Hong Kong : Auto-dissolution du mouvement pro-démocratie

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

En évoquant « des défis d’une difficulté sans précédent » et en invoquant l’importante campagne de répression menée, par Pékin, contre toute forme de contestation dans le territoire semi-autonome de Hong Kong, « le Front des droits civils humains », (CHRF), cet important mouvement regroupant une trentaine d’organisations de la société civile hongkongaise, qui avait fait parler de lui tout au long de l’année 2019, a annoncé, son auto-dissolution ce dimanche 15 Août.

Fondé en 2002 mais bien que réputé non-violent, il avait, néanmoins, été à l’origine des gigantesques manifestations qu’avait connu l’île de Hong Kong, en 2019, et qui étaient parvenues à rassembler, certains jours, plus d’un million de protestataires.

Très souvent violentes, les manifestations initiées à Hong Kong par le CHRF et le vent de révolte qui avait commencé à souffler sur l’île avaient mis les autorités de Pékin au-devant de la nécessité d’une « reprise en main » musclée de l’ancienne colonie britannique qui bénéficiait d’une semi-autonomie en application de la clause « un pays, deux systèmes » dûment fixée par l’acte l’ayant rétrocédée, en 1997, aux autorités chinoises.

C’est à ce titre, d’ailleurs, que la Chine imposa, en 2020, sa fameuse « loi sur la sécurité nationale » criminalisant l’expression, à Hong Kong, de toute forme d’opposition au pouvoir chinois.

Mais si ce texte éminemment « draconien », en vertu duquel une soixantaine de personnalités hongkongaises parmi lesquelles Jimmy Sham et Figo Chan, les anciens leaders du mouvement, furent arrêtées sur ordre des autorités de Pékin, est vu par l’opposition chinoise et par la quasi-totalité des chancelleries occidentales comme étant une tentative de Pékin de « remodeler » l’ex-colonie britannique à son image en mettant fin au principe « un pays, deux systèmes » qui avait présidé à sa rétrocession à la Chine en Juillet 1997, le régime chinois déclare, en revanche, que le texte incriminé n’a pour seul objectif que celui de « rétablir l’ordre » à Hong Kong après les manifestations de 2019.

Mais en empruntant un chemin radicalement opposé visant à marginaliser complètement l’opposition hongkongaise et en orchestrant, depuis lors, une implacable répression, Pékin a été accusé, par Londres, d’avoir renié la déclaration sino-britannique ayant présidé à la rétrocession de l’ancienne colonie britannique aux autorités chinoises. 

Face donc à l’inquiétante campagne de répression à laquelle a donné lieu cette importante levée de bouclier de la part du gouvernement de Pékin, la quasi-totalité des organisations de la société civile hongkongaise se sont auto-dissoutes.

Ce fut le cas, notamment, du PTU, le plus grand syndicat des Enseignants professionnels de Hong Kong et une organisation phare du mouvement pro-démocratie qui, après avoir été qualifié dans des articles publiés, dernièrement, par des médias d’Etat chinois, de « tumeur maligne qu’il faudrait enlever », n’avait plus d’autre alternative que celle de s’auto-saborder, le 10 Août dernier, en dépit des 95.000 militants qui le composent et du rôle éminemment important qu’il avait joué dans le cadre de la lutte pour la démocratie.

Est-ce à dire que Pékin entend, à terme, annuler, sans équivoque et de manière unilatérale, la clause « un pays, deux systèmes » en vertu de laquelle Londres avait consenti à lui rétrocéder son ancienne colonie ? Tout porte à le croire mais attendons pour voir…

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