«Il est temps de vous libérer du complexe du colonisé»

Chronique

Par Nabyl Lahlou 

Samedi 15 janvier 2022 à 20 heures 30, seulement vingt casablancaises et casablancais, sur les quatre millions d’habitants que compte la capitale économique du Maroc, ont eu le réflexe de surmonter leur peur du Covid et de braver son syndrome en sortant de chez eux pour aller assister à  la première représentation de la pièce de théâtre : LA FEMME AU COLT 45, interprétée par l’immense et grandiose Sophia Hadi, unanimement saluée et ovationnée par le public et la presse, lors des six premières représentations de la pièce, données au Théâtre Mohammed V à Rabat, en juillet et décembre de l’année dernière.

Dimanche 16 janvier 2022 à 16 heures, par une très belle journée ensoleillée et un ciel bleu azur, uniquement vingt spectatrices et spectateurs étaient présents à la deuxième et dernière représentation de LA FEMME AU  COLT 45. Quarante mains applaudirent, à tout rompre, longtemps et longuement, cette deuxième représentation marquée par l’étonnante performance et l’extraordinaire interprétation de la très grande comédienne Sophia Hadi qui salue le public en s’inclinant humblement

Tous ces qualificatifs : sublime, époustouflante, savoureuse, géniale, merveilleuse, jubilatoire, grandiose, émouvante, étonnante, majestueuse, que le public, à l’issue de chaque représentation, adresse spontanément à Sophia Hadi, ou lui dit par message, s’ils sont de magnifiques encouragements pour elle et pour le travail théâtral qu’elle entreprend depuis plus de trente cinq ans,  ne peuvent en aucun cas calmer ma colère, ma tristesse, ma déception, ma révolte et mon dégoût, sentis face à l’absence que le public casablancais a affiché envers cette magnifique pièce de théâtre et la  divine comédienne,  rare, très rare, qui l’a interprétée.

Seulement quarante spectatrices et spectateurs de Casablanca, présents aux deux représentations de LA FEMME AU COLT 45, données à Casablanca dans un théâtre de six cents places, montrent clairement que ce n’est pas tant la peur d’être contaminé ou emporté par le Covid qui a empêché le public casablancais, francophone, cultivé et fortuné, de sortir de chez lui pour aller voir LA FEMME AU COLT 45, mais son manque de confiance envers les belles créations théâtrales marocaines de très haut niveau comme le montre et le prouve LA FEMME AU COLT 45.

Ce public casablancais, francophone, instruit et fortuné, allaité dès son jeune âge  par des spectacles importés de l’hexagone, se doit d’apprendre à aimer ce que font les créateurs de son pays, le Maroc, des créateurs qui vivent et travaillent dans leur pays le Maroc.

Ce public casablancais, francophone , instruit, cultivé et fortuné, doit se  libérer du complexe du colonisé. Il est peut être temps.

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