Du nouveau dans la gestion migratoire au Maroc ! Après le lancement en décembre dernier de la 2e phase de régularisation des migrants, le Royaume franchit une nouvelle étape. Mardi dernier, lors du Conseil des ministres tenu à Marrakech, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a donné ses hautes instructions pour étendre à 3 ans la durée de validité des cartes de séjour et simplifier les procédures de renouvellement. La fin d’un parcours du combattant pour les étrangers au Maroc !
Jusqu’à l’heure actuelle, la carte de séjour n’était valide que pour un an, exception faite pour quelques étrangers justifiant de plus de 10 ans de séjour au Maroc ou nés sur le territoire et pouvant bénéficier d’une carte de séjour valide pour 10 ans, suite à l’étude de leurs dossiers. Pour le reste, chaque année, il fallait se rendre auprès des préfectures muni de plusieurs pièces légalisées, dont le passeport, le contrat de bail, le casier judiciaire, le contrat de travail (pour les travailleurs), l’attestation de scolarité (pour les étudiants), le certificat médical… Au-delà du renouvellement annuel de ces mêmes pièces, la procédure de délivrance de la carte de séjour pouvait prendre des mois.
Avec les instructions royales, plusieurs changements seront introduits. Ainsi, la durée de validité des cartes de séjour passera à trois années, au lieu d’une actuellement, un an après la régularisation du séjour au Maroc. Toutefois, cette mesure ne sera pas appliquée aux étrangers ayant commis des actes répressibles. Autre amélioration, «les procédures de délivrance et de renouvellement des cartes de séjour seront également accélérées et simplifiées au maximum», souligne un communiqué du ministère de l’Intérieur.
Les nouvelles mesures visent à favoriser une intégration effective des étrangers au Maroc. En effet, au cours du Conseil des ministres tenu mardi, SM le Roi Mohammed VI, qui s’enquérait des conditions de déroulement de la 2e phase de régularisation des étrangers, a attiré l’attention sur les conséquences de la limitation à un an de la validité de la carte de séjour. Celle-ci engendrerait plusieurs contraintes qui empêcheraient l’intégration des étrangers au Maroc et l’amélioration de leurs conditions de vie, notamment l’acquisition d’un logement, la contraction d’un crédit ou la réalisation de projets. Le Souverain a ainsi donné ses instructions pour l’amélioration des conditions d’intégration des ressortissants étrangers, particulièrement africains, indique le communiqué du ministère de l’intérieur.
Cette décision royale a été fortement saluée par la société civile, notamment les associations de migrants. Dans un communiqué conjoint, le Collectif des Travailleurs Migrants au Maroc (CTMM) et l’association Afrique Culture Maroc (ACM) ont exprimé leur satisfaction quant à cette décision qui intervient un mois après le lancement de la 2e phase de régularisation des étrangers. «Cette décision témoigne de l’intérêt que SM Le Roi accorde non seulement à la régularisation des étrangers au Maroc, mais aussi à leur intégration effective au sein de la société marocaine, leur permettant ainsi de contribuer au développement du Maroc, leur pays d’accueil mais aussi de leur pays d’origine et de l’Afrique en général», souligne le communiqué. Les deux associations qualifient cette décision de louable d’autant qu’elle atteste également de l’importance qu’accorde le Souverain à la modernisation de l’administration et à la facilitation de son accès aux citoyens marocains, mais aussi étrangers. «Nous remercions SM le Roi pour sa détermination et l’attention qu’il accorde au travail de la société civile, en particulier les associations de migrants, en prenant en compte les différentes sollicitations et recommandations émises. Nous trouvons dans cette décision les raisons pour poursuivre diligemment notre travail en faveur de l’intégration des migrants au Maroc», poursuit le communiqué.
Enfin, les deux associations exhortent l’Union Africaine à œuvrer pour que le Maroc retrouve rapidement la place qui lui est due au sein de la grande famille africaine.
Danielle Engolo