I-Décision d’un Roi patriote et d’une élite progressiste

Samir : comment le Maroc en est arrivé là ?

Le projet de  construction de la raffinerie par un Roi visionnaire et une élite progressiste, fut un événement de haute portée politique et économique, visant à mettre le Maroc à l’abri de la domination du cartel pétrolier.

Dans cette série d’articles, nous allons essayer, dans la mesure du possible, de tracer l’histoire d’un joyau industriel national qui a tant contribué au développement économique du pays, en l’occurrence la SAMIR.  Il faut dire que notre véritable souci n’est pas de distribuer des accusations gratuites, loin s’en faut, mais consiste à dévoiler les véritables causes qui ont été à l’origine d’une déconfiture historique. Notre analyse s’étendra également à lever le voile sur la fermeture de l’entreprise et son impact sur le marché des hydrocarbures, entre autres…

Au lendemain de l’indépendance, le Maroc venant de s’affranchir du joug du colonialisme français, était dans l’obligation d’assoir son économie sur des bases solides. Ainsi, l’indépendance énergétique du royaume  était inscrite comme priorité dans l’agenda des pouvoirs publics.

La bonne  volonté du souverain feu Mohammed V et son sens de patriotisme,  conjugués aux efforts la classe politique, qui ont fait flèche de tout bois pour réussir ce projet, ont  étés couronnés par la création de la raffinerie marocaine de pétrole. Souveraineté énergétique oblige !  Cela étant, le projet de  construction de la raffinerie par un Roi visionnaire et une élite progressiste, fut un événement de haute portée politique et économique, visant à mettre le Maroc à l’abri de la domination du cartel pétrolier.

 Il faut dire que ce joyau national, bâti dans un contexte international difficile,  sous l’impulsion de l’État avec des partenaires de hauts niveaux, dotés d’une gestion perspicace, témoigne de la perspicacité des décideurs qui n’ont cessé d’œuvrer pour le développement de la capacité de production de cette unité industrielle atteignant au début une capacité de traitement de  production 1 250 000 tonnes par an de brut.

Outre les aspects économiques, la présence dans la Samir dans le tissu industriel relève des considérations stratégiques et sécuritaires du pays.

Pour l’histoire, les travaux de la  construction de ce joyau industriel national ont débuté en 1957, où a été posée la première pierre de la raffinerie à Mohammedia par le Roi feu Mohammed V. Le projet a été livré dans un temps record  fin en 1961, 

La raffinerie a été bâtie à proximité du port pétrolier de Fedala sur une superficie de  721 000 mètres carrés et a été conçue conformément aux standards technologiques internationaux.   

Il est à souligner que ce joyau industriel fut le fruit d’un partenariat stratégique entre Bureau d’études et de participations industrielles (BEPI) et l’A.N.I.C., société italienne dépendant de l’Office national des hydrocarbures (E.N.I.), dirigée par Enrico Mattei. Ce dernier, réputé pour son soutien aux mouvements indépendantistes et un fervent opposant aux géants pétroliers occidentaux, fut l’inventeur de la formule50/50. Il fut assassiné dans des circonstances ambigües. En 1973, l’Etat marocain dans le souci d’amortir le choc pétrolier, a procédé à la marocanisation de l’entreprise, en modifiant sa raison sociale,  devenue désormais « société anonyme marocaine de l’industrie du raffinage ». 

Khalid Darfaf

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