Kim Jong-un lance deux missiles pour tester Joe Biden

Attendons, pour voir…

Nabil El Bousaadi

Dès qu’un nouveau locataire franchit le perron de la Maison Blanche, ses homologues du monde entier n’ont plus qu’une seule idée en tête; celle de le «tester» afin de voir si sa venue pourrait avoir des répercussions bénéfiques pour leurs pays. Le premier d’entre tous est, bien entendu, le leader nord-coréen Kim Jong-un dont le regard est toujours tourné vers Washington pour voir dans quelle direction y souffle le vent.

Mais la façon de faire de ce dernier est, tout de même, différente de celle des autres chefs d’Etat puisqu’au lieu de dépêcher, auprès du nouveau président américain, un émissaire porteur d’un message écrit ou oral, il envoie, dans les airs, toutes sortes d’engins balistiques ou nucléaires.

C’est ce qui s’est passé ce jeudi 25 mars lorsque Pyongyang a lancé, dans la Mer du Japon, deux missiles suspectés par Tokyo et Washington d’être des engins balistiques proscrits par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies ; un lancement qui ne constituerait, en somme, rien d’autre qu’un nouveau geste de défi adressé aussi bien à la Maison Blanche qu’à la communauté internationale par celui qui, pour Donald Trump, était «l’homme-fusée» (rocket man) qui s’était engagé «dans une mission suicide».

Selon un communiqué de l’Etat-Major sud-coréen les deux «projectiles non identifiés» qui ont été lancé dans la mer du Japon auraient parcouru une trajectoire de 450 kilomètres et atteint une altitude maximale de 60 kilomètres.

Aussi, ce lancement serait-il un défi pour l’administration du président Joe Biden qui donnerait, par ailleurs, selon Yoo Ho-yeol, professeur émérite d’études nord-coréennes à l’Université de Corée, le coup d’envoi du «début d’une pression de Pyongyang sur Washington pour des discussions sur le nucléaire» alors même que, depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, l’administration de Washington tente, par divers canaux, d’entrer en contact avec Pyongyang sans obtenir de réponse. Ce mutisme a fait dire à un haut responsable de l’administration américaine ayant requis l’anonymat que «la Corée du nord a un menu bien connu de provocations lorsqu’elle veut s’adresser aux gouvernements américains; (à savoir) missiles balistiques de diverses portées, plates-formes de lancement mobiles et sous-marines ou encore essais nucléaires et thermonucléaires» .

En réponse à cette provocation nord-coréenne, le palais présidentiel sud-coréen, Maison Bleue, a annoncé une réunion imminente du Conseil de sécurité nationale et « le renforcement », par l’armée sud-coréenne, de « sa posture de surveillance en coordination rapprochée avec les Etats-Unis » alors que, de Tokyo, le Premier ministre nippon Yoshihide Suga a déclaré que les missiles balistiques lancés par Pyongyang constituent une violation des résolutions de l’ONU et «menacent la paix et la sécurité de la région».

Force est de reconnaître, en effet, qu’en dépit des multiples résolutions du Conseil de Sécurité des Nations-Unies et des diverses sanctions internationales auxquelles elle est soumise, la Corée du Nord, qui poursuit inlassablement ses programmes d’armements nucléaires et de missiles balistiques, a rapidement développé, ces dernières années, ses capacités militaires, procédé à plusieurs essais nucléaires et même testé, avec succès, des missiles balistiques capables d’atteindre le territoire américain.

Mais, à en croire des responsables américains, les derniers essais effectués par Pyongyang n’avaient trait qu’à des missiles de courte portée et, de surcroît, non balistiques. En minimisant, ainsi, l’importance de ces tirs, l’administration de Joe Biden chercherait-elle à calmer le jeu afin d’éviter une escalade des tensions contrairement à celle de Donald Trump ? Attendons, pour voir…

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