La cause de Faracha

Faracha est une jeune femme, avec quelques attraits, mariée et qui travaille auprès de gens supposés être responsables en tout.

Pourvue de diplômes, elle s’est vouée au service de son pays en assumant au maximum et avec honnêteté le travail dont elle a la charge. Discrète, son approbation se traduit beaucoup plus par un sourire que par le son de sa voix.

Ayant été éduquée dans le sens des valeurs reconnaissant à la personne humaine sa centralité dans tout processus, Faracha n’hésitait pas à « ouvrir les portes » pour les démunis, les défavorisés, les handicapés ; enfin pour toutes et tous celles et ceux qui n’arrivaient pas, pour une raison ou une autre, à faire entendre leurs doléances.

Cela n’enfreignait en rien le protocole requis ni les prérogatives de la hiérarchie ; car Faracha, respectueuse de l’ordre, cherchait à ce que cet ordre puisse être au service de la société dans son ensemble et tel qu’elle comprenait cela des directives de ses supérieurs.

Avec une certaine ingénuité, elle se croyait, par la proximité de la puissance administrative, être à l’abri, par le droit et par l’autorité, de ces violences faites aux femmes sous toutes leurs formes.

Son intelligence ne voulait pas donner un sens à ces vannes salées qui ne la faisait pas rire, ni sortir de sa retenue innée. Elle apprendra plus tard que c’était les prolégomènes à un abaissement de sa personne. Puis vint le temps où on lui confiera des tâches manuelles comme si elle était dans un pénitencier au lieu d’une administration organisée où le respect est dû à chacun (e) selon ses compétences et ses capacités d’être au service de la population. Elle se plia sans mots dire à cette corvée, pour la bonne marche du service.

Qu’elle soit rabaissée à des travaux dont la banalité dénotait avec sa position administrative n’entachait en rien sa personnalité forgée depuis son enfance. Sa bonne intention arrivait à la mettre au-dessus de cette considération qui voulait mépriser le travail manuel, répétitif et non productif.

Devant son « entêtement », le processus s’accentua pour devenir un harcèlement apparent. Elle essuya les « avancées » par sa probité, faisant semblant de ne pas comprendre. Sa présence au bureau devenait un geste de résistance, pour sa dignité et son honneur malgré la pression crée par « l’hyène » qui s’entêtait dans son approche déshonorante.

Faracha arriva à dépasser ces moments difficiles sans trébucher. Elle en parla après coup pour se libérer de ce qu’elle pensait auparavant « que ça n’arrivait qu’aux autres ».

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En revenant sur les faits avec son conjoint, il s’est avéré que le déclic de cette pénible histoire se trouvait dans son inscription à un doctorat. Inacceptable pour les machistes qui voyaient dans cette promotion par le savoir une concurrence qu’il fallait détruire par tout moyen de nuire.

Malgré les contraintes et les obstacles, Faracha rayonne dans sa recherche, autant que dans sa vie au quotidien. A ses qualités, s’est ajoutée une émancipation où des horizons immenses lui sont apparus.

Certes, la représentation équitable des femmes dans l’administration de notre beau pays a connu des avancées. Il reste que des changements réels dans les relations sociales soient opérés pour garantir à la femme marocaine son véritable rôle dans le développement, l’émergence et la transformation de notre société.

Intégrant les dispositions constitutionnelles sur l’égalité des sexes, la lutte contre toutes les formes de discrimination, l’accès aux postes de responsabilité et le respect total de la féminité doivent créer une dynamique apte à lever la persistance de l’ambiguïté et de la méfiance à l’égard du personnel administratif féminin. Il va sans dire que les déboires liés au comportement machiste n’ont aucune place dans cette évolution.

Que Faracha soit assurée que sa cause est une cause commune à tout le peuple marocain, car il s’agit de son présent et de son avenir.

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