III : La privatisation forcée de la raffinerie

Samir : comment le Maroc en est arrivé là ?

Dans cette série d’articles, nous allons essayer, dans la mesure du possible, de tracer l’histoire d’un joyau industriel national qui a tant contribué au développement économique du pays, en l’occurrence la SAMIR.  Il faut dire que notre véritable souci n’est pas de distribuer des accusations gratuites, loin s’en faut, mais consiste à dévoiler les véritables causes qui ont été à l’origine d’une déconfiture historique. Notre analyse s’étendra également à lever le voile sur la fermeture de l’entreprise et son impact sur le marché des hydrocarbures, entre autres…

Le Maroc sera contraint en 1983 à mettre en place un programme d’ajustement structurel (PAS) conformément aux exigences des institutions financières internationales (Banque mondiale, FMI). Cette politique visait, avant tout, le rétablissement des équilibres macroéconomiques. Il faut dire que la politique économique menée par l’Etat, de plus en plus ancrée dans un paradigme libéral, avait des effets pervers sur le développement social. Les  gouvernements qui se sont succédé vont continuer sur cette lancée en adoptant des mesures laissant présager un désengagement de l’Etat du champ économique en vue  éviter le Royaume « l’arrêt cardiaque ».

C’est dans cette optique que le Parlement marocain, sous l’impulsion du pouvoir suprême, a été exhorté d’adopter la loi scellant le sort des entreprises publiques et ce en décembre 1989.

Au début, le projet de loi a provoqué un véritable tollé dans l’enceinte parlementaire. Les formations parlementaires de l’opposition se sont fortement  opposées (PPS, USFP et l’OADP),  fortement à la démarche unilatérale de l’Exécutif, en mettant en avant l’inconstitutionnalité du document tout en faisant appel à l’arbitrage royal.   

Il est à souligner qu’au début  la SAMIR ne fuguerait pas parmi les des entreprises publiques  privatisables. En fait, l’opposition farouche exprimée par la confédération démocratique du travail (CDT)  forcé l’Etat de retiré la SAMIR de la première liste. Pour l’histoire, ledit syndicat a entamé une grève de 35 jours en 1989 pour protester contre ce choix.

En 1994, l’Etat a dû revoir sa copie en demandant aux départements ministériels concernés d’élargir les listes des entreprises. C’est dans cette optique que  le ministère de l’énergie et des mines en interagissant avec l’appel de l’Etat en y ajoutant la SAMIR et la SCP. L’action de la privatisation de la SAMIR sera menée sous la houlette de Abderrahmane Saaïdi, qui fut ministre de la privatisation dans le gouvernement d’Abdellatif Filali.

En 1997, les actifs de la SAMIR seront cédés au groupe Corral Petroleum dont le propriétaire n’est que le milliardaire Sheikh Mohammed Hussein Ali Al-Amoudi, un éthiopien, naturalisé saoudien.  Et ce serait une cruelle ironie de l’histoire que Abderrahmane Saaïdi, ministre de la privatisation qui sera propulsé aux commandes de l’entreprise en tant que directeur général et ce  en remplacement de Abderrafih Menjour .

Khalid Darfaf

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