IV : Le non respect du schéma du transfert ou le prélude d’un fiasco

Samir : comment le Maroc en est arrivé là ?

Dans cette série d’articles, nous allons essayer, dans la mesure du possible, de tracer l’histoire d’un joyau industriel national qui a tant contribué au développement économique du pays, en l’occurrence la SAMIR.  Il faut dire que notre véritable souci n’est pas de distribuer des accusations gratuites, loin s’en faut, mais consiste à dévoiler les véritables causes qui ont été à l’origine d’une déconfiture historique. Notre analyse s’étendra également à lever le voile sur la fermeture de l’entreprise et son impact sur le marché des hydrocarbures, entre autres…

Les analystes de la privatisation à l’époque fusent unanimes que l’opération de la privatisation, notamment SAMIR a été exécutée dans des circonstances obscures.  Autant dire, l’opération a été entachée d’irrégularités criardes. Selon plusieurs observateurs et défenseurs  de la non-privatisation, le ministre de la privatisation, Abderrahmane Saïdi,  aurait  placé sa propre volonté au-dessus des modalités mises en place par la commission des  transferts.  Cette commission instituée par Dahir est composée par des membres qui, en principe, ont fait déjà leurs preuves aussi bien sur le plan économique, financière que social.

Il est à rappeler que l’étape  post-privatisation de la SAMIR a été marquée par  un tapage médiatique excessif. Dans son livre « Le temps des entraineurs ? Politique et transformations du capitalisme au Maroc,  Myriam Catusse, politologue auprès du CNRS, a indiqué comment les critiques adressés par les journaux de l’opposition quant à la transparence du processus de procession a poussé  les ministres de la privatisation a mobilisé plusieurs agences de communication pour en vue «  d’attirer d’attirer les investisseurs étrangers et  convaincre les milieux d’affaires aux des opportunités qu’offre le Maroc. »

Il est à souligner que selon le schéma de transfert,  l’opération de la privatisation de la raffinerie a été fixée selon quatre étapes. En premier lieu, il a été décidé de procéder par une offre publique initiale, à vendre environ  25%  du capital de l’entreprise. En second lieu, il a été convenu d’instaurer ce que l’on peut désigner par le  « capitalisme démocratique », d’impliquer les salariés  en leur vendant 3% du capital. En troisième lieu, le schéma de transfert envisageait une cession de 31% à 51% du capital à un consortium et ce conformément à une procédure d’appel d’offre. En quantième lieu,  le processus de privatisation devrait en principe, céder le reliquat du capital via  une offre publique, soit entre 21% et 37%. L’objectif escompté, consistait à maintenir une participation de l’Etat dans le capital  et s’assurer de sa présence  dans le conseil d’administration afin de pouvoir exercer un contrôle sur les décisions et son mode de fonctionnement en matière de gestion.

Malheureusement, il s’est passé le contraire de ce qui a été planifié. Le Groupe Corral Petroleum Holdings s’est accaparé de la part du lion des actions en se procurant de 67% du capital de la Samir et 73,9% de la SCP. Le montant de l’acquisition a nécessité la mobilisation d’un montant dérisoire s’élevant à  4 milliards de DH. Le repreneur Sheikh Mohammed Hussein Ali Al-Amoudi s’est engagé en contre partie  à mener un plan d’investissement 4,6 milliards de DH afin de moderniser l’entreprise, alors qu’il n’en est rien. Il faut dire que le désengagent total de l’Etat du capital a permis au nouveau preneur de se décharger complètement de ses obligations en matière d’investissements.  

Khalid Darfaf 

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