qui, ce mardi, s’apprête à réinstaller son clan familial au sommet du pouvoir car d’après les premières estimations, il aurait obtenu près de 30 millions de voix, soit deux fois plus que sa principale rivale et vice-présidente sortante, Leni Robredo, avocate et économiste de 57 ans.  

Profondément déçue par ce résultat de ce scrutin, l’ancienne vice-présidente qui s’était engagée, durant sa campagne électorale, à débarrasser le pays de la corruption et de la mainmise des dynasties politiques a, promis, dans un discours télévisé, de poursuivre le combat contre les Marcos une fois que les résultats complets auront été officiellement validés. 

Or si, dans l’allocution qu’il a prononcée, à l’aube de ce mardi, à partir de son QG de campagne à Manille, Ferdinand Marcos junior s’est abstenu de proclamer sa victoire tant que le décompte des voix n’était pas encore achevé et s’est contenté de remercier ses partisans pour leur travail et leurs sacrifices, ses partisans étaient plutôt euphoriques lorsqu’ils parcouraient les artères de Manille en lançant des feux d’artifices et en agitant des drapeaux philippins.

Il y a lieu de signaler, par ailleurs, que le triomphe du fils de l’ancien dictateur est intervenu bien que ce dernier ait mené une campagne électorale terne et peiné à galvaniser ses partisans car il a bénéficié du profond mécontentement des Philippins à l’égard des gouvernements « démocratiques » qui se sont succédé depuis la fin de la dictature mais qui se sont révélés incapables d’améliorer le niveau de vie des philippins.

Les autres éléments venus donner un coup de pouce au fils du dictateur déchu sont les tractations menées en coulisses avec d’autres clans politiques, notamment son alliance avec  la fille du président Duterte, mais aussi le fait que sa campagne électorale a été marquée par beaucoup de désinformation.

En effet, plusieurs comptes pro-Marcos fils ont envahi, depuis des années, les réseaux sociaux avec comme principal objectif de faire croire, aux jeunes philippins, que les 20 années du régime de Ferdinand Marcos, père, (1965-1986), furent des années de paix et de prospérité et de passer sous silence les dizaines de milliers d’opposants qui furent arrêtés, torturés et même tués ainsi que les milliards de dollars provenant des caisses de l’Etat qui avaient servi à l’enrichissement personnel du clan Marcos.

Que dire pour terminer sinon que dès leur retour au pays après des années d’exil aux Etats-Unis, les Marcos avaient commencé à tisser ce puissant réseau de soutien politique qui a permis, aujourd’hui, au fils de l’ancien dictateur, de faire son retour au palais présidentiel de Malacanang à Manille.

Enfin, même si le fils a marché sur les pas de son géniteur pour accéder à la magistrature suprême des Philippines et  que c’est, désormais, un clan puissant et autoritaire qui reprend les commandes d’un pays à la démocratie très affaiblie et qui risque de replonger dans une série de nouvelles violences, rien n’indique, toutefois, que le nouveau président mettra en place un régime similaire à celui de son défunt père alors qu’il a promis de rétablir l’unité du pays mais attendons pour voir…

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