JO : que faire pour arrêter la série noire…

La nouvelle aventure de la participation marocaine aux Jeux Olympiques 2016 de Rio n’a finalement pas tenu ses promesses. Au contraire, elle a fini par décevoir en se contentant d’une seule médaille de bronze arrachée par le boxeur Mohamed Rabîi qui méritait mieux sans l’arbitrage défaillant de certains juges.

On dirait que le moral n’a pas été au beau fixe pour d’autres qui ont souffert également du mauvais arbitrage et surtout après l’élimination de l’un des 8 pugilistes marocains engagés, Hassan Saada, au départ et sans même monter sur le ring pour cause de la fameuse  affaire louche, une agression sexuelle présumée sur 2 femmes de ménage du Village Olympique, ce qui lui a coûté son écroulement à la prison avant d’être innocenté et libéré par la suite.

Mais la médaille orpheline de Rabii ne doit surtout pas cacher les mauvaises prestations de la majorité de la délégation marocaine au nombre de 49 sportives et sportifs sur 13 disciplines. Vient en premier lieu l’athlétisme qui était pourvoyeur en médaille olympique mais qui est sorti les mains vides. La plupart de nos athlètes au nombre de 20 présents à Rio, sont tombés comme des feuilles d’automne avant même l’arrivée en finale de différentes épreuves. Abdelaati Iguider, difficilement qualifié en finale grâce au repêchage de meilleur temps, a tout simplement failli à sa mission et de la plus mauvaise manière en terminant 5e dans une course qui fut la spécialité des athlètes marocains.

Et que dire des autres sports tels le cyclisme, le taekwondo, le judo, la lutte… et d’autres représentés pour la première fois tels le saut d’obstacles, le golf…,  si l’athlétisme n’arrive pas à faire mieux que les deux précédentes éditions en restant sur 2 seules médailles de bronze, aux JO de Pékin 2008 avec Hasna Benhassi  sur 800m et ce même Iguider aux JO 2012 de Londres. Ça fait maintenant 3 éditions et 8 ans que le sport marocain en général et l’athlétisme olympique en particulier reste sur leur faim. Les dernières médailles d’or  olympiques remontent aux JO d’Athènes 2004 quand Hicham El Guerrouj avait eu le mérite d’être sacré double champion olympique sur 1500 et 5000m.

Fini donc l’ère de Nawal El Mouatakkil, première femme arabo-marocaine à gagner une médaille d’or sur 400 m haies en 1984 aux JO de Los Angeles et qui continue aujourd’hui en sa qualité de membre influente au comité exécutif du CIO. On ne vit plus les exploits de Said Aouita qui a également remporté l’or du 5000m aux même JO américains de 1984. Ou les deux autres médailles du métal précieux de Brahim Boutayeb et Khalid Sekkah aux JO 1988 de Séoul et 1992 de Barcelone, des victoires qui restent exceptionnelles dans l’ensemble, mais qui ont permis au Maroc d’être parmi les mieux classés dans le tableau olympique des médailles.

Aujourd’hui, le sport marocain a réellement chuté en terminant les JO de Rio à la 78e place. Il relève certes de la folie si on ose nous comparer aux pays les plus forts voire les géants tels le trio de tête, la Chine qui a complété la 3e place du podium avec 70 médailles dont 26 en or, la Grande-Bretagne en 2e place avec 67 médailles dont 27 or… et les Etats-Unis premiers avec  121 médailles dont 46 en or, avec son nageur mythique, Michael Phelps qui a remporté, à lui seul, 28 médailles dont 23 en or, sur 5 participations aux JO (faire la comparaison avec le Maroc qui n’a totalisé,en tout et pour tout,que 23 médailles dont 6 en or depuis l’argent de feu Abdeslam Radi aux JO de Rome en 1960).

Mais on peut seulement nous mesurer à des pays arabo-africains dont les moyens financiers et logistiques sont beaucoup plus  inférieurs à ceux mis la disposition de nos athlètes mais qui réussissent mieux. On donne à titre d’exemple, la Tunisie et l’Egypte avec 3 médailles de bronze chacune, le Qatar, Niger et Burundi avec une médaille d’argent chacun, l’Algérie avec 2 médailles d’argent, la Jordanie avec une médaille d’or, Côte d’Ivoire et Bahreïn  (1 or et 1 bronze), Ethiopie (1 or, 2 argent et 5 bronze), Afrique du sud (2 or, 6 argent et 2 bronze) en arrivant au Kenya premier pays africain au classement olympique de Rio, 14e place avec 13 médailles (6 en or, autant d’argent et 1 bronze).

Voilà qui montre la grande faillite du sport marocain à l’échelon olympique. Ce qui n’est plus acceptable. En attendant de diagnostiquer le mal dont souffrent nos athlètes qui disposent, parait-il, de tous les moyens pour faire l’essentiel mais qui restent de marbres,(l’argent du sport est là mais les résultats ne le sont pas), il faut commencer par pointer les responsables de ces nouveaux déboires, surtout les dirigeants des différentes fédérations dont bien sur ceux du Comité national olympique marocain qui doivent tout simplement reconnaître leurs échecs…

L’heure du changement a sonné. Il est temps de rendre des comptes avant de faire le nettoyage et  le grand ménage. A commencer par le CNOM, cette instance qui n’a pas tenu son assemblée générale depuis bien des années et des années. C’est une instance où siègent des dirigeants qui sont devenus maintenant des retraités dont un certain Noureddine Benabdenbi qui a passé plusieurs mandats à la tête de la Fédération de basket avant d’atterrir au secrétariat général du CNOM et qui se cache toujours derrière en endossant la responsabilité de l’échec marocain aux fédérations sportives.  Il est temps de s’éclipser et de laisser leurs places à d’autres dirigeants plus compétents et plus aguerris dans l’espoir de soigner l’image du sport marocain et lui redonner la place qu’il mérite au sein du monde olympique.

Ce sont là quelques issues pour espérer arrêter la série noire olympique marocaine tout en croyant bien à la fin de l’ère du modèle public géré seulement par les fédérations sportives à l’échelon international.

Car le sport est devenu une industrie sur laquelle se basent les grands pays et où on peut voir leur image saine et réelle.

Au Maroc, et après le grand ménage espéré au sein du CNOM et des fédérations, il faut qu’on passe au secteur privé en faisant des contrats avec des sociétés spécialisées et aguerries. Il ne s’agit certes pas de privatiser le sport mais les sociétés privées restent le seul moyen pour aller de l’avant…

Rachid Lebchir

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