Ce samedi 31 Décembre 2016, les autorités de la République Démocratique du Congo et l’opposition sont parvenus à signer, sous l’égide de l’Eglise catholique et dans les locaux du Centre Diocésain de Kinshasa, un accord susceptible de mettre fin à la crise qui s’est soldée par la mort d’une quarantaine de personnes et qui perdure depuis que le 20 Décembre dernier le Président Joseph Kabila avait refusé de se dessaisir du pouvoir à l’issue de son deuxième mandat.
Cet arrangement énonce que le Chef de l’Etat restera en place jusqu’aux prochaines élections présidentielles prévues en Décembre 2017. Il ne pourra, par ailleurs, ni briguer un troisième mandat ni même faire réviser cette Constitution qui le lui interdit et ce, bien qu’en Mai 2016, la Cour Constitutionnelle avait statué en faveur de son maintien à la tête du pays jusqu’en Avril 2018 et qu’il ait accepté de désigner Samy Badibanga, de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS – opposition) en tant que Premier Ministre; ce que les Congolais, dépités, avaient qualifié de «glissement».
Mais si, en ce premier jour de l’année 2017, Kinshasa paraît calme et apaisée après les tensions et les accrochages qu’elle a connu durant ces dernières semaines, nul n’est apte à dire, cependant, à quelle date entrera en vigueur l’accord conclu et encore moins de le faire accepter par la population et notamment par ces jeunes des quartiers défavorisés de la ville qui ont été sévèrement réprimés par les forces de l’ordre et qui en veulent à une classe politique qui, après les avoir instrumentalisés, semblerait les avoir oubliés.
Force est de constater, comme l’affirme l’émissaire du Vatican, que même si cet accord n’est pas la panacée qui mettra fin à tous les problèmes rencontrés, il donne, néanmoins, le cadre juridique nécessaire à la préparation des prochaines élections, «vu que la Constitution dit que le président a fini son deuxième mandat… (et que) le pays a besoin d’une aide internationale qu’il n’aura pas s’il y a des doutes sur la légitimité du gouvernement».
Il est à noter, toutefois, que plusieurs points restés en suspens ont été remis à plus tard. Il en va ainsi de la date de prise de fonction du futur premier ministre, de la composition du prochain gouvernement, de la répartition des ministères, du fonctionnement du Conseil National de suivi de la transition et, enfin, de la lancinante question de la libération des prisonniers politiques et du retour des exilés politiques…
Ainsi, bien qu’épuisés par la longueur des pourparlers, les représentants de l’Eglise, qui considèrent qu’il «faut beaucoup de patience pour traiter avec les politiques», seront tenus, néanmoins, de veiller à maintenir le calme dans le pays et de trouver un dénouement à l’affaire de Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle qui avait été «banni» à la suite d’une condamnation judiciaire.
Enfin, l’accord signé, en ce dernier jour de l’année 2016 en République Démocratique du Congo, serait plus un compromis imparfait, «un partage de gâteau» dira un diplomate en poste à Kinshasa ayant requis l’anonymat, qui aurait été obtenu «au forceps» dans la mesure où personne n’avait voulu se risquer à endosser « la responsabilité d’un embrasement populaire».
Nabil El Bousaadi