Iran : Qui est derrière l’empoisonnement des lycéennes ?

Attendons pour voir…

Deux mois après la mort, le 16 septembre dernier, de la jeune Mahsa Amini, après son arrestation par la police des mœurs pour n’avoir pas porté « correctement » le voile supposé lui recouvrir « intégralement » les cheveux et avoir, ainsi, enfreint le code vestimentaire strict imposé aux femmes par la révolution khoméiniste, ce sont « plus de 5.000 élèves scolarisées dans quelques « 230 établissements » pour filles, relevant de 25 des 31 provinces du pays, qui furent saisies de malaises et d’évanouissements après avoir été victimes d’intoxications du fait de l’inhalation de substances toxiques.

Un grand nombre d’entre elles ayant dû être hospitalisées, leurs parents ont appelé les autorités à réagir.

Contraint de sortir de sa réserve, en évoquant, pour la première fois, cette affaire qui a éclaté en novembre dernier, le guide suprême iranien, l’Ayatollah Ali Khamenei, a ordonné, le 6 mars, l’application de « peines sévères » pouvant aller jusqu’à la peine de mort, contre toutes les personnes qui seraient reconnues responsables de ces empoisonnements qu’il a qualifiés de « crimes impardonnables ».

Aussi, d’après un communiqué, en date du 7 mars, émanant du ministère de l’intérieur et relayé par l’agence de presse officielle IRNA, après avoir été « identifiées » suite aux « enquêtes menées par les services de renseignements », plus d’une centaine de personnes ont été arrêtées.

Or, même s’il n’a pas donné d’informations ni sur l’identité des personnes qui ont été interpelées ni suir les circonstances de leur arrestation notamment à Téhéran et dans la ville sainte de Qom mais aussi dans les provinces de l’Azerbaidjan et du Kurdistan, en apparaissant le jour-même à la télévision, le vice-ministre iranien de l’Intérieur Majid Mirahmadi avait tenu à préciser, néanmoins, que certaines, d’entre elles, suspectées d’avoir « des liens avec des organisations terroristes » comme les « Moujahidines du peuple » (MEK), un mouvement en exil basé en Albanie, avaient « des motifs hostiles » avec l’objectif d’ « instiller un climat de peur parmi  les élèves et de fermer les écoles ».

Il n’en fallait pas plus pour faire réagir, Shahin Godabi, le porte-parole du MEK à Paris, qui après avoir, immédiatement, appelé Téhéran à accepter une enquête internationale, a dénoncé « un spectacle ridicule pour dissimuler le rôle des institutions sous le commandement de Khamenei dans ce grand crime (qui) n’est l’œuvre de personne d’autre que le régime clérical et son appareil de sécurité et de répression ».

Pour rappel, de son exil aux Etats-Unis, Masih Alinejad, journaliste iranienne et importante figure du mouvement « anti-voile » avait rapporté que le vice-ministre iranien de l’Education aurait reconnu qu’il s’agit-là d’une campagne d’empoisonnement misogyne menée par ceux qui voudraient mettre un terme à la participation des jeunes filles aux manifestations qui secouent le pays depuis la mort de Mahsa Amini et, en lui emboîtant le pas, l’opposant Hamed Esmeailion a clairement pointé du doigt le régime de Téhéran qui voudrait « se venger des femmes pour leur courageuse résistance ».

Une autre thèse voudrait que, sans l’affirmer ouvertement, une importante frange des autorités religieuses iraniennes serait tentée d’emprunter le même chemin que celui des talibans afghans qui ont carrément fermé les lycées pour filles et interdit à ces dernières d’accéder à l’Université ?

De quoi s’agit-il au juste ?

Attendons pour voir…

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