Il y a trente quatre ans, presque jour pour jour, que le 29 Mai 1982 la célèbre Romy Schneider détentrice, à deux reprises, du «César de la Meilleure Actrice» et de tant d’autres prix fut trouvée morte dans son appartement parisien.
Mais qui était donc cette femme qui, tant dans sa vie que dans sa mort, ne laissait personne indifférent puisque plus de trente ans après sa disparition, le doute subsiste encore quant aux circonstances exactes de son décès bien qu’à cette époque, la thèse du suicide fut la plus répandue ?
Romy Schneider, de son vrai nom Rosemarie Magdalena Albach est née à Vienne en Autriche le 23 Septembre 1938 de l’union des acteurs Magda Schneider et Wolf Albach Retty avant leur divorce qui surviendra en 1945 et qui laissera chez elle un très profond malaise. En 1953, elle s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts de Cologne au moment même où le producteur Kurt Ulrich cherche une jeune fille pour jouer le rôle de la fille de Magda Schneider dans son film «Lilas Blancs». Cette dernière lui propose Romy qu’il engagera immédiatement. Une année plus tard, elle est approchée par le réalisateur Ernst Marishka pour tourner dans «Les jeunes années d’une reine» qui fut son premier grand succès commercial et qui lui ouvrit la voie royale du cinéma puisqu’elle fut appelée pour interpréter le rôle de l’impératrice «Sissi» dans la célèbre trilogie ; un rôle qui lui collera à la peau jusqu’après sa mort.
En 1957, c’est le grand Kirk Douglas qui, en la remarquant lors du Festival de Cannes, lui proposera un contrat de trois années avec la Paramount. Ce à quoi sa famille s’oppose fermement. Faisant fi des objections parentales, elle consent à jouer dans «Jeunes filles en uniforme» dont le sujet, qui aborde ces amitiés qu’on appellerait lesbiennes aujourd’hui dans un pensionnat de jeunes filles, fait grincer bien des dents. Un an plus tard, elle se voit proposer par Pierre Gaspard le rôle principal de Christine aux côtés de ces deux jeunes premiers que furent, en ce temps-là, Jean-Claude Brialy et un certain Alain Delon. Du tournage de ce film nait ce grand amour entre elle et Alain Delon qui les mènera tous les deux à Paris où leurs fiançailles, officiellement célébrées le 22 Mars 1959 en présence de tout le gotha de la presse internationale furent suivies d’une passion orageuse qui durera cinq années pendant lesquelles Romy s’éloignera tant de sa famille que de ces rôles de jeune fille-idéale-sous-tous rapports qu’on ne cesse de lui suggérer.
En 1963, l’Académie du Cinéma lui décerne «l’Etoile de Cristal» pour son rôle dans «Le Procès» et Columbia Pictures lui propose un contrat de sept années qui la mènera aux Etats-Unis où Alain Delon la quitte «par un simple mot d’adieu et quelques fleurs posées sur une table du salon» pour épouser Nathalie Barthélemy, qui deviendra ainsi Nathalie Delon, déjà enceinte de leur fils Anthony.
En 1964, elle est sacrée «Meilleure actrice étrangère» de l’année par cette même Académie et en 1965 fait la connaissance de Harry Meyen, grand metteur en scène du théâtre allemand et en devient l’épouse. De cette union naquit David-Christopher. Mais le 7e art commence à la délaisser un peu jusqu’à ce que, cinq ans plus tard, Alain Delon ne la rappelle pour jouer à ses côtés dans «La Piscine» et qu’Alain Sautet ne l’engage pour jouer dans «Les choses de la vie». C’est à ce moment-là aussi qu’en côtoyant Simone de Beauvoir, elle commence à militer pour la liberté de l’avortement.
En 1973, sa vie privée s’effrite puisque Harry réclame et obtient le divorce et la moitié de sa fortune en contrepartie de la garde de leur enfant. En 1975, elle reçoit «l’Archange du Cinéma», le «Prix d’interprétation féminine» du Festival de Taornima et épouse Daniel Blasini dont elle se séparera en 1981.
Cette même année, elle subit une ablation du rein droit et, le 5 juillet, perd son fils David des suites d’une perforation intestinale dont il avait été victime en tentant d’escalader une grille.
Anéantie et désemparée par tant de faits, elle est victime dans la nuit du 28 Mai 1982 d’un arrêt cardiaque dont la cause reste encore indéterminée.
Nabil El Bousaadi