Irlande du Nord : Le Sinn Fein remporte les élections locales

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Inédit ; le Sinn Fein, parti de gauche issu de l’ancienne branche politique de l’Armée Républicaine Irlandaise (IRA), majoritairement catholique et favorable à une réunification avec la République d’Irlande, a remporté, samedi 20 mai, une importante victoire aux élections locales nord-irlandaises en s’emparant du plus grand nombre de sièges en jeu dans les onze conseils municipaux de la province britannique : à savoir 144 sur 462 soit 39 sièges de plus que lors des élections locales de 2019.

En devançant le Parti Démocratique Unioniste (DUP), ultra-conservateur et farouche défenseur de l’appartenance au Royaume-Uni, qui a pu conserver ses 122 sièges, et en parvenant à faire élire ses candidats à Lisburn et Ballymena, réputées comme étant des places fortes unionistes, le Sinn Fein a démontré l’emprise grandissante qu’exercent les nationalistes irlandais sur la vie politique de l’Irlande du Nord car au Conseil municipal de Belfast, la capitale, les unionistes n’occupent plus que 17 sièges sur 60.

En considérant que les résultats obtenus par son parti confirment qu’il a bien « résisté » du moment que le Brexit avait considérablement affaibli les formations unionistes qui étaient favorables au départ de l’Union européenne et que la remise en cause des accords de paix n’avait fait que compliquer la gestion politique déjà chaotique de la question des barrières douanières en mer d’Irlande, le leader du DUP, Jeffrey Donaldson, a attribué le succès du Sinn Fein à l’effondrement de son rival nationaliste pro-Irlande, le Democratic Social and Labour Party (SDLP).

Mais, après avoir considéré que les résultats du Sinn Fein sont « historiques » du moment qu’il est parvenu à trouver « un écho favorable auprès de l’électorat », sa dirigeante, Michelle O’Neill, a promis de « redoubler d’efforts pour rétablir le pouvoir exécutif » bloqué, depuis l’année dernière, par les unionistes du DUP qui, en s’opposant aux règles commerciales imposées après le Brexit au motif qu’elles constituent une menace aux liens de la province avec le reste du Royaume-Uni, boycotte les institutions locales alors même qu’il était tenu de les partager avec les républicains du Sinn Fein.

Or, en refusant de participer à un exécutif qui serait dirigé par le Sinn Fein et qui, conformément à cette règle qui veut que tout en prenant la direction de l’Exécutif, le parti en tête attribue des places importantes à l’autre formation politique, le DUP n’a contribué qu’à lasser ses électeurs modérés qui, sans voter pour le Sinn Fein, ont quand même choisi d’accorder leurs suffrages au parti « Alliance » qui souhaiterait moderniser la vie politique en écartant le bipartisme confessionnel. 

Autant de raisons pour lesquelles, lors d’une réunion d’urgence tenue le 20 mai au Palais de Stormont, entre les gouvernement irlandais et britannique, malgré la victoire du Sinn Fein dont les dirigeants ont eu tendance ces derniers temps à modérer leur discours pour ne pas brusquer les unionistes et éviter une nouvelle flambée de violences, Michelle O’Neill, s’est abstenue de réclamer un nouveau référendum sur la réunification irlandaise.

Est-ce à dire que la paix entre les nationalistes du Sinn Fein favorables à la réunification avec la République d’Irlande et les unionistes du Democratic Unionist Party (DUP) farouchement attachés à leur appartenance au Royaume-Uni est au bout du chemin ?

Attendons pour voir…

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